Scottish Diagonal #12 La fin des canaux

Salut la compagnie!
Aujourd’hui, je vous raconte la fin de notre passage le long du John Muir Way.

La nuit au camping vers Falkirk n’aura pas été de tout repos. A 1h, je me suis fait réveiller en sursaut par des cris. Un homme et une femme se disputaient du côté des bungalows (heureusement, c’était assez loin de nous, car ça foutait les boules), ça criait, pleurait et devenait franchement violent (je crois que j’ai entendu une claque). Alors que je me demandais sérieusement si je devais appeler la police, le proprio du camping est arrivé et s’est mêlé à la bagarre, il demandait aux gens de se barrer, ça hurlait de tous les côtés… Il répétait “go home” à la femme, qui répondait “I don’t have a home!” en pleurant, c’était glaçant. Bref, bonne ambiance. Ça a fini par se calmer, mais je n’étais pas sereine le reste de la nuit. Pendant ce temps, José a dormi paisiblement sans rien remarquer. ^^’ On a appris le lendemain qu’il s’agissait apparemment d’une histoire d’argent, mais on n’en saura pas plus…

L’atmosphère au réveil était heureusement bien meilleure, avec des agneaux juste devant la tente, et les poulains paissant tranquillement dans le pré d’à côté.

On plie gentiment la tente et on part, direction la Falkirk Wheel, toujours aussi impressionnante.

La Falkirk Wheel est un chef-d’oeuvre d’ingénierie (eh oui, rien que ça) inauguré en 2002. Il s’agit d’un ascenseur à bateaux rotatif unique au monde qui relie l’Union Canal au Forth & Clyde Canal, 35 mètres plus bas. Avant l’existence de cet ascenseur, il fallait onze écluses pour relier les deux canaux, et ça prenait une grande partie de la journée (et demandait 3500 tonnes d’eau par passage, merci Wiki). Désormais, ça ne prend que quelques minutes!

On avait déjà visité l’endroit en 2023 (article de rétrospective à venir dans un jour lointain…) donc on ne s’est pas trop attardés, mais on n’a pas pu résister à regarder quelques rotations quand même. 😉

On emprunte un chouette chemin de terre passant dans un large parc peuplé de grands arbres, c’est paisible. Il y a plein d’oiseaux, dont des chardonnerets, mésanges bleues, pies et même une mésange à longue queue, héhé.

On fait une pause à Bonnybridge, où on mange un full Scottish Breakfast au Retro Café, décoré sur le thème des Vespas, haha. Puis c’est le retour du chemin goudronné, plat et droit le long du canal — mais désormais, c’est le Forth & Clyde Canal. On voit des péniches passer des écluses, et on croise les oiseaux habituels: hérons, familles de colverts, cygnes, poules d’eau, goélands et, pour changer, aussi un cormoran et un vanneau huppé. On a également observé nos premières libellules du voyage: des Pyrrhosoma nymphula qui volaient partout, héhé! Autre beau moment marquant: on a vu un cygne voler au-dessus du canal. On était impressionnés par son envergure!

Mais à part ça, c’était monotone. Même si le canal avait des berges un peu plus naturelles (surtout sur l’autre rive ^^) et végétalisées que lors des jours précédents, ça restait très peu varié. Et plat. Et goudronné. En plus, il faisait si chaud: pas un nuage pour faire de l’ombre, à peine une rare brise pour rafraîchir. J’ai eu vachement mal au bord intérieur du talon gauche (à cause d’un défaut de ma semelle intérieure), ce qui a rendu les derniers kilomètres laborieux. Honnêtement, je crois que c’était la journée la plus difficile du trek en ce qui me concerne! ^^’ Je préfère largement du bog et des montées à ce plat goudronné qui n’en finit pas.

Pour se motiver, il nous arrivait de chanter des chansons de Queen à tue-tête, inspirés par une cycliste qui est passée en criant “Bicycle! Bicycle!”. ^^

Juste avant d’atteindre notre destination du jour, la marina d’Auchinstarry, on a rencontré un couple âgé de 83 et 90 ans, avec qui on a discuté quelques minutes. Voyage, vie, vieillesse… La veille, c’était le 80e anniversaire de VE Day, et ils s’inquiétaient qu’on glisse vers une nouvelle guerre mondiale. Ils nous ont raconté des souvenirs et anecdotes: une de leurs connaissances avait traversé les Alpes suisses pour fuir l’Allemagne nazie quand elle était toute petite! C’est l’avantage de ce chemin fréquenté: on rencontre plein de gens chaleureux et intéressants. La veille, on avait notamment croisé un local à vélo qui s’apprêtait à pédaler d’Amsterdam à Budapest!

A 15h58, on arrive à The Boathouse, où on avait réservé une chambre. Timing de ouf: le check-in ouvrait à 16h et on avait hâte de se poser. Summum du luxe: il y avait une baignoire, donc j’ai même pris un bain pour soulager mes pieds, yay!

Après un peu de repos, on a boitillé jusqu’au resto de l’hôtel, avec vue sur la marina dans la belle lumière de début de soirée. On a bien mangé, avant de remonter tôt dans la chambre pour écrire, laver des chaussettes et recharger les batteries (électroniques et humaines!).

[Distance Jour 12: 18.1 km et 137 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 238 km]

Le lendemain, on est prêts pour notre dernière journée sur le John Muir Way. On voit enfin le bout du tunnel — enfin, le bout du canal, plutôt.

Passée une petite déception au petit-déj’ de l’hôtel (rupture de stock de gaufres et de yogourt pour du granola, donc on a dû capituler et manger un Full Scottish Breakfast, ce qui ne nous tentait pas du tout car on en avait déjà assez mangé les jours précédents), on reprend la marche le long du Forth & Clyde Canal. A notre grand soulagement, je n’ai pas du tout mal aux pieds (j’ai enlevé la semelle abîmée et remis les semelles Vivo originales — qu’est-ce que j’étais contente de les avoir prises avec moi!) et José n’a plus mal au mollet (après le record du monde de la crampe la plus longue — sans doute)!

On a un peu notre dose des chemins goudronnés le long du canal, mais il y a quand même de belles sections, avec des rives bordées de beaux vieux arbres. Parmi les moments notables, on a observé une cane défendre ses canetons face à un cygne un peu trop pot-de-colle, c’était impressionnant (la cane lui a littéralement volé dans les plumes).

Comme à mon habitude, j’invente des petites parodies de chansons pour passer le temps. Celle du jour se chantonne sur l’air de Rockollection, de Laurent Voulzy:

♫ Et les oiseaux chantaient (bis)
Et le canal stagnait (bis)
Et les Genevois marchaient encore et encore ♫

C’était un samedi ensoleillé, donc on a croisé la dose de promeneurs, joggeurs et cyclistes, surtout près des centres urbains comme Kirkintilloch. Le John Muir Way est très populaire à vélo (ce qu’on comprend, vu le peu d’intérêt et la longueur des sections canalisées à pied) et on trouve des stations de réparation/entretien au bord du canal. C’est très pratique et ça nous permet de resserrer une vis de mes bâtons de marche, héhé.

Puis on atteint Cadder, où on quitte enfin le canal pour suivre des chemins ruraux sur le tracé du Scottish National Trail (le John Muir Way, lui, bifurquait un poil plus tôt direction Strathblane).

On fait un petit détour vers un grand business park car on avait grandement envie d’une pause sucrée et on n’a rien trouvé à part un Costa, où on a avalé un frappé au tiramisu et des petites douceurs bien caloriques.

Puis c’est parti pour des petits chemins de traverse tout mignons aux murs de pierre couverts de mousse et aux tunnels d’arbres tortueux.

On croise de belles vaches et des agneaux tout mignons, et on esquive des balles en traversant un énième golf. Eh oui, c’est le retour des clubs de golf, encore et toujours.

On chantonne et on marche aussi pas mal sur la route, mais heureusement des routes peu fréquentées et tranquilles. On croise tout de même un conducteur en provenance d’un golf et on le voit jeter sa cannette de Red Bull depuis sa voiture en marche, ça nous a mis hors de nous. Il y a un tel problème de déchets sauvages au Royaume-Uni. J’ai récemment vu les résultats d’une étude sur le sujet: apparemment, la raison principale donnée par les répondants au sondage était qu’ils n’aiment pas avoir du chenis dans leur voiture et se débarrassent donc aussi vite que possible de leurs déchets… –‘ No comment.

Pendant que j’en suis aux points négatifs, je me permets de mentionner aussi les nombreuses crottes de chiens au milieu des trottoirs et le nombre de voitures qui tournent à l’arrêt (“idling”) sur des parkings. On dirait qu’ils n’aiment pas éteindre leur moteur, malgré les fréquents panneaux “Don’t idle” (je trouve déjà fou qu’il y ait besoin de mettre ces panneaux…).

Bref, quelques prés à vaches et clubs de golf plus loin, nous arrivons à Milngavie (qui se prononce “Mull-Guy”), dans la banlieue de Glasgow. On va se poser au Premier Inn, où on a réservé une chambre (c’était le seul truc dispo en réservant à la der). Après une rapide douche/lessive/pause, on ressort direction Classic India, un resto où on a super bien mangé (leur garlic naan était tellement délicieux que je suis désormais tout le temps déçue dans les autres restos indiens ^^).

Sur le chemin du retour à l’hôtel, on passe voir le début officiel du West Highland Way, qu’on se réjouit de commencer le lendemain… 🙂

A jeudi pour la suite de l’aventure!

[Distance Jour 13: 24.7 km et 234 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 262.7 km]

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