Bonjour tout le monde! 🙂
En cette période de confinement, où j’ai parfois un peu l’impression de tourner en rond et que les jours se ressemblent parfois un peu tous, me replonger dans les photos des vacances et le carnet de voyage me fait super plaisir. Je me suis aussi remise à dessiner, un autre moyen de s’évader et de laisser parler l’imagination — je partagerai sûrement quelques dessins ici un de ces quatre, et en attendant, certains sont sur Instagram, sous julie.ulva2!
Bref, aujourd’hui dans la rétrospective shetlandaise, retour dans le sud de Mainland pour une super chouette journée combinant nature et archéologie (un peu le leitmotiv des vacances, me direz-vous!).
Nous avons commencé la journée tout tranquillement, en dormant un peu plus longtemps histoire de nous remettre de notre longue journée de la veille, puis nous sommes allés à Sandwick, un port tout proche de Levenwick.
Notre visite du jour: l’île de Mousa! Une excursion que je me réjouissais de faire depuis vraiment longtemps! Nous étions un peu en avance, donc nous avons marché le long de la côté à Sandwick et visité une expo locale, ainsi qu’observé des eiders à duvet et des phoques gris, en attendant le départ de notre bateau, le Mousa boat.
A 11h30, on a pu embarquer, avec une flopée d’autres touristes enthousiastes. L’équipage était hyper sympa, et la traversée très courte. En 10 minutes, nous voilà sur l’île de Mousa, inhabitée depuis 1850. On décide de participer à une marche guidée par une locale, une fille très sympa qui venait de finir ses études sur le mainland écossais et qui revenait vivre à Shetland pour être prof de biologie et chimie. Au début, on n’a pas appris grand-chose, car il faut dire qu’on commence gentiment à s’y connaître en faune locale et en archéologie préhistorique shetlandaise. Mais on n’a quand même pas regretté! Notre guide nous a notamment montré de superbes “mud cracks” fossilisées qu’on n’aurait jamais repérées tout seuls.
On en a aussi beaucoup appris sur l’histoire de l’île. Notre guide nous a raconté l’histoire de deux importants naufrages, dont un en 1941, avec un navire de guerre dont il reste encore un bout d’épave rouillée.
Elle nous a parlé du petit phare, allumé en 1951 seulement, ainsi que des propriétaires de l’île, de la contrebande qui y avait lieu, des derniers habitants… C’était très instructif! Au fait, le nom de l’île signifie “mossy island”, mais j’avoue qu’on a pas remarqué particulièrement plus de mousse qu’ailleurs à Shetland. On était dans l’archipel pendant une période très sèche, et notre guide nous a appris que d’ordinaire, le sol est complètement détrempé et que le sentier ressemble davantage à un champ de boue.
Côté faune sauvage, on a vu, entre autres, des Great skuas, des macareux (en mer), des sternes arctiques, des phoques gris et communs, des cormorans, des fous de Bassan, des plongeons catmarins avec des jeunes, plein, plein, plein de guillemots à miroir et des goélands marins (great black-backed gulls). On a appris que ces derniers aiment traîner près des colonies de cormorans afin de récupérer leurs pelotes de réjection! Et c’est vrai que sur chaque rocher couvert de cormorans, on a toujours trouvé un goéland!
On aussi vu deux oiseaux non identifiés (cf. ci-dessous). On a passé la soirée au camping entourés d’autres campeurs, chacun en train de feuilleter son guide ornitho, mais on n’est pas arrivés à des conclusions satisfaisantes. Il faut dire que les deux individus étaient loin, et que les photos ne sont pas des plus nettes. Voici quand même les deux meilleures si jamais vous avez des idées (sinon, il faut que je me rappelle de poster les photos sur le groupe Facebook “Shetland birds and wildlife”). Pour l’oiseau de droite, je penche pour un guillemot à miroir juvénile.
L’une des maisons en ruines de l’île, appelée “The Haa”, appartenait apparemment à James Pyper, un marchand ayant acheté l’île en 1783 pour venir y habiter avec sa femme. Cette dernière était alcoolique, et l’idée de son mari était que vivre dans ce lieu isolé l’empêcherait de picoler. Mais pas de bol, la femme aurait découvert que des contrebandiers utilisaient l’île pour amener illégalement de l’alcool dans l’archipel et elle se serait associée à leur business — pas le top pour oublier la boisson! ^^
Après avoir longé la côte nord-est de l’île, on bifurque pour aller voir LA raison pour laquelle tant de gens visitent Mousa: son broch. Vieux de 2300 ans, ce broch mesure 13 mètres de haut et est le mieux conservé d’Ecosse.
Alors que la plupart des autres brochs (dont le voisin de Mousa, situé juste en face sur le Mainland) ne sont plus que des ruines, celui de Mousa est encore très bien préservé. Ce qui l’a sauvé, c’est la quantité de pierres sur l’île. Il y en a tellement que les différentes générations d’habitants n’ont pas eu besoin de récupérer les pierres d’anciens bâtiments pour construire leurs propres habitations, ce qui n’était pas le cas dans le reste de l’archipel, où les bonnes pierres sont assez rares.
Je suis toujours épatée en pensant au fait qu’il y a plus de 2000 ans, des peuples ont réussi à bâtir de tels édifices, avec quasi rien.
Le plus fou, c’est que Mousa broch est en si bon état qu’on peut encore en gravir les escaliers pour atteindre le sommet de la tour!
Encore plus fou: le broch est un haut-lieu de nidification pour le plus petit oiseau marin du Royaume-Uni, l’océanite tempête (storm petrel en anglais et alamootie en shetlandais). L’île de Mousa représente la plus importante colonie de storm petrels du pays, avec 40% de la population nationale (l’île est d’ailleurs une réserve du RSPB d’importance européenne). Ces minuscules oiseaux nichent notamment dans les vieux murs de pierre sèche, et le broch possède quantité d’interstices parfaits pour leur nidification. En montant les escaliers, on a entendu des petits cris stridents… et là, dans un creux du mur bordant l’escalier, on a vu un strom petrel et son oeuf! Wahou, c’était tellement chou! Je savais que c’était petit, mais pas à ce point-là. C’était vraiment minuscule. Bref, on était hyper contents d’en avoir vu un, on ne s’y attendait pas.
Au début de l’été, le Mousa boat fait exprès des visites nocturnes, qui permettent de voir les océanites revenir à leur nid. Ça doit être magique! Malheureusement, lors de notre venue, c’était déjà trop tard dans la saison.
Depuis le sommet du broch, on a une super jolie vue sur l’île et le Sound of Mousa. Mais ce que je préfère, ça reste les épaisses couches de lichen sur les vieilles pierres. 🙂
Au rez-de-chaussée du broch, on trouve également une pierre avec un magnifique fossile de coquillage:
Et les alentours regorgent de guillemots à miroir. Il y en a même qui nichent dans le mur du broch, à l’extérieur!
Je crois que ce sont mes oiseaux préférés de ce voyage. Ils sont si beaux, si caractéristiques, avec leurs superbes pattes rouges et leur taches blanches.
En chemin pour retourner vers l’embarcadère, on passe devant un fameux banc construit avec du bois flotté trouvé sur l’île et qui marque le passage à 60° de latitude nord. Durant le séjour, on a bien remarqué que les Shetlandais avaient l’air hyper fiers de leur latitude. La limite est notamment marquée sur la route principale et c’est aussi le nom d’une bière de la brasserie de Lerwick.
En attendant les quelques minutes avant l’embarquement pour la traversée du retour, on a admiré le travail des bergers qui venaient tondre leurs moutons. Eh oui, car même si l’île est inhabitée du point de vue humain, il y a tout de même des moutons qui y paissent, en accord avec le statut de réserve RSPB.
D’ailleurs, vu que c’était le jour de la tonte, tout le monde a dû visiter l’île dans le sens inverse par rapport à d’habitude, pour ne pas gêner les bergers qui rassemblaient leur troupeau.
Et puis hop, retour sur le Mousa boat! Plutôt que de retourner direct à Sandwick, le capitaine a longé le sud-ouest de l’île pour qu’on puisse voir encore une fois le broch.
Parfois, des orques sont observées dans le Sound of Mousa, ainsi que des dauphins. Ce n’était pas le cas ce jour-là, mais on a tout de même vu un marsouin, notre premier des vacances! Et puis c’est toujours un plaisir de voguer sur l’eau, avec le vent dans les cheveux et le goût de la mer sur les lèvres. 🙂
De retour à Sandwick, le ciel est bien couvert et on sent nos muscles après le kayak de la veille, donc on décide de passer une après-midi tranquille à Lerwick. On a acheté des timbres à La Poste, bu un délicieux chocolat chaud au Peerie shop & café, puis on est allés au Mareel, le centre culturel/studio d’enregistrement/théâtre/bar/école d’arts/cinéma, afin de voir “The Lion King” (2019), la nouvelle version. Je ne pensais à la base pas du tout aller voir ce film au cinéma, mais finalement on a été assez épatés par la qualité visuelle du film — même que ça fait tellement réaliste que c’est très bizarre de voir des lions parler… Le plus drôle, c’était surtout l’ambiance: forcément, puisque tout le monde connaît l’histoire, le public anticipait les moments clés et les enfants dans la salle étaient tout excités! On a d’ailleurs pu entendre des vrais Shetlandais nous parler de leurs “bairns”, huhu.
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui! A jeudi pour le prochain article de la rétrospective shetlandaise! 😉