Bonjour à tous! C’est déjà le 20ème article de la rétrospective shetlandaise, et il sera long! Eh oui, car aujourd’hui on part direction Papa Stour, l’île rouge (surnom pas du tout officiel donné par moi), un endroit vraiment splendide, et que du coup j’ai eu toute la peine du monde à tenter (en vain) de faire un tri strict des photos.
Bref, ce jour-là, José et moi nous sommes levés à 7h15 pour partir direction West Burrafirth. La single track road pour y aller depuis Skeld est splendide et traverse une belle campagne vallonnée avec des lochs partout.
Les nuages guettent, le ciel change constamment, ce qui donne des lumières et ambiances assez incroyables.
Une fois arrivés au terminal du ferry de West Burrafirth, nous voilà entièrement enveloppés par la brume, c’est impressionnant et un peu mystique!
Mais comme souvent, ça change vite, et la brume est déjà en train de se lever alors que notre ferry quitte le petit port, direction Papa Stour!
Après trente minutes, on débarque sur l’île de… 15 habitants! Une chose est sûre, il n’y a pas de problème de foule. Au 19ème siècle, pourtant, il y en avait 360. Son nom vient de Papey Stóra, qui signifie “grande île des prêtres”, car des prêtres celtiques missionnaires s’y seraient installés déjà au 6ème siècle. Même que les premiers habitants de l’île sont sûrement arrivés bien avant, vers 3000 avant J.-C.
On avait envie d’aller sur Papa Stour pour en faire le tour à pied, une très chouette marche d’un peu moins de 16 km qui offre de superbes vues, avec notamment de belles formations géologiques.
Avant les arches de pierre et les falaises, on croise d’abord quelques habitants poilus et laineux de l’île. On va aussi voir une maison Norse reconstituée avant de visiter la petite église locale, qui abrite une jolie peinture de cygnes, des vitraux ainsi que des informations sur l’île.
On commence ensuite à longer la côte. Le sable des plages est rose-rouge, c’est impressionnant! Et la vue sur Mainland encore enveloppé de brume par endroits est magique.
On croise un homme avec son chien. Ce dernier, un joli chien noir de type cocker, porte un lapin mort dans sa gueule et a l’air tout fier de lui. En même temps, dans ces îles, les lapins ne doivent pas avoir énormément de prédateurs, à part peut-être certains oiseaux.
On a longé la côte presque toute la journée, admirant une succession de falaises et de criques, avec des roches rouges incroyables, du lichen orange flash et, parfois, quelques déchets échoués sur des plages inatteignables, ramenés à terre par les vagues.
On a aussi vu plein de grottes, en se demandant parfois ce qu’on pouvait y trouver, et si elles étaient accessibles en kayak.
Et partout, des “stacks” imposants, toujours debout dans l’océan malgré l’inlassable érosion par les vagues et le vent. Enfin, pas tous, justement. Le “Horn of Papa”, qui était apparemment célèbre pour avoir été mentionné dans une chanson, Rowin Foula Doon, s’est effondré lors d’une tempête en 1953.
Et puis ça reste l’Ecosse, donc l’île n’est pas seulement rouge, elle est aussi très, très verte, avec de grandes prairies et des pans de tourbe.
On a vu plusieurs planticrubs utilisés, peut-être pour du chou kale, avec des filets pour empêcher les fulmars de venir y nicher.
Et puis, pour notre plus grand bonheur, on a vu… Foula! Eh oui, émergeant du brouillard, au loin, on a enfin pu mieux discerner les contours d’une île sur laquelle on était allés en pleine brume quelques jours plus tôt.
L’île est aussi très rocailleuse, avec pas mal de cailloux et rochers aux teintes rosées, comme la couleur des falaises.
On a vu plusieurs ruines de moulins, vers lesquelles on s’est posés pour pique-niquer.
Pour nettoyer les plages en ramassant les déchets, sur Papa Stour comme dans d’autres endroits de l’archipel, c’est sportif. Dans les centres communautaires, il y a toujours des infos sur la vie locale, et on a pu voir des photos de gens descendant en rappel pour aller chercher les déchets, puis faisant remonter d’immenses sacs poubelles. Pour nettoyer le lac Léman, on a besoin de plongeurs, eh bien à Shetland il vaut mieux aimer l’escalade.
Puis on a vu un trou béant lié à l’effondrement d’une caverne. Ça aussi, c’était impressionnant, de soudain voir ce gouffre s’ouvrir devant soi. Et puis quand la visibilité est vraiment mauvaise, il vaut mieux se rappeler où il se trouve! ^^’
Le slogan de l’île est “Sculpted by the sea”, et ça lui correspond à merveille. A chaque passage de nouvelle colline, on découvrait un nouveau pan de côte superbe.
Comme partout à Shetland, il y avait également beaucoup de fulmars! Et comme souvent, pas facile d’obtenir un cliché sans photobomb d’oiseau, mais ça a aussi son charme. 😉
Et puis gentiment, le paysage a commencé à changer, pour prendre des allures de landes parsemées de petits lochs. On a commencé à grimper vers le sommet de l’île, Virdi Field.
Et quelle ascension! Après tout, le sommet de l’île est situé à… 87 m d’altitude, haha! Bref, ce n’était pas un challenge physique (non, non, on n’a pas manqué d’oxygène, je vous assure), mais la vue était quand même superbe! On voyait tout Papa Stour, ainsi que des bouts de Mainland.
On a aussi pu observer les va-et-vient d’un avion qui enchaînait les atterrissages et décollages sur l’airstrip. Sûrement un pilote qui s’entraînait.
A ce moment-là, plus aucun pan de brouillard. L’eau scintillait au soleil, c’était splendide. On a mangé des digestifs au chocolat noir au sommet, c’était bien chouette. 🙂
Puis on est gentiment descendus de l’autre côté pour compléter notre tour de l’île, mais alors vraiment sans se presser. Le ferry du retour ne partait qu’à 18h55, donc on avait vraiment le temps.
La côte nord de l’île avait moins de grandes falaises mais était tout aussi sublime, avec des plages et des stacks, et des moutons et de l’herbe vert vif.
J’adore comme on peut repérer d’immenses fleurs blanches sur les stacks… eh oui, elles ont trouvé les seuls coins inaccessibles aux moutons! On voit aussi bien que c’était marée basse, avec une bande claire au pied des parois rocheuses.
Arrivés vers une jolie baie, on s’est posés dans l’herbe pour manger une pomme en observant les quelques phoques présents, des sternes arctiques qui pêchaient ainsi que les éternels huîtriers-pies, criaillant sans cesse (un peu comme les sternes, en fait ^^).
On a même fait une sieste au soleil, c’était parfait. Il faut dire qu’on commençait à se dire qu’il fallait qu’on prenne sacrément notre temps, histoire de ne pas passer trois heures à attendre le ferry.
On a tout de même repris la marche et fait encore quelques belles observations, dont des Arctic skuas et des grands gravelots.
Puis on a trouvé des ruines recouvertes de lichen, le coin parfait pour faire une petite séance photo avec Whisky (eh oui, je vous le dis, on avait tout le temps du monde)!
Mais même en prenant plein de photos de moutons (vrais et en peluche), on a tout de même fini par arriver de nouveau au ferry terminal. La boucle était bouclée!
On a fait un saut dans la salle d’attente très bien faite du terminal: informations sur l’île, échange de livres, thé et café soluble à dispo… C’était bien équipé! Parmi les livres, il y avait notamment un “Prayer first aid kit — Prayers for every day dilemmas, decisions and emergencies”. Je ne pensais pas qu’il existait des trousses de secours dans le genre!
Puis j’ai fait une énorme erreur: j’ai activé les données mobiles sur mon natel. Il avait de la peine à se remettre d’un beug, il croyait tout le temps qu’on était en 1970 à chaque fois que je désactivais le mode avion. Bref, c’est là que j’ai reçu une notification du groupe facebook “Shetland orca sightings”. Il y avait des orques à Levenwick, en train de chasser des marsouins près de Mousa!! A Levenwick, en plus, le lieu de Shetland où on avait passé le plus de temps! Là tout d’un coup, on s’est sentis coincés sur Papa, avec 2h à attendre le ferry du retour. Caramba, on a bien ressenti notre FOMO – Fear of missing orcas, bien sûr!
Puisque de toute façon on n’avait pas franchement d’autre choix que d’attendre le ferry, on est retournés se promener sur une plage pas loin pour essayer de ne pas penser aux orques mangeant des marsouins en face de notre camping préféré.
Le sable rouge, les dessins de l’eau dans le sable, la lumière du soleil commençant gentiment (très gentiment) à songer à aller se coucher,… C’était beau!
Finalement, on a pu embarquer sur le ferry, qui nous a ramenés sur Mainland dans une splendide lumière dorée, avec des vues sur Muckle Roe, Hillswick et Eshaness, plein d’endroits qu’on se réjouissait d’aller voir de plus près.
Désormais, j’ai hâte d’aller visiter une autre île “Papa”: Papa Westray, Papay pour les intimes, dans les Orcades. J’ai notamment envie d’y aller depuis que j’ai lu “The Outrun”, d’Amy Liptrot, un livre qui m’a beaucoup touchée!
Bref, ce jour-là, après une magnifique journée sur Papa Stour, on a bataillé avec les midges pendant notre repas puis on a passé la soirée à discuter avec une autre campeuse, une mère de famille shetlandaise déjà rencontrée à l’hostel d’Unst et qui profite des week-ends pendant les vacances d’été pour aller camper aux quatre coins de son archipel avec ses enfants et son mari. Elle était vraiment hyper sympa et c’était cool de pouvoir parler plus longuement avec des habitants de Shetland!
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui!
J’espère pouvoir écrire le prochain article pour lundi, mais il faut quand même que j’avance mon mémoire de master, donc on verra bien! D’ici là, bonne fin de semaine et portez-vous bien! 🙂