Rétrospective de l’année 2020

Ça y est, 2020, c’est “fini” (même si le cauchemar n’est pas terminé…). Clairement, points de vue sanitaire, politique, droits de l’humain et violences policières, c’était une année de l’horreur, et j’espère qu’on commencera à voir la lumière au bout du tunnel en 2021. Mais c’était malgré tout une année remplie de beaux moments au niveau personnel, et aussi de grands moments. Avec José, bien avant l’arrivée du virus, on savait que ce serait une année spéciale, notre année de “transition”: fin des études, recherche de job, recherche d’appartement,… et finalement, tout s’est mis en place plutôt facilement, avec cette chouette sensation qu’on était exactement là où on voulait être, à faire ce qu’on voulait faire. 🙂

Allez, sans attendre, place à la rétrospective de cette année que nous ne sommes pas prêts d’oublier!
Je n’ai pas lésiné avec le nombre de photos, et beaucoup ont été prises avec mon natel (voire par José). Par périodes, j’ai aussi beaucoup utilisé le Nikon, mais j’ai encore l’espoir de concocter des articles sur ces escapades, donc je profite de caser dans cette rétrospective des photos un peu pourries niveau qualité mais qui me font chaud au coeur! ♡

Janvier

Petite séance photo au Salève

En janvier, on n’avait encore aucune idée de ce qui allait nous tomber dessus en 2020. Je me rappelle qu’on parlait du coronavirus au boulot comme d’un truc hyper lointain et abstrait.
Dans les événements et activités notables, je me suis mise au tricot pour faire des manchons avec l’aide de Pilar et Florence, j’ai encadré des séances de révision de statistiques à l’uni pour la deuxième année consécutive, il y a eu des soirées théâtre et cinéma (Star Waaaars), des soirées swing, et j’ai obtenu mon certificat de géomatique! C’est fou, quand je repense à ma soutenance, j’ai l’impression que c’était déjà il y a un siècle…!

Ah, et le 31 janvier, il y a eu le Brexit. Bouh.

Février

Zéro photo dans mon dossier Nikon, quel sacrilège! Pourtant, ce fut un mois super chouette et bien actif. José et moi avons d’abord rejoint Axel et Laurine à Anzère, pour un peu de ski, avant de rejoindre Fintan et Pilar à Vercorin, pour de la raquette et une tempête. Eh oui, on n’aura pas eu l’occasion de skier à Verco’, juste de faire une super rando, car la tempête Ciara a frappé la Suisse et les remontées mécaniques ont fermé. Mais c’était tout de même une semaine à la montagne absolument géniale, avec fondue sur les pistes, soirée raclette, grand bol d’air frais et balades dans la neige!

Le reste du mois a aussi été bien rempli, comme en témoigne mon agenda: restos, repas de famille, swing, cafés, Salève, match d’impro, assistanat à l’uni et crémaillère de Nora! Ma vie sociale a dû atteindre son pic annuel durant ce mois. On est aussi allés à Neuchâtel pour voir la superbe exposition de Wildlife Photographer of the year.

Mars

Vive les sorties en raquettes!

Mars, le mois des premières annulations, à commencer par les Brandons d’Yverdon. Je vais à Lausanne pour le “Career in Conservation Day” de l’Unil avec des potes de master, j’assiste à une dernière conférence en présentiel à l’uni, puis c’est le début des E-Apéros et le transfert de la vie sociale sur Zoom. Avec José, on fait quand même une chouette sortie en raquettes de La Givrine à La Cure, puis c’est le début du semi-confinement. Je planche sur mon travail de master et Pilar et moi faisons plein de balades au bord de l’Aire, un bord de l’Aire soudainement envahi de monde, comme on ne l’avait jamais vu! Le printemps est absolument magnifique, et on s’émerveille devant toutes les fleurs et les oiseaux!

Le sous-bois peuplé d’orchidées au bord de l’Aire

Mars, c’est aussi le début des merveilleux pub quiz virtuels organisés par Sarah de French Kilt, un véritable highlight de 2020!

Avril

Libellule à l’encre de Chine

Les jours se suivent et se ressemblent: travail de master, bord de l’Aire, travail de master… Mon agenda est rempli de rdv barrés, avec des “reporté” et “annulé” gribouillés dans tous les coins. Pilar et moi testons le yoga et le pilates sur Zoom. Avec les amis, on teste aussi les soirées jeux en ligne, en jouant à Saboteurs ou au Pictionary sur Skribbl.io. Je recommence aussi à dessiner et je suis hyper régulière avec la rétrospective de Shetland sur le blog. Je commence également un compte Instagram (@julie.ulva2)!

Mai

Bisse du Ro

Grâce à José, je rejoue à Super Bombad Racing, un des jeux Playstation de mon enfance. Les balades se diversifient un peu: en plus de l’Aire, je retourne au Bois des Mouilles et à la Bistoquette. La saison des libellules est officiellement ouverte, et je ressors avec bonheur l’objectif macro! J’accompagne aussi quelques fois Fintan dans son jogging — en me demandant à chaque fois quelle mouche m’avait piquée pour que je reprenne la course, mais ce virus-là n’est heureusement pas resté longtemps, ha!

Un jour, en route pour le bord de l’Aire, José et moi trouvons un jeune grimpereau en train de se faire tourmenter par un chat. On chasse ce dernier et le grimpereau vient littéralement tenir la jambe de José (tronc ou jeans, même combat, haha). On a amené le petit bout de chou tout doux au Centre ornithologique de réadaptation de Genthod, et on espère qu’il a pu se remettre de ses émotions.

José et moi rejoignons aussi mes parents à Crans-Montana le temps d’un week-end. Ça faisait un bien fou de quitter Genève, et de voir des marmottes et un chamois. 🙂 Ah, et le 29 mai, notre équipe des Chardons à tête ronde (du nom d’une passerelle du bord de l’Aire) gagne le pub quiz French Kilt, huhu! 😀

Juin

Cormorans et mouettes en face de l’île aux oiseaux de Préverenges

Juin est là, et on respire de plus en plus! Brunch, grillades, mon agenda retrouve des traces d’activités habituelles pour la saison. On peut même aller à une sortie ornitho à l’île aux oiseaux de Préverenges, et on voit nos premiers guêpiers d’Europe à Penthaz! J’ai un entretien pour un doctorat à HEPIA, et je suis prise! Le 26 juin, je passe ma soutenance de master et clos ainsi une immense étape de mon parcours!

Mais l’un des plus beaux événements de ce mois de juin, ça reste la réouverture de la frontière avec la France, le 15 juin. A 9h, Fintan et moi sommes dans le parking pour notre première montée de Salève depuis le mois de mars! L’atmosphère est tellement bon enfant, tous les marcheurs qu’on croise sont si heureux de pouvoir être là et ça se sent. Ah, le Salève, clairement un petit bonheur de la vie qui nous avait manqué. On le monte d’ailleurs plusieurs fois durant la fin du mois afin de rattraper notre retard dû au confinement (pour rappel, notre objectif est de le faire au moins une fois par mois).

Juillet

Suivons les écureuils! Ils indiquent le chemin pour se balader le long de la Seymaz.

Ce mois de juillet démarre sur les chapeaux de roue. A peine mon master en poche, je commence un 30% à HEPIA et mon assistanat pour l’uni et GE-21 passe de 20 à 70%. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce fut un mois très orienté “libellules”. Et je leur dois beaucoup, à ces libellules! En plus d’avoir rendu mon travail de master passionnant, c’est grâce à elles que j’ai obtenu mon job d’assistante à HEPIA. Je fais beaucoup de terrain durant ce mois: j’accompagne ma nouvelle collègue Aurélie pour un inventaire de macrophytes dans des étangs urbains de Genève et Yverdon, puis je pars en Isère pour des échantillonnages de macroinvertébrés aquatiques et de l’observation de libellules adultes avec l’équipe dont je fais désormais partie.

Mais ce n’est pas un mois 100% boulot, quand même! Fintan, Pilar, José et moi passons une magnifique journée vers Chamonix, autour du lac Blanc et des lacs des Chéserys, que je rêvais de voir en vrai après les avoir étudiés lors de mon travail de géomatique. J’assiste aussi à un super webinaire sur l’éventuelle réintroduction du lynx en Ecosse, un truc auquel je n’aurais pas pu assister s’il n’y avait pas eu cette pandémie (c’est l’un des seuls avantages: on a tout d’un coup facilement accès à des événements qui se passent dans d’autres pays). Et José et moi participons à la première visite virtuelle d’Edimbourg, organisée par Edimbourg à emporter. Un autre point positif de cette année, ce sont les super rencontres virtuelles et liens tissés avec des blogueurs et gens de la Toile, et je pense bien sûr à la communauté de French Kilt!

La fin du mois est bien chargée car José et moi emménageons dans notre appart le 31 juillet! Tout se passe bien et hyper rapidement grâce à l’aide de nos super familles et amis!
Ce déménagement a aussi créé plein de moments *nostalgie*, avec la redécouverte et le tri de plein de trucs de mon enfance, notamment une tonne de dessins et de bricolages.

Août

Août est un mois magnifique. Libellules, BBQ, baignade dans le lac, petits-déjeuners dans notre nouveau “jardin”, et puis c’est déjà l’heure des vacances (Enfin, je dis “déjà”, mais ce sont nos premières vacances depuis février et on les attendait de pied ferme, après avoir dû renoncer à nos rêves de rando en Bretagne à Pâques et de Québec en été!). Pour ces vacances, on reste donc en Suisse, pour un très chouette road trip. On campe sur les terrains d’amis de José rencontrés à l’armée, on fait plein de super marches, on se baigne beaucoup. Neuchâtel, Jura, Fribourg, Gruyère Pays-d’Enhaut, Alpes vaudoises. Vraiment de chouettes vacances, même si très éloignées de ce qui était prévu à la base. Je ne désespère d’ailleurs pas d’arriver un jour à écrire les articles de rétrospective de ces vacances en Suisse, car j’ai tellement de photos et anecdotes à partager! 🙂

On découvre aussi peu à peu notre nouveau quartier, en faisant notamment la connaissance de voisins qui s’invitent régulièrement chez nous les soirs d’été: des frelons européens!

Notre premier frelon, capturé avec un verre à vin après une épique chasse dans le salon, puis relâché dans le jardin

Septembre

Vue sur le Léman depuis les Rochers de Naye

José termine à son tour ses études en soutenant son travail de bachelor le 1er septembre! C’est un mois parsemé de restos et soirées en famille et entre amis, à croire que le virus a (presque) disparu de nos esprits. Nous grimpons aux Rochers de Naye avec des collègues de l’uni, j’assiste à mes premiers TP et réunions de filière à HEPIA, et José et moi passons même un week-end à Verbier avec ses parents. On va d’ailleurs souvent en Valais avec José durant ce mois, pour une démonstration de fauconnerie à Saillon et la visite de l’expo “Chefs d’oeuvre suisses” à la Fondation Pierre Gianadda.

Octobre

Un piège à émergence pour capturer des insectes aquatiques, posé sur un étang des bois de Jussy

En octobre, c’est l’heure de mon premier terrain dans le cadre du projet EUROPONDS, un projet pour jeunes chercheurs auquel je participe avec d’autres doctorants de l’UNIGE et d’INRAE. L’occasion d’aller patauger encore un peu dans des étangs avant l’arrivée de l’hiver.
José et moi allons au col de Jaman pour assister au baguage des oiseaux. On va également visiter les mines de sel de Bex et faire le tour du sublime lac de Tseuzier, comme l’année dernière. On découvre également des balades plus proches de nous, directement depuis la maison.

L’automne est magnifique, avec des couleurs absolument resplendissantes!

Il y a encore quelques expos et soirées jeux, mais on sent que ça ne va pas durer longtemps… et effectivement, on assiste à une pièce juste avant la fermeture des théâtres, cinémas et musées. Les coiffeurs ferment aussi, tout comme les restos, et c’est le retour du télétravail pour José et moi (eh oui, pour José aussi, car il a entretemps trouvé un boulot, à peine un mois après la fin de son bachelor!).

Novembre

Balade près de la maison dans une lumière dorée

Novembre, c’est pas mal de boulot et quelques balades près de chez nous, au bord de la Seymaz, et aussi dans le Jura vaudois, suite au reconfinement des Français qui rend l’accès au Salève plus difficile. La Dôle, le mont Sâla, ça fait du bien d’aller dans des coins qu’on fréquente moins! Pour ne pas passer tout notre temps assis devant l’ordi en télétravail, José et moi avons pris l’habitude de faire une balade vers Vandoeuvres tous les après-midis. C’est vraiment un coin superbe et plein de vie, où on croise régulièrement écureuils roux, mésanges bleues et charbonnières, sittelle torchepot, grimpereau des jardins, héron cendré, pic vert, pic épeiche, geai des chênes, faucon crécerelle et rouges-gorges! En ce moment, il y a aussi plein d’étourneaux, et on a eu le bonheur d’observer un jour plein de mésanges à longue queue pas du tout farouches! Mais on n’a pas encore eu la chance de les recroiser depuis…

L’arbre qui danse

Décembre

La fin de l’année approche! Je n’arrive pas à savoir si 2020 est passé vite ou super lentement. Un peu les deux. En décembre, José et moi allons faire de la raquette entre La Cure et La Givrine dans un beau paradis blanc, et c’est le retour au Salève, enfin! J’ai offert des crampons à José pour son anni, et on a directement pu les tester sur un sentier d’Orjobet presque entièrement gelé. 🙂

Décembre, c’est aussi le début officiel de mon doctorat! Un début un peu spécial, puisque je suis tout le temps à la maison. C’est une période un peu stressante, car j’ai 40’000 projets dans tous les coins et vraiment beaucoup à faire, mais on trouve quand même bien le temps de se poser avec José! Avec les journées hivernales si courtes, on en profite pour binge-watcher “The Queen’s Gambit” (on a adoré!), et je regarde pour la première fois la série “Pride and Prejudice” de 1995 (Ah, Colin Firth!).

Avec l’arrivée des vacances, on prend enfin le temps de bien se reposer! Je n’ai pas allumé l’ordi pendant 10 jours, une déconnexion qui m’a fait du bien! Le jour de Noël, on est montés au Salève avec Pilar, comme le veut notre (relativement nouvelle) tradition. C’était notre 12e montée de l’année à José et moi, on a donc réussi à tenir notre “résolution” malgré les chamboulements des confinements!

On a bien profité de ne rien faire pendant plusieurs jours, passés à lire les livres reçus à Noël et à glander sur le canapé, puis on est allés passer quatre jours à Anzère pour y fêter le Nouvel An, avec Axel, Laurine et Nora. De super moments de balades dans la neige et jeux de société, histoire de bien finir et commencer l’année!

Voilà, c’est tout pour cette rétrospective 2020. Malgré toutes les tragédies vécues sur la planète, je suis infiniment reconnaissante que nos familles et amis aient été épargnés pour l’instant, et consciente qu’on fait partie des privilégiés, avec des jobs, un toit au-dessus de nos têtes et, surtout, la santé et la joie de vivre. Bien sûr, on a dû renoncer à plein de choses cette année, on a découvert que les frontières pouvaient fermer soudainement, qu’un virus pouvait chambouler nos sociétés et notre quotidien, restreindre notre liberté de mouvement, nos contacts et certaines opportunités, mais aussi que, malgré tout, la vie continue. Dans toute sa laideur et ses problèmes, le monde est toujours aussi beau, aussi rempli de merveilles. J’espère que l’année 2021 sera moins tragique, plus tendre, plus calme, et plus propice à s’émerveiller!

Après tout le tumulte de cette année, je me retrouve à souhaiter des trucs pour la nouvelle année qui me semblaient auparavant évidents et toujours à ma portée: serrer fort mes proches dans mes bras, faire des soirées jeux sans se soucier du nombre d’invités ou d’un couvre-feu, voyager, traverser la frontière sans même y penser pour aller monter le Salève, “lindy hopper” dans une soirée swing, rire aux éclats devant un match d’impro au théâtre…
Espérons que tout ça sera un jour à nouveau normal! D’ici là, tous mes voeux de bonheur pour 2021, que cette année soit remplie d’amour, d’entraide et d’émerveillement! ♡♡♡

Tu t’envoles!

Bonjour à tous!
Olala, ça faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas connectée au blog… J’ai pris peur en voyant la longue liste de brouillons d’articles. J’avais complètement zappé que j’avais encore à concocter toute la rétrospective des vacances d’été en Suisse, et même de week-ends encore plus anciens. Bon, ce sera sûrement pour 2021, à moins que je m’y mette pendant les vacances de Noël.

Mais en attendant, voici un (long) article de libellules, pour changer, haha!
J’ai récemment lu un petit livre d’Alain Cugno intitulé La libellule et le philosophe, qui m’a beaucoup plu. Certains passages partaient un peu trop dans de la philosophie complexe, mais d’autres m’ont vraiment parlé. J’ai donc voulu partager quelques extraits avec vous.

Sympetrum striolatum

Et c’est aussi l’occasion de partager des photos de mes terrains estivaux avec HEPIA, car j’ai posté quelques photos sur Instagram mais rien ici (shame on me!).

Aeshna cyanea femelle

Cet été, j’ai eu l’opportunité d’aller une semaine en Isère pour des relevés de libellules adultes et de macroinvertébrés aquatiques, puis j’ai encore fait du terrain à Genève et Yverdon dans le cadre d’un projet qui s’intéresse aux services écosystémiques des étangs urbains.

Crocothemis erythraea

Autant dire que j’ai plein de photos inédites qui dormaient sur mon ordinateur… Cet article est donc l’occasion de leur faire prendre leur envol!

Libellula quadrimaculata

Le vol, c’est d’ailleurs ce qui rend les libellules (adultes) si magiques!

Pour accompagner toutes ces photos de l’été dernier, voici donc quelques passages de La libellule et le philosophe, d’Alain Cugno (nouvelle édition au format poche, Albin Michel, 2014). Certains décrivent à merveille, je trouve, ce qu’est l’observation des libellules (ainsi que leur photographie). D’autres sont juste très bien écrits, poétiques, philosophiques. Il est possible que quelques extraits n’aient pas trop de sens hors contexte, et dans ce cas je vous conseille de lire le livre! 😉

Aeshna affinis, en Isère

“La seule réponse est l’envol […]
les libellules volent jusqu’au bout. En fin de saison, on les trouve, usées, les ailes réduites en lambeaux, manifestement épuisées. Et pourtant, elles volent encore. Comme si la seule réponse qu’elles savaient donner, à quelque situation que ce soit, était l’envol. De même que la pensée ne peut pas s’arrêter de penser, même lorsqu’elle est extrêmement affaiblie ou délirante, même lorsque la parole se dérobe, de même les libellules volent encore quand elles ne le peuvent plus”
(La libellule et le philosophe, p.104)

“Les libellules ne volent pas, elles s’en vont — toujours. Leur présence est leur départ. Elles nous quittent.” (p.101)

Deux Anax parthenope en pleine course aérienne, à la fois trop loin et à portée d’objectif.

“Je n’ai encore jamais réussi à photographier une libellule en vol. […]
Si bien que ce trait si caractéristique, si glorieusement caractéristique, qui est à l’origine de l’amour que je porte aux odonates, je ne le rencontre concrètement chez les grandes espèces au vol le plus spectaculaire que sous la forme de l’agacement, de l’impatience (“Vas-tu te poser, oui ou non?”) et de la frustration […]
Il y a ainsi ce paradoxe: ce qui nous est à tous le plus familier chez les libellules, leur vol, est aussi le plus inaccessible, le plus étranger à celui qui tente de les approcher passionnément. Pour entrer, d’ailleurs, dans le monde du vol des libellules, la photographie ne suffirait pas. Celles que j’ai vues sont décevantes. Je le dis sans trop de jalousie. Ou bien les ailes sont floues, tant leurs battements sont rapides, ou bien, nettes, elles paraissent en vrac, sans rien traduire de ce que l’on a vu de légèreté, de puissance et de rapidité.” (pp.91-92)

“Maintenant que vous avez décidé, la porte se referme derrière vous et vous entrez dans un monde neuf, puissamment orienté, prodigieusement intéressant (passionnant!) leur monde de marécages, de fossés remplis de végétation, de mares et de tourbières. Un monde où vous les chercherez sans relâche, un monde qui ne peut être fait que d’attentes souvent frustrées et de rencontres fulgurantes.” (p.30)

Orthetrum albistylum au milieu des joncs

“En verrai-je? Et si j’en vois, à quoi les reconnaîtrai-je? Par quel trait, cette fois-ci encore, signaleront-elles leur originalité immédiatement repérée parmi tout ce qui bouge et tout ce qui vole? […] Où sera la première que je verrai: dans l’herbe, au dos d’une fougère, plaquée contre un tronc d’arbre? Infatigablement en vol, ce qui est sa manière de dire “non” — ou immobile assez longtemps pour que la rafale canonique de sept clichés puisse être prise, ce qui est sa manière de dire “oui” ?” (pp.30-31)

“L’essence de la poésie se lit dans ce que dévoile une libellule photographiée: l’étrangeté d’un monde entièrement inventé.” (p.69)

“Il y a un monde qui est caché dans le nôtre.
Changer d’échelle change le monde. Leibniz s’en émerveillait: “Chaque portion de la matière peut être conçue, comme un jardin plein de plantes, et comme un étang plein de poissons. Mais chaque rameau de plante, chaque membre de l’animal, chaque goutte de ses humeurs est encore un tel jardin, ou un tel étang.” Et c’est là où l’originalité des libellules joue à plein. Q’un changement d’échelle nous ouvre à des mondes inconnus, qui ne le sait? Il suffit d’avoir vu une photographie d’acarien… Mais, justement, les acariens ne sont pas visibles à l’oeil nu, alors que vous avez une expérience familière des libellules — et voici que la photographie vous révèle qu’elles sont tout autres que vous ne pensiez.” (p.67)

“Les libellules s’en vont, quittent, vont ailleurs, et cet ailleurs est justement ce qu’elles habitent, là où elles volent, maintenant. Elles sont le détachement même. Elles ne tiennent à rien, si ce n’est à s’en aller. Elles habitent leur départ — elles sont toujours déjà arrivées là où elles ne finissent pas de partir. Une telle constance dans l’inconstance — une telle impatience patiemment habitée.” (p.102)

Exuvie d’Aeshnidae

“Il faut se rendre à l’évidence: [les libellules] naissent d’un ailleurs qui est leur propre perfection.” (p.114)

Délicat Platycnemis pennipes

“Les libellules sont des êtres de la distance moyenne. Trop petites pour être vraiment vues de loin, trop grosses et trop farouches pour l’être de très près, on les cherche et on les repère sans entrer dans leur monde puisqu’elles ne vous laissent pas le temps de changer d’échelle pour vous adapter. Repérées, elles se laissent approcher, mais repartent en se déplaçant d’une dizaine de mètres au moment précis où vous étiez sur le point d’y parvenir, semblables en cela aux grands cerfs des chasses mystiques, capables de vous emmener jusqu’à la sainteté ou jusqu’à la damnation parce qu’ils diffèrent constamment une promesse presque tenue.” (p.42)

Erythromma lindenii

“Mais le miracle s’est produit, votre attente anxieuse et déjà désespérée (décidément, je rentrerai bredouille) s’est transformée en un surcroît de tension qui pourtant est une détente. Il n’y a qu’un mot qui puisse traduire ce sentiment de satisfaction, celui de don. […] Une profondeur inouïe se creuse derrière ce que vous connaissiez déjà, avec une intensité qui vous certifie que maintenant, enfin, vous êtes devant la réalité.” (p.45)

Erythromma viridulum

“Les animaux vivent dans des oeuvres d’art. Même un pylône électrique devient poétique si un rapace s’y perche. La vraie vie existe, elle ne peut être offerte que par un mouvement qui n’était ni promis ni dû, et dont la libellule est la messagère.” (pp.46-48)

Un héron pourpré sur une photo ratée, prise avec des réglages pour libellules plutôt que pour oiseaux 😉

“Les oiseaux appartiennent à notre monde, se meuvent dans le même espace que nous, alors que les insectes nous font changer d’échelle, nous introduisent à un autre univers, un microcosmos qui exige qu’on parle une autre langue.” (p.34)

“Que se passe-t-il vraiment, lorsque je suis traversé par un éclair que je connais bien, d’une intensité unique, parce que je viens de repérer le scintillement caractéristique d’ailes nervurées comme des vitraux, ou la silhouette impossible à confondre, avec ses yeux énormes?
Etre naturaliste, c’est d’abord cela: éprouver une émotion indicible, simplement pour avoir reconnu son animal préféré.” (p.13)

Il s’agit des premiers mots du chapitre 1, intitulé “Etre amoureux des libellules”, et ils figurent sans conteste parmi mes préférés de tout le livre. En les lisant, j’ai su que le reste allait me plaire, me parler, me faire sourire et me rappeler des moments passés dans un étang, les cuisses bien au chaud dans les waders, en train de transpirer au soleil, les jumelles et l’appareil photo pesant autour de mon cou, mais tellement contente et le visage tout rayonnant lorsqu’une libellule passe enfin près de moi. 🙂

“[…] les libellules nous échappent en leur essence même — et là-bas, dans leur va-et-vient inaccessible ou, au loin, sur les étangs, nous ne pouvons les rejoindre qu’en imagination. Pour nous, qui voulons les photographier, la vérité du vol des libellules est quand elles se posent, c’est-à-dire quand elles ne volent pas.” (p.97)

J’adore le jeu de cache-cache que proposent les libellules, surtout les Zygoptères mais parfois aussi les Anisoptères, lorsqu’elles pivotent pour toujours garder leur tige de support entre elles et moi. Alain Cugno en parle à propos de Sympecma fusca, mais d’autres espèces font de même:

“[…] elle qui se tient d’ordinaire timidement plaquée contre une tige, un oeil dépassant sur le côté pour vous observer et tourner autour de son support afin de vous échapper.” (p.36)

Un Orthetrum cancellatum jouant à cache-cache à Yverdon
Le cache-cache se joue aussi avec les sauterelles 🙂
Sympetrum sanguineum
Jeune sympétrum aux ailes encore brillantes (probablement S. striolatum)

“C’est pourquoi l’identification est une activité très haute de l’esprit. La formule pourra paraître excessive à beaucoup: “Pourquoi diable voulez-vous absolument savoir s’il s’agit de Sympetrum striolatum ou de Sympetrum vulgatum? En quoi les intérêts de l’esprit sont-ils convoqués par le fait qu’un trait noir descende ou ne descende pas le long des yeux de cette pauvre bête? Votre libellule en sera-t-elle plus ou moins belle? Ne pourriez-vous pas vous contenter de la contempler? […]”
[…] Et encore: toute recherche de l’identité d’un animal est une éthique de la rigueur […]” (pp.147-148)

Ce passage m’a aussi bien fait sourire, en me rappelant des souvenirs de chasse au sympétrum, quand la bête me tourne le dos et ne montre que son abdomen, alors que je suis en quête de la longueur des taches sous les yeux! ^^

“Les animaux sont des réponses à des questions qui n’ont même pas eu à être posées.” (p.18)

“Les animaux sont des êtres énigmatiques parce qu’ils sont entièrement présents, là où ils sont. Fondamentalement affirmatifs, ils avancent leurs formes et leur couleurs comme des évidences irréfutables.” (p.19)

Enallagma cyathigerum

“[La photographie] ouvre l’instant et montre quelque chose qui pour avoir existé n’a cependant jamais été, car il s’est, dans la réalité, immédiatement transformé en autre chose: tous les éléments ont bougé et pris une autre configuration. Cette objectivité crée donc un lien au passé beaucoup plus fort que dans le cas de la collection — et même que dans le cas de la chasse — car il ne s’agit pas d’un souvenir, mais de la découverte de ce qui a eu lieu. Un fragment de passé qui n’a jamais été abrité par une mémoire.” (p.60)

Ribambelle d’Erythromma viridulum

“Toute votre activité d’entomologiste s’oriente vers l’identification des spécimens que vous rencontrez […] Qui “s’y connaît” en libellules est capable de les déterminer: mettre un nom exact donne accès à votre dignité de naturaliste. De là, l’importance des guides d’identification dont on attend qu’ils soient fiables et exhaustifs. Que le plus récent guide des libellules d’Europe fasse mention de Pachydiplax longipennis en lui consacrant autant de place qu’aux autres espèces alors qu'”il n’existe qu’une donnée européenne qui concerne la découverte d’une femelle morte sur une plate-forme pétrolière à l’est des Shetlands le 6/09/1999″ est profondément rassurant quant au sérieux de l’ouvrage.” (pp.137-138)

J’ai la version anglaise de ce guide des libellules d’Europe de Dijkstra et al., dont je viens justement de recevoir la nouvelle édition, et je l’adore. En revanche, la version française a commis l’impair de confondre Shetland, en Ecosse, et Shetlands, en Antarctique… pas très sérieux, tout ça! 😉
(A moins que l’erreur ne provienne de la citation, who knows!)

Un coeur de Sympetrum vulgatum

“Les idées sont des libellules
dont les mots sont les ailes et le corps.” (p.100)

— elles filent, comme des éclairs, nous traversent et puis s’en vont.

Sympetrum sanguineum faisant l’obélisque sur un Lythrum salicaria

Voilà, je m’arrête là, après un article aussi long que l’hiver qui nous prive de libellules adultes — mais il y a la neige et plein d’oiseaux qu’on voit mieux sur les branches nues des arbres, donc ça compense! 😉

J’espère que ces photos et extraits de livre vous auront plu, et je vous donne rdv bientôt pour la rétrospective de cette folle année 2020!

Libellulite aiguë

Voilà, le mois de mai vient déjà de se terminer! Un mois de mai sans Fête de la danse, sans spectacle d’impro, sans swing, sans Médiévales d’Andilly, mais un mois quand même rempli de libellules!

Mâle Libellula depressa, bois des Mouilles

J’ai encore la rétrospective shetlandaise à finir, ainsi qu’une magnifique journée passée à la montagne mi-mai à raconter, mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps avant d’inonder le blog de photos de libellules et autres créatures rencontrées au gré de mes balades du mois dernier!

J’ai surtout passé du temps au bord de l’Aire (dont la fréquentation a à peu près quadruplé avec le confinement…!), et José et moi sommes aussi allés trois fois au Bois des Mouilles. On voulait un peu suivre l’évolution de l’étang après les travaux de 2019. Il est à nouveau bien rempli et les libellules sont de retour, même si je n’ai pas revu Coenagrion pulchellum, ni Brachytron pratense, vus le printemps dernier.

Tandem de Coenagrion puella

Les 9 et 24 mai 2020, on a revanche revu la dose de Sympecma fusca. 🙂

Sympecma fusca

Bien sûr, on a aussi croisé grenouilles vertes et oiseaux à foison. Et notamment un beau pic épeiche sur un tronc mort recouvert de mousse bien verte. 🙂
Un jour, on a discuté avec un homme qui nous a dit qu’il avait aperçu un martin-pêcheur et les couleuvres, héhé!

La libellule qu’on a vue en plus grand nombre au Bois des Mouilles durant le mois de mai, c’est sans aucun doute Libellula depressa. Comme l’année dernière, on en a également revu dans le fossé du pré de la Gavotte, en compagnie d’Orthetrum cancellatum.

Au Bois des Mouilles, on a notamment eu le plaisir d’observer plein de femelles Libellula depressa en train de pondre. Et une fois, on a même eu droit à de sacrées bagarres, avec des mâles fonçant sur les femelles en pleine ponte!

J’ai filmé une femelle pondant dans un coin tranquille, car je trouve impressionnant de voir les mouvements de ponte! En mettant le son, on peut avoir aussi une idée de l’ambiance, avec les grenouilles et oiseaux en charge de la bande-son (et notamment une foulque macroule donnant de la voix vers la fin!). 🙂

Au bord de l’Aire, on a également revu Aeshna isoceles, comme l’année dernière. Deux mâles se sont installés sur deux parties stagnantes à 20 mètres d’écart et se livrent de violentes batailles de temps à autre. Ils n’hésitent pas non plus à s’en prendre à leurs voisins, un Anax empereur et un mâle Libellula depressa.

Aeshna isoceles

On a vu plein d’autres espèces au même endroit: Platycnemis pennipes, libellule déprimée femelle, agrions jouvencelles, Ischnura elegans,… L’accès au coin est en revanche assez restreint, ce qui rend les photos difficiles. En triant des essais ratés de photos d’Aeschne en plein vol, j’ai eu la surprise d’avoir des fois des grenouilles nettes en arrière-plan, haha! ^^

Trouvez la libellule déprimée femelle!
Plein de Platycnemis et Coenagrion en train de pondre

L’aeschne isocèle a bien éprouvé ma patience, ne se posant absolument jamais… Sauf bien sûr les jours où je passe sans l’appareil photo, haha! Il y a quelques jours, je me promenais avec José, et elle était là, sagement posée sur son brin de carex. ^^ Mais je ne désespère pas de réussir un jour une photo d’Aeshna isoceles posée, avec son triangle isocèle bien visible. 😉
En attendant, je me contente de photos floues en vol (même que j’aurais vraiment bien voulu que la suivante soit nette! Elle est passée tellement proche de moi!).

Au bord de l’Aire, ça fait un petit moment qu’on n’a plus revu le faucon crécerelle résident, par contre les hérons, poules d’eau, milans noirs et foulques sont au rdv, ainsi que les harles bièvres parfois. On a aussi vu des Calopteryx, virgo et splendens, papillonner au-dessus de la rivière.

Calopteryx splendens

En plus des zones humides, les prairies fleuries bourdonnent de vie! Je n’ai pas revu d’ascalaphe, mais c’est tellement chouette de voir tous ces papillons, bourdons et abeilles! 🙂

Ce mois de mai, quand je n’étais pas en train d’observer des libellules (c’est-à-dire, la plupart du temps), je bossais sur mon mémoire sur les libellules! Eh oui, car la fin approche…!

Orthetrum cancellatum au bois des Mouilles
Nymphéa en fleur

Une autre bonne surprise de dimanche dernier au bois des Mouilles: Libellula quadrimaculata, qui a littéralement posé devant l’objectif après une vingtaine de minutes à nous voler autour!

Sur les photos suivantes, trouvez: Libellula depressa et Anax imperator!

Libellula depressa
L’empereur de l’étang

Dimanche dernier, à chaque fois que José et moi essayions de partir, une nouvelle espèce de libellule venait nous narguer et je ressortais illico presto l’appareil photo! La plus belle surprise: mon premier Anax parthenope! 🙂
Il ne s’est pas posé de notre côté (sûrement à cause de l’anax empereur qui patrouillait son secteur) mais j’ai quand même pu capturer quelques photos floues d’hyper loin:

Alors qu’on allait finalement rentrer, un Lestes viridis à peine émergé est carrément venu se poser sur la jambe de José!! C’est le tout premier que j’ai vu cette saison.

Allez, fini pour aujourd’hui, je vous laisse avec une de mes photos préférées du mois, un Anax imperator très coopératif!

Bye et à bientôt!

Update du 2 juin 2020: je viens de rentrer d’une petite balade digestive avec José riche en observations de libellules, donc je les rajoute vite fait ici!

Pour commencer, c’est un tandem d’Orthetrum brunneum qui m’a accueillie lors de mon arrivée vers la Gavotte. Le petit fossé humide bordant le pré des poneys bouillonnait de vie: ça volait de partout! Libellules déprimées, Orthétrums bruns, étourneaux prenant leur bain, moineaux,…

Coeur copulatoire d’Orthetrum brunneum

Plus loin, ce sont 4-5 chardonnerets élégants qui se sont envolés d’une superbe prairie fleurie sous nos yeux. 🙂 Malheureusement, pas de photo, tout s’est passé bien trop vite!

Nouvelle surprise: l’Aeschne isocèle a daigné se poser quelques secondes, héhé! Je savais que je l’attraperai un jour. 😉 Mais bon, elle était quand même loin, ceci est une photo sacrément recadrée.

Et puis, dernière bonne surprise: alors qu’on approchait du pont du Centenaire, on voit un tandem de Gomphidae nous passer devant! C’était la première fois que j’en observais au bord de l’Aire. Le mâle est repassé et s’est posé non loin de nous dans un arbre. Verdict: Onychogomphus forcipatus!

Je suis vraiment contente de l’avoir croisé, car jusqu’ici je n’en avais pas vu au stade adulte, j’avais juste trouvé une exuvie au bord du Rhône lors du terrain pour mon master.

Et voilà, cette fois c’est vraiment fini!
Bye pour de vrai! 😉

Sheltie19#1 De la Suisse au sud de l’Ecosse

Hi there!
C’est parti pour le début de la rétrospective shetlandaise 2019!
Ça me fait incroyablement plaisir de penser à tous ces articles à écrire, les photos à trier, les anecdotes à rassembler, car c’était vraiment un voyage magnifique. Avec José, on en garde de super souvenirs, que je me réjouis de partager ici.

Comme tous nos derniers voyages dans les îles britanniques, celui-ci a commencé par la longue route jusqu’à Dunkerque, désormais presque familière, avec le passage dans les Vosges (et un pic-nic accompagné de Caloptéryx!), la “troutoroute” belge (en voie d’amélioration!), les noms de lieux marrants (Remiromont, Lunéville, Mondelange, Amnéville, Bouillon, Recogne et Faucogney, notamment), les pauses-café, les pneus éclatés gisant sur le bord des routes et le ciel nuageux toujours magnifique en arrivant dans le Nord, comme une aquarelle champêtre. (Ah, et cette année, la nouveauté: les radars gilets-jaunisés!)

Et comme d’habitude, l’arrivée fatiguée à Saint-Pol-sur-Mer avant le réveil aux aurores, le lendemain, pour prendre le ferry!

“Elena is hiding inside!”, vu au terminal du ferry à Dunkerque

Mais “Horreur! Catastrophe! Tragédie!” (citation tirée du carnet de voyage): cette année, point de cookie.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, l’intérêt principal du ferry Dunkerque-Douvres, c’est qu’on pouvait y acheter (à la belle époque…) le plus délicieux cookie du monde, avec du chocolat belge. Plus maintenant… Mais bon, je m’en suis vite remise, comme le prouve le carnet de voyage:
“J’avais juré de mettre le feu au ferry si jamais il n’y avait pas mon cookie (j’avais un pressentiment…), mais finalement j’ai été raisonnable et j’ai juste pris un English breakfast.” ^^

La traversée s’est bien passée, on a débarqué à Douvres, acheté les trucs “Don’t dazzle!” à mettre sur les phares pour ne pas éblouir ceux d’en face avec notre voiture du “Continent” (+ des nouvelles ampoules pour les phares car il y en a qui avaient rendu l’âme le premier jour de route…), recollé notre sticker de conversion kmh/mph, puis on s’est élancé sur la route direction le Nord!

On prend le tunnel sous la Tamise (qu’il faut payer en ligne avant minuit le lendemain) et on alterne entre “dual carriageways” et autoroutes à 8 voies. Conduire en Angleterre, ce n’est pas de tout repos. Il y a des fous du volant qui foutent franchement les jetons et 40’000 camions. C’est presque pire que le périph’ lyonnais, c’est dire (je dis ça car on a failli mourir en allant à Lyon pour un concert de Lindsey Stirling, il y a quelques semaines. Un mec se croyait clairement dans “Taxi” et ça roulait n’importe comment).

L’effet miroir du selfie donne même l’impression qu’on a une vraie voiture britannique! ^^

Néanmoins, on a survécu! 🙂
Et c’est même passé plutôt vite, en chantant, écoutant de la musique et rigolant de la toponymie (franchement l’activité la plus prenante à faire sur l’autoroute. Petit florilège: Lolworth (“where it’s worth laughing out loud”), Boston, Lincoln, Hungerton, Cromwell, Carcroft, Scotch Corner, Bishop Auckland, Dollar, Chester-le-Street, Coldstream, Eyemouth, Skillington, Little Pinkerton et plein d’autres -ton).

Plus on montait vers le Nord, plus les vaches cédaient la place aux moutons. Il a pas mal plu (à chaque fois qu’on a un long trajet à faire au UK, on a un “heavy rain forecast – yellow warning”), mais on a quand même eu droit à de beaux paysages aux teintes pastel, avec de chouettes nuages et de superbes arbres.

Enfin, on arrive en Ecosse (il y a même un “border viewpoint” pour admirer le panneau de bienvenue) et on se pose à Dunbar, dans l’East Lothian, au bord de la mer du Nord. On plante la tente dans un camping (trop) cher, et on a vite compris pourquoi: c’était du luxe, il y avait carrément de la musique dans les douches. Du chouette swing, mais ce n’est pas franchement essentiel. ^^’

Le truc vachement plus cool, c’est qu’il y avait un étang juste à côté. On va se promener dans la bruine et on repère quelques Enallagma cyathigerum (les seules libellules des vacances!) prêtes à dormir, des poules d’eau avec leur progéniture, des foulques, des colverts, des lapins, des hérons, des mouettes, des midges, des pies, des corbeaux, des goélands… et des grèbes castagneux, avec un poussin juste adorable. Les adultes sont déjà tellement choupinets, impossible de ne pas craquer devant leur petit!

Le repas du petit grèbe castagneux (photo moche)

On observe un bon moment la famille de grèbes aux jumelles, puis on va se promener sur le front de mer, où on croise encore plus d’oiseaux, dont un courlis.

Dunbar est le lieu de naissance de John Muir, le fameux naturaliste et philosophe environnemental, et se trouve bien sûr sur l’itinéraire de la John Muir Way, une voie de 215 km pour marcheurs et cyclistes.

Dunbar est aussi connu pour le Belhaven Bridge, ce petit pont qui permet de traverser la petite rivière Biel pour rallier la plage à marée basse.

A marée haute, ce Bridge to Nowhere est entouré d’eau, ce qui donne un joli petit effet. Et le groupe de musique Tide Lines a aussi fait des photos trop classes là-bas!

On a croisé de nombreux escargots et limaces, témoins du temps pluvieux

Depuis la plage, outre le pont, on aperçoit un autre landmark de l’East Lothian: Bass Rock! Ce rocher est recouvert de fous de Bassan, et a d’ailleurs donné son nom français à l’oiseau. Ce serait même la plus grande colonie de fous de Bassan au monde, avec parfois jusqu’à 150’000 individus!
L’îlot est aussi appelé “l’Alcatraz écossais”, car il a servi de prison (pour opposants politiques ou religieux, Jacobites, etc.).

José sur le pont de Belhaven

Après une bonne nuit à être bercés par le bruit de la pluie sur la toile de tente, on va voir Bass Rock de plus près en allant à Seacliff Beach, une plage qui apparaît dans la dernière scène du film “Outlaw King”. On y accède via une route privée à 3£ avec barrière automatique dans la forêt, on n’avait jamais vu ça! ^^’

On va d’abord se promener le long de champs au-dessus de la plage. On croise un lièvre, on voit plein de chardons, et on admire la superbe vue sur Bass Rock et les ruines de Tantallon Castle

Le temps était typiquement écossais. Un instant du soleil, le suivant de la pluie, et un peu tout entre-deux. 😉

Tantallon Castle

Je ne me lassais pas de prendre Bass Rock en photo. Je le trouve fascinant, avec son phare planté au milieu de l’îlot, sa roche blanchie par le guano, les milliers d’oiseaux volant tout autour.
Mais je n’étais pas la seule en mode paparazzi. 😉

Plus à l’ouest, on aperçoit North Berwick Law (ci-dessus), une colline conique de 200 mètres d’altitude qui surplombe les environs.

Le pays des chardons 🙂

Finalement, on descend jusqu’à la plage, où on a passé un super moment. On s’est éclatés comme des petits fous, à courir dans le sable et faire des séances photos.

Il y avait plein de vie, malgré le peu de monde: une famille qui se baignait, des cavaliers qui sont passés le temps d’un petit galop, des courageux qui faisaient du Stand-up Paddle,…

On a posé le trépied dans le sable et fait plein de photos, en profitant de tout l’espace à disposition… Du coup, l’appareil était souvent loin de là où se trouvait José, et ce dernier agitait les bras en se marrant quand je n’arrivais pas à le rejoindre à temps pour le premier déclenchement (pourtant je courais)! ^^

Puis on s’est chopés une grosse averse et on a gentiment plié bagage. Bien sûr, le temps qu’on s’installe dans la voiture, il y avait de nouveau du ciel bleu! ^^ Mais il fallait de toute façon qu’on reprenne la route, car notre épopée vers le Nord était encore loin d’être finie… 😉

Bye et à bientôt pour la suite!
Je vais essayer de publier des articles tous les lundis et jeudis, mais je pense pouvoir dire avec une quasi-certitude que je n’y parviendrai pas chaque semaine…!

Dragons d’eau douce

Bonjour!
Chose promise, chose due: c’est parti pour une crue de photos de libellules prises durant les mois de juin à septembre.

Lestes viridis

Les voici un peu en vrac. Certaines ont été prises dans les lônes du Haut-Rhône français lorsque j’étais sur le terrain pour mon mémoire de master, d’autres à l’étang des Franchises ou encore au bord de l’Aire.

Sympetrum sanguineum à Luisettes

Lors des observations odonatologiques (ça fait classe, ce mot, n’est-ce pas? 😉 ), on voit bien sûr bien plus que “juste” des libellules! 😉

Aeshna cyanea aux Franchises

Sur le terrain, les martins-pêcheurs n’étaient jamais bien loin. On entendait leur cri si distinctif tandis qu’ils filaient au-dessus de la rivière, tels des éclairs bleus. Trop furtifs pour des photos, toujours hors de portée de l’objectif (surtout du macro ^^).

Orthetrum brunneum au bord du Séran
Anax imperator

Au bord du Rhône, j’ai également eu droit à de belles observations d’aigrettes garzettes, d’un râle d’eau effrayé par le bruit causé par les chasseurs (eh oui, en septembre, la chasse avait commencé, et ça se remarquait!), des faucons, des rouges-queues noirs, des hérons cendrés…

Aeshna isoceles à la Gavotte
Des couples de Coenagrion puella pondant au bord de l’Aire
Anax imperator aux Franchises
A. cyanea, en train de se faire discrète, loin d’un A. imperator qui défendait son territoire

Belley, c’est aussi le coin des sangliers (d’où les chasseurs). On croisait des souilles et des empreintes partout!

Photo prise par mon prof à Chantemerle, avec Hélène et moi dans le bateau en train de compter les Calopteryx splendens

Lors du dernier relevé de terrain, on a eu droit à la jolie visite d’une couleuvre, tout près de nous, dans la lône Moiroud.

A Fournier, c’est un ragondin qui nous a fait une belle surprise en traversant la lône devant nous!

Bon, mais la raison de notre visite, ça restait quand même les merveilleuses libellules! Et il me reste encore plein de photos, alors c’est parti pour la suite!

Sympetrum striolatum
J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’un Orthetrum coerulescens immature, mais après examen des ailes antérieures, dont le champ postdiscoïdal ne s’élargit pas à partir de son milieu, il s’agirait en fête d’un Sympetrum! Vu les autres espèces vues sur le site ce jour-là et les pattes rayées de noir et jaune, c’était sûrement un Sympetrum striolatum.
Lestes viridis

En septembre, au bord du Rhône, on a surtout croisé deux espèces en particulier: Lestes viridis et Sympetrum striolatum.
Et la particularité des Lestes viridis, c’est qu’ils pondent directement dans les branches des arbres, surtout des saules. On voyait donc plein de tandems dans les arbres.

Deux couples de Lestes en train de pondre
Un coeur copulatoire de S. striolatum, mi-caché par un brin de carex
Trouvez la femelle Calopteryx!

Un matin, en arrivant près de la lône Béard, c’est le calme plat. Il fait chaud, grand soleil, pas un nuage, pas un souffle de vent, mais rien ne vole. De manière générale, cet été, il y a eu bien moins de libellules que ce qu’on attendait, peut-être du fait des deux étés très secs qui se sont succédé.

Bref, on marchait donc au milieu des hautes herbes proches du plan d’eau, à la recherche de libellules endormies. Finalement, j’ai repéré un individu Ischnura elegans, dorant au soleil.

Cache-cache avec Ischnura elegans
Encore I. elegans
Le sourire de S. striolatum
Un individu translucide à peine émergé et à l’air cadavérique
Orthetrum cancellatum
Platycnemis pennipes
Anax imperator
Lestes viridis
Tandem de Libellula fulva
Calopteryx splendens en ombres chinoises
Tandem de P. pennipes

Lors du relevé de juin, à Fournier, on a pu voir une magnifique femelle Anax imperator en train de pondre sous nos yeux. Elle n’avait l’air absolument pas préoccupée par notre présence, on se trouvait à seulement quelques dizaines de centimètres d’elle, à la prendre en photo sous tous les angles!

A. imperator obnubilée par sa ponte
Femelle Calopteryx avec une allure de dinosaure monstrueux
S. striolatum
L. viridis

Quand on en trouvait, on ramassait aussi des exuvies. Notre plus belle trouvaille, une exuvie d’Aeshna cyanea! Et quand on voit sa taille, ça ne donne pas envie d’être un petit macroinvertébré aquatique et de croiser son chemin!

Petite séance photo pour l’exuvie d’A. cyanea

Et on finit avec un beau Lestes viridis!

Et voilà! C’était long, mais c’est fini, haha.
Dans le prochain article, je commencerai à vous raconter nos aventures de l’été dans les îles Shetland! 🙂

A bientôt!

Odonata

Bonjour à tous!
J’interromps à nouveau la rétrospective écossaise pour un petit intermède Odonates.

Femelle de Calopteryx splendens

Mercredi dernier, je suis retournée sur le terrain pour mon travail de master. Le but: repérer un peu les espèces présentes avant les véritables relevés dans deux semaines, pour gagner du temps lors de l’identification.

Caloptéryx mâle au milieu des carex

Avec tous les jours bien pluvieux qu’on a eus dernièrement, c’était super de profiter du soleil et d’être dehors. Avec mon prof, on a profité de prendre plein, plein de photos — déjà car c’est vachement utile pour l’identification.

Il y avait beaucoup plus d’espèces que lors de la première session sur le terrain, en mai. A commencer par les caloptéryx éclatants, en nombre!

Je les trouve magnifiques. Ils ont un style de vol complètement différent des autres odonates, on dirait presque des papillons!

Séance cache-cache avec un caloptéryx éclatant mâle

L’espèce qu’on a vue le plus restait tout de même l’Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), très commun.

Coenagrion puella mâle immature

Mais cette fois-ci, on a également rencontré davantage d’espèces d’Anisoptères, soit des “vraies” libellules: Libellula depressa, Libellula fulva, Anax imperator, Crocothemis erythraea et un Orthétrum (probablement une femelle d’Orthetrum brunneum, mais c’était difficile à dire car l’individu venait à peine d’émerger).

Le probable Orthetrum brunneum

Du côté des Zygoptères, outre les Calopteryx splendens, nous avons trouvé deux nouvelles espèces de demoiselles pour venir rallonger notre première liste d’observations: Enallagma cyathigerum et Platycnemis pennipes.

Mon premier mâle d’Agrion porte-coupe (Enallagma cyathigerum)

On a pique-niqué au bord de l’eau, avec, face à nous, un décor de rêve et plein de vie: la vue sur le Grand Colombier, deux martins-pêcheurs volant au-dessus de la lône, un faucon filant à toute vitesse et… plein de libellules, bien sûr! Et parmi elles, un couple d’Anax empereurs. Le mâle patrouillait à toute vitesse puis venait se poser sur la branche d’un arbuste, tandis que la femelle pondait. Entre la vitesse en vol et la distance, pas facile d’obtenir des clichés satisfaisants, mais au moins on reconnaît la bête. 😉

Au même endroit, on a pu observer un Crocothémis écarlate dorant au soleil sur sa branche.

Crocothemis erythraea mâle

Ma fierté de cette journée de terrain: mes grands progrès dans le maniement du filet. J’ai réussi à attraper toutes les libellules que je voulais quand c’était nécessaire, héhé!

Platycnemis pennipes immature
Ishnura elegans en plein repas
Couple de C. puella

Les Agrions à larges pattes (Platycnemis pennipes) ont, comme leur nom l’indique d’ailleurs, les tibias un peu dilatés, surtout chez les mâles. La plupart de ceux qu’on a vus venaient à peine d’émerger, donc leur coloration n’était pas complète. Une fois matures, les mâles sont bleus, tandis que le corps des femelles va de bleu à vert clair, plus ou moins brunâtre.

On a revu quelques Petites nymphes au corps de feu (P. nymphula), mais très peu par rapport au mois de mai, où elles volaient par dizaines.

Pyrrhosoma nymphula
Platycnemis pennipes mâle
P. nymphula mâle
Tandem d’Ishnura elegans
Mâle de Libellule fauve (Libellula fulva)

Et pour finir cette ribambelle de photos d’odonates, je vous laisse avec un mâle Coenagrion puella en pleine séance de gymnastique!

A bientôt pour la suite et fin du récit de mon voyage 2018 en Ecosse!

Vie aquatique

Bonjour!
Aujourd’hui, j’interromps la rétrospective écossaise pour vous parler d’un sujet bien plus d’actualité dans ma vie (quoique l’Ecosse, avec moi, c’est toujours plus ou moins actuel ^^). Préparez-vous pour une overdose de… libellules! Eh oui, mon mémoire de master virevolte autour des Odonates, et j’ai vécu mon premier terrain les 6 et 7 mai dernier. Il y avait plus de vent que ce qu’on aurait voulu et c’était encore un peu tôt dans la saison pour les espèces de milieux courants, mais j’ai quand même passé deux superbes journées!

Petite photo de la bucolique lône Chantemerle, prise avec mon natel.

J’ai observé mes premiers Pyrrhosoma nymphula (de belles demoiselles rouges, au nom commun trop stylé de Petite nymphe au corps de feu), des Coenagrion puella, des Ishnura elegans et possiblement une superbe Aeshne printanière (Brachytron pratense, pas facile à identifier étant donné la vitesse sidérante à laquelle ça vole, en changeant constamment de direction et sans jamais se poser à vue — faut d’ailleurs que je m’entraîne au maniement du filet à papillons). Il y avait peut-être peu d’espèces, mais l’abondance était parfois étonnante! Un matin, en marchant dans des hautes herbes pas loin d’un des sites d’étude, il y avait des dizaines et des dizaines de Coenagrion puella et Pyrrhosoma nymphula qui s’envolaient à notre passage, c’était magique! J’ai vu des Zygoptères à peine émergés, faisant sécher leurs ailes translucides, leurs exuvies juste à côté. J’ai vu une larve de Pyrrhosoma nymphula qui grimpait le long d’un carex, cherchant son spot pour son ultime mue. J’ai vu plein de demoiselles voler en tandem et pondre à la surface de l’eau. J’ai vu d’immenses aeshnes patrouiller à toute vitesse.

Mais j’ai aussi vu des martins-pêcheurs, des aigrettes, des hérons, des milans, des cygnes et tant d’autres oiseaux, des traces de sangliers dans la boue, des troncs rongés par des castors, des moucherons volant par centaines à la surface de l’eau, des abeilles sauvages butinant au milieu des fleurs (et des renouées du Japon, qui envahissent tout le coin)… Bref, deux belles journées à marcher dans les bois pour rejoindre les lônes (nom donné aux bras secondaires du Rhône), à pagayer (on a un petit bateau gonflable, génial pour observer la rivière au plus près dans les coins profonds), à m’enfoncer dans la vase avec mes cuissardes géniales, à m’émerveiller devant cette fascinante nature.

Le bateau à Chantemerle (photo natel)

Bref, le seul truc qui me manquait, c’est que je n’avais même pas sorti l’appareil photo (ça commençait à faire beaucoup de trucs autour du cou et dans les mains, entre le filet, les jumelles, le guide d’identification, les fiches pour les relevés…)! Mais je m’étais promis que ce n’était que partie remise et que j’allais prendre le temps d’aller photographier des libellules à un autre moment, à Genève comme à Belley (mon site d’étude, en France). Mais voilà, entre la pluie suivie des longues journées de bise, il n’y avait pas exactement des conditions appropriées… Jusqu’à hier!

Le soleil brillant dans un ciel dégagé et les arbres ayant retrouvé leur position habituelle verticale (avec la bise, le mélèze devant chez moi était plutôt oblique ces derniers jours ^^), José et moi sommes allés nous promener au Bois des Mouilles, armés de nos objectifs. Jackpot! On a passé une magnifique après-midi et on a pu observer plein de trucs autour de cet étang plein de vie!

Couple de Sympecma fusca (leste brun)

En arrivant au bord de l’étang, on repère rapidement nos premières demoiselles. Des couples de Sympecma fusca, Coenagrion puella et Coenagrion pulchellum virevoltent un peu partout. C’est parti pour plein de photos!

Mâle de Coenagrion puella (agrion jouvencelle)
Couple de Coenagrion pulchellum

Il y avait beaucoup de couples occupés à pondre, c’était super chouette à observer. Je suis particulièrement fière de la photo de lestes bruns ci-dessous: j’étais si proche que je n’ai pas eu besoin de la recadrer, et on voit un peu les jolies teintes bleues des yeux du mâle (si jamais, les photos sont censées s’agrandir si on clique dessus).

Couple de Sympecma fusca, avec la femelle en train de pondre

Tout à coup, une énorme libellule file devant nos yeux. En un éclair, elle a fait trois allers-retours devant nous avant de disparaître. J’ai à peine eu le temps de discerner des flashes de bleu et vert. Une aeshne! Mais laquelle? Aux aguets, on scrute l’étang en attendant son retour. Une autre libellule ne tarde pas à démontrer ses prouesses aériennes. Mais cette fois, j’aperçois un flash vert métallique. C’en est une autre!

On essaie de prendre des photos pour tenter de les identifier, mais il y a beaucoup d’essais ratés. Voilà ce que ça donne, haha:

Heureusement, la libellule aux teintes métalliques affectionne le vol stationnaire, ce qui nous aide grandement. On parvient finalement à “réussir” quelques photos. Après réflexion, il me semble bien que nous avons affaire à Cordulia aenea, avec son thorax vert métallique, ses yeux verts et son abdomen dilaté en massue (qui se remarque mieux vu du dessus):

Une probable cordulie bronzée

Pour l’aeshne, ça prend plus de temps. Le vol stationnaire, elle n’a pas l’air de connaître. Finalement, par je ne sais quel miracle, j’arrive à la capturer sur quelques clichés flous!

Cette tache floue est une aeshne!

C’est seulement en rentrant à la maison que j’ai remarqué que j’avais une photo presque réussie, avec assez de détails pour décider qu’il s’agit d’un mâle de Brachytron pratense, l’aeshne printanière!

Brachytron pratense, qui m’a donné du fil à retordre!

Après avoir passé un bon moment sur les pontons, on a fait tout le tour de l’étang comme à notre habitude. On a croisé en chemin plein de lézards verts et quelques grenouilles (qu’on a plus entendues que vues). Un héron cendré et des milans noirs nous ont survolés, et on aussi pu admirer avec plaisir des petites familles à plumes!

Il n’y a pas à dire, les canetons de colvert, c’est vraiment hyper chou.

Une famille de foulques

Mais ma mission première, ça restait nos amies les libellules! Je scrutais donc chaque nénuphar et perchoir potentiel, à la recherche de créatures graciles et allongées.

Et sur un nénuphar, au loin, j’ai aperçu encore une autre espèce: Erythromma najas, la Naïade aux yeux rouges. Le challenge si vous l’acceptez: la trouver sur la photo ci-dessous! 😉 (C’est pas compliqué)

Erythromma najas qui bronze au soleil

Et bien entendu, pendant toute la balade, j’ai encore pris beaucoup trop d’autres photos de Zygoptères et de nénuphars… 🙂

J’ai passé pas mal de temps à mitrailler un couple de Coenagrion puella en train de pondre au milieu des plantes aquatiques. Je ne vous dis pas le boulot pour trier les photos en rentrant… ^^’

Le seul truc dommage, c’est que les meilleures plages horaires pour observer les libellules ne correspondent pas exactement aux lumières les plus douces. Mon prochain défi, ce sera d’essayer d’en photographier au lever du jour, avant leur réveil…

Agrion femelle
C. puella en vol, avec reflet 🙂

Un peu à l’écart, au milieu des herbes, on a croisé un joli petit insecte au croisement entre un papillon et une libellule. Après une rapide recherche Google, il me semble bien qu’il s’agit d’un Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus). Je le trouve vraiment beau, avec ses longues antennes et ses taches jaunes!

Ascalaphe soufré (probablement)

Toutes les photos de la journée ont été prises avec mon nouvel objectif macro Sigma 150 mm, acheté spécialement pour les libellules! Je l’ai depuis Noël (merci Pépé!) mais n’avais quasi pas eu le temps de l’utiliser à cause de mon emploi du temps surchargé. Je l’ai testé pour la première fois le jour de mon anni, lors d’une fraîche et pluvieuse journée de mars. Je ne pense pas que j’aurai l’occasion d’en faire un article entier, donc je vous mets quelques photos ici. J’adore aussi cette ambiance totalement différente. 🙂

Et voilà, cet article est enfin fini!
Dès le prochain, retour en Ecosse! 🙂