Madeira19#7 Ilhas e golfinhos

Bom dia!
Avant de commencer à vous inonder de photos de Shetland, il faut quand même que je termine la rétrospective des vacances à Madère — ce qui devrait prendre encore trois ou quatre articles.
Aujourd’hui, on reprend donc avec une sortie en mer pour aller fouler le sol des Ilhas Desertas!

En quittant Funchal

Un truc qu’on avait vraiment envie de faire durant les vacances, c’était de passer une journée en bateau, notamment pour voir des dauphins. Et on était aussi intrigués par ces Ilhas Desertas, trois petites îles désormais inhabitées, sauf par les gardiens de la réserve naturelle. On a donc embarqué pour un tour d’une journée avec Ventura Nature Emotions.

A peine quinze minutes après notre départ de Funchal, on rencontre un groupe de Bottlenose dolphins (grand dauphin, en français). Ce sont parmi les plus communs, j’avais déjà vu cette espèce en Nouvelle-Zélande et en Ecosse, mais c’est toujours magique de les voir foncer vers la proue du bateau, nager à toute vitesse tout près de nous et nous suivre pour un temps.

Il y a environ 40 km de Funchal aux Ilhas Desertas. En chemin, on croise plein de shearwaters (puffins, en français), qui portent bien leur nom: ils rasent la surface de l’eau, frôlent les vagues, volent au milieu de vents à dérouter les mouettes! Vraiment magnifique!

Photo moche et sombre de shearwaters ^^

Après environ 3h à naviguer face à un sacré vent de travers, on arrive à Deserta Grande, la plus grande île du petit archipel. On s’arrête au pied de superbes falaises aux teintes incroyables, allant du violet au jaune en passant par du rouge-ocre, avec de magnifiques stratifications.

On se régale avec un buffet préparé par notre capitaine, on se baigne au milieu de beaux poissons gris-bleu dans une eau à 18°C, puis on descend dans un zodiac. Avant d’aller se promener sur l’île, on va voir de superbes grottes uniquement accessibles à marée basse.

Apparemment, il y a beaucoup de ces grottes ici, et certaines, qui ne sont accessibles que sous l’eau, sont utilisées par les phoques moines pour mettre bas et élever leurs petits. Les Ilhas Desertas forment une importante réserve naturelle, notamment marine, et abritent une importante colonie de phoques moines, une espèce en danger dont il ne reste qu’entre 350 et 450 individus au niveau mondial, d’après l’UICN.

C’est notamment pour protéger cette espèce que la pêche est interdite autour des îles, mais les rangers de la réserve doivent constamment lutter contre les activités illégales. Ils sont les seuls à “habiter” l’île (ils se font relayer toutes les deux semaines). Personne d’autre ne vit là, notamment car il n’y a quasi pas d’eau douce sur l’île.

On a ensuite débarqué sur l’île à la “fajã”, un genre de crique avec un espace plus ou moins plat créé par une succession de glissements de terrain — autrement, il n’y a que de hautes falaises, pas pratique pour accoster.

Wahou, ces stratifications!

C’est ici que se trouve la maison des rangers. Quand ils ont appris qu’il y avait un lusophone dans le groupe, l’un d’eux, Felipe, a “kidnappé” José pour taper la causette. Avant le mois de mai, il n’y a pas beaucoup de tours en bateau, donc les gardiens n’ont pas souvent de la compagnie.
C’était très sympa de discuter avec lui, d’en apprendre plus sur son travail, et aussi de découvrir que nos guides pour cette journée en mer étaient très appréciés par les “locaux”.

Un des nombreux canaris de l’île

Autour de la maison de rangers/centre pour visiteurs, on a suivi un sentier didactique avec Luis, notre guide/biologiste marin. On a vu de superbes mousses rouges, des canaris, des pippits, des sternes, et on en a appris plein sur la faune locale. Il y a une immense tarentule endémique, mais qui ne vit qu’au sommet des falaises, et une importante faune marine: outre les fameux phoques moines, il y a toutes sortes de baleines et d’oiseaux marins, dont un pétrel endémique qui ne vit que sur une seule des trois îles désertes.

La maison des rangers en arrière-plan
Le bateau de Ventura

On a eu du temps pour se promener au milieu des rocailles et de la fascinante flore avant de devoir gentiment reprendre le zodiac direction le bateau.

Trouvez le canari!

On a de nouveau eu droit à de sacrées vagues pour le trajet du retour, mais on était désormais plus habitués à la houle et il y avait même un peu de soleil pour nous réchauffer — car à l’aller, avec tout le vent, il faisait plutôt frisquet. On a aussi pu se régaler avec quelques biscuits et un verre de madère avant notre arrivée à Funchal, vers 18h30! 🙂

Fatigués mais super contents, on est rentrés à Jardim do Mar pour un bon bain et une sympathique soirée à se gaver de bolos do caco à l’ail sur la terrasse de Joe’s Bar.
Tchao, et à bientôt pour la suite!

Adieu Bamako

Dans la nuit de mardi à mercredi, juste après mon retour de vacances, Bamako s’en est allé. Après presque 13 ans à partager notre vie, 13 belles années de bonheur, de poils qui volent, de salades décimées et d’adorable museau qui frétille.

Merci Bamako, d’avoir fait partie de la famille, d’avoir été là, d’avoir été le lapin le plus cool et bienveillant du monde. ♡

Bamako (2006 – 2019)

Il reste plein de beaux souvenirs à chérir, et tu resteras toujours dans nos coeurs, mon petit pinou. ♡
Je t’aime, et bon voyage, où que tu sois.

Madeira19#6 Côtes et cols

Bom dia!
Voici le dernier article programmé avant le départ pour les îles Shetland: si tout va bien, nous serons de retour demain. En attendant, la rétrospective madérienne continue! Encore quelques articles avec plein de photos, et ce sera bientôt terminé. 😉

Après avoir fait plus de 50 km à pied en deux jours, on avait pas mal de courbatures et quelques douleurs (nos genoux, toujours nos genoux…), donc on s’est octroyé une journée plus tranquille. A notre réveil, il pleuvait beaucoup, donc on a un peu prolongé notre nuit avant de plier bagage et quitter Solar da Bica. Le personnel de l’agro-tourisme était vraiment super sympa durant tout notre séjour, et on a reçu un petit pot de leur délicieuse confiture de tomate à l’heure du départ. On a roulé à peine 5 minutes avant de s’arrêter pour visiter les grottes volcaniques de São Vicente, qu’on a adorées!

Les grottes volcaniques de São Vicente (photo natel José)

Ces grottes ont été formées par des éruptions volcaniques vieilles de 400’000 à 800’000 ans. Il y a plein de tunnels, les murs sont formés de scories, des gouttes de lave solidifiée pendent du plafond, et de l’eau dégouline de partout! Il y a notamment un lac souterrain dans lequel un vigneron local fait stocker son vin, pour voir si la température constante toute l’année influence le goût. Devant chaque spot lumineux, il y a aussi plein de petites fougères, qui ont voyagé clandestinement sur les visiteurs sous forme de spores avant de s’établir dans ces grottes à l’humidité idéale.

La visite était très chouette, en portugais puis en anglais, et j’étais trop fière de quasi tout piger du premier coup: notre guide articulait tellement bien! Et quand j’avais loupé des trucs en portugais, il y avait l’anglais juste après pour compléter, héhé. A la fin de la visite de la grotte, on est allés voir le centre de volcanologie, plutôt bien fait, et où on a entendu parler de superbes formations géologiques dans tout l’archipel de Madère (c’est malin, ça nous a donné envie d’aller à Porto Santo, alors qu’on s’était dit qu’on pouvait écarter cette île de notre itinéraire sans regret ^^).

Une fois cette chouette visite terminée, il est déjà midi et on s’élance sur la route côtière direction Porto Moniz. En chemin, on s’arrête pour regarder la vue et faire quelques pas sur d’anciennes routes désormais fermées — maintenant, il y a des voies rapides avec des tunnels partout. Les paysages côtiers sont grandioses depuis ces petites routes, mais on comprend qu’elles aient été fermées. Ça devait demander un entretien fou, il y avait partout des traces de chutes de pierres. Sur un de ces vieux tronçons, on a même trouvé une cascade qui se terminait en plein milieu de la route! Parfois, c’était carrément des pans entiers de route qui s’étaient effondrés dans l’océan.

Des plantes trop cool poussant sur une falaise

On s’est arrêtés un petit moment dans le joli village de Seixal, pour admirer une cascade se jetant dans l’océan. On a aussi vu des apprentis surfeurs s’entraîner sur la plage de sable noir, ils géraient!

De manière générale, la côte nord de l’île est tellement belle qu’on s’extasiait tout le temps. Des cascades, des falaises, des promontoires rocheux au milieu de l’océan… C’était absolument grandiose.

Arrivés à Porto Moniz, on emprunte une route pour quitter la côte et monter jusqu’au plateau de Paúl da Serra.

En un instant, les paysages sont complètement différents. On se retrouve au milieu des genêts en fleur, avec des vaches qui paissent tranquillement sur la bas-côté.

Les petites bornes le long de la route ont d’ailleurs été réquisitionnées par les vaches comme accessoires de grattage! 😉

On a roulé à peine quelques kilomètres, mais l’océan semble déjà bien loin et bien bas.

Et soudain, le brouillard, sorti de nulle part. Pendant un bon moment, on ne voyait pas à cinq mètres, c’était impressionnant. On est repassés dans le coin plus tard durant le voyage, et c’est vraiment le territoire de la brume. Le temps change super vite et on se retrouve soudainement plongés dans les nuages.

On redescend ensuite par le col d’Encumeada, d’où la vue sur les montagnes est grandiose.

On descend ensuite vers Câmara de Lobos, un village dont le nom signifie “chambre des loups”. Les premiers explorateurs l’ont appelé ainsi car, à leur arrivée, il y avait plein de phoques moines, ou “loups de mer”. De nos jours, malheureusement, on n’en trouve plus aucun sur l’île de Madère. Il en reste une petite trentaine dans les Ilhas Desertas, et moins de 600 sur la planète entière…

On a mangé à Câmara de Lobos (il était 15h, on était affamés) et on a flâné dans les ruelles pavées. On est tombés sur un groupe de filles de tout âge avec des longues jupes blanches, en pleine répétition de danse folklorique. D’après José, elles s’entraînaient pour la venue proche de la télévision portugaise, qui fait le tour du pays et filme les fêtes de villages.

Puis on a repris un peu de hauteur, direction Cabo Girão, une falaise de plus de 560 mètres de haut avec un fameux point de vue: une plateforme avec un plancher de verre qui permet de voir des cultures situées au pied de la falaise, juste au bord d’une plage de galets.

La vue était effectivement incroyable. Comme c’est beau, l’océan!

Puis on a repris la voiture et on a roulé jusqu’à notre point de chute pour les trois prochaines nuits: l’adorable village de Jardim do Mar. Rien que le nom fait rêver, je trouve.

Notre petit hôtel est super chouette, on a même un immense balcon, et il y a une piscine bien fraîche pour faire trempette — car il y a peu d’endroits pour se baigner dans l’océan, à cause de la force des vagues.

Le village est adorable: un labyrinthe de petites ruelles pavées, des maisons avec des cours remplies de plantes, des murs de pierre et des chats qui dorment un peu n’importe où. Ça m’a fait penser à Godojos, le village d’origine de ma grand-mère, en Espagne, mais en meilleur état.

On s’est joyeusement perdus dans le dédale des rues avant d’atteindre la promenade du bord de mer. Comme souvent à Madère, il n’y a pas de plage mais d’énormes plots de béton pour protéger la côte de l’action des vagues. La vue sur les falaises proches n’en était pas moins magnifique, surtout dans la lumière du soir!

Le village est de plus entièrement piéton, et super calme le soir. Et il y a un lieu incontournable, Joe’s bar, un restaurant avec une terrasse magnifique dans une petite cour fleurie, avec des palmiers qui poussent dans tous les coins et même un étang peuplé de grenouilles. L’endroit parfait pour boire une jus d’orange frais et manger un Bolo do caco à l’ail (le pain de Madère, fait avec de la farine de blé et de la patate douce).

Le premier soir, on a mangé au resto de l’hôtel, qui offre un beau panorama sur l’océan. A un moment, on a cru voir un dauphin. Tout excitée, je cours chercher les jumelles dans la chambre et je reviens, pour découvrir que c’était… un caillou. Haha. Pour les dauphins, on a dû patienter encore un peu, mais pas longtemps… *To be continued*

La suite un de ces quatre! Tchao! 🙂

Madeira19#5 Ribeira da Janela

Bom dia! Voilà la suite des aventures à Madère — relatées et programmées avant mon départ en Ecosse.

Lors de notre deuxième nuit à São Vicente, on a malheureusement mal dormi et on s’est réveillés vachement fatigués. Qu’à cela ne tienne, on prend la route direction le nord-ouest pour aller petit-déjeuner à Porto Moniz avant notre rando du jour, la Levada da Ribeira da Janela.

Cette levada était décrite par Le Routard comme l’une des plus belles de l’île, notamment pour ses vues sur de magnifiques cultures en terrasses. En fait, on voit seulement des cultures en terrasses au départ de la marche (et depuis la route), mais du coup ça a donné du suspense à la rando. A chaque virage, on s’attendait à tomber sur un village caché… Mais non, haha.

Le sentier était tout d’abord très large et offrait de belles vues sur des rochers dans la mer et le village de Ribeira da Janela. Mais bien vite, on s’est retrouvés au coeur d’imposantes montagnes recouvertes d’une belle forêt dense, avec la rivière en contrebas.

On a revu une tonne de roitelets de Madère, pour notre plus grand bonheur. C’est vraiment incroyable à observer: ils bougent tellement vite, sans rester tranquilles, et il y en avait souvent une dizaine sur le même arbre.

Puis, nouvelle surprise ornithologique: on tombe sur le fameux pigeon trocaz, aussi endémique de l’île. On était trop contents et on est restés un bon moment à l’observer, près de son nid. On s’est fait dépasser par plusieurs marcheurs qui n’ont pas eu l’air de se demander outre mesure pourquoi on s’infligeait un début de torticolis. ^^

Au retour, on a revu un pigeon trocaz, beaucoup mieux et à notre hauteur. Il a des motifs superbes sur le cou, et une belle queue en éventail traversée d’une bande blanche.

Lors des levadas de la veille, il nous était déjà arrivé de devoir passer derrière des cascades, mais cette fois on devait carrément passer dessous! On s’est bien marrés, c’était impressionnant. Heureusement qu’il y avait une structure formant un mini tunnel, car même avec ça on était trempés. On sentait toute la force de l’eau qui s’abattait sur le petit toit de fortune.

Le passage sous la cascade

On s’est arrêtés pour pique-niquer devant une ancienne maison de levadores, les ouvriers des levadas. Tout un groupe de pinsons (pas du tout intéressés par les miettes de sandwiches ^^) nous a tenu compagnie pendant cette petite pause, donc j’en ai profité pour prendre plein de photos.

Peu après, on a dû traverser un tunnel interminable. Vraiment, on n’en voyait pas la fin. D’après notre carte, on pense qu’il faisait environ 2 km de long, et ça nous a pris 20-25 minutes de le traverser. Par endroits, on s’est fait attaquer par des trombes d’eau, c’était méga impressionnant. Le sol était aussi recouvert de flaques bien profondes, et on est ressortis trempés jusqu’aux os. C’était une sacrée expérience, d’être dans le noir total (on ne voyait vraiment pas la sortie, tellement c’était long, et le faisceau de la lampe frontale servait juste à ne pas se cogner la tête, car le plafond était bas), et c’est fou comme le son voyageait mal. On n’entendait pas les trombes d’eau avant d’être à seulement quelques mètres. On a croisé des gens à un moment, et pareil, on ne s’est remarqués qu’au dernier moment, c’était fou. C’était un moment sacrément fatigant (et froid), mais aussi sympathiquement particulier.

Après le tunnel, la rando commençait toutefois à devenir un peu longuette. Surtout avec le manque de sommeil, j’avais mal au crâne et je n’arrivais pas à profiter comme il se doit des beaux paysages montagneux.

Finalement, on arrive au bout, même si ce n’était pas très clair que c’était le bout. Voilà la rivière, avec un petit barrage et de beaux rochers. On retrouve un couple de Français qui logeait aussi à Solar da Bica et on discute un petit moment. Puis on se pose pour manger des fruits, histoire de reprendre des forces pour effectuer le retour.

Le retour était laborieux, car on était épuisés. J’avais l’impression finalement de marcher en mode automatique, comme si j’avais une mission et que mon cerveau se répétait simplement qu’il fallait continuer d’avancer. Il y a quand même eu de chouettes moments, notamment quand on a revu un pigeon trocaz et des roitelets, et aussi les régulières visites de pinsons des arbres, qui s’envolaient du chemin à notre arrivée.

C’était quand même une très chouette rando, d’environ 26 km aller-retour (30 km selon les panneaux le long du sentier), qu’on a engloutie en sept heures. Les paysages sont beaux, mais c’est une balade que je recommande de faire quand on n’est pas déjà exténués en se levant le matin. ^^’

On s’est requinqués le soir en allant se détendre dans la piscine chauffée de l’agro-tourisme puis avec un repas super délicieux et copieux dans un petit resto du front de mer de São Vicente.

A lundi prochain pour la suite de la rétrospective! 😉