Scot18#5 Ron Mara, suite et fin

Bonjour!
Aujourd’hui, je vous présente les dernières photos et anecdotes de Ron Mara. J’ai étalé un peu tous les trucs que je voulais aborder avant de clore ce chapitre, donc c’est assez hétéroclite. 😉

L’un des deux alpagas donnant son nom à l’arrêt de bus inofficiel “Alpaca stop”

Durant mon temps à Ron Mara, je pensais souvent au bonheur que ça représente d’habiter dans un lieu si beau, au sommet de la colline, avec une telle vue sur la mer et les îles. Ça m’a rappelé mon semestre à Aberdeen, où je pensais chaque jour à quel point Old Aberdeen et le campus étaient beaux, et comme ça me donnait beaucoup plus envie d’aller à l’Uni.

J’ai aussi appris tellement de choses auprès d’Ed et Carina. J’avais l’impression de me nourrir autant de leur riche expérience que de la joie d’avoir les mains dans la terre, de travailler dehors sans m’énerver devant un ordi.

La vue sur la maison depuis le jardin, avec Broody, une poule qui voulait toujours couver — pas facile d’aller récupérer ses oeufs, il fallait être tenace!

A Ron Mara, j’ai aussi super bien mangé! On préparait des bons repas avec les produits du jardin: choux-fleurs, courgettes, fraises, myrtilles, salade, chard, broccoli, tomates,… J’adorais aller me promener dans le jardin pour cueillir des ingrédients pour le petit-déjeuner ou les repas, et décider du plat à ce moment-là. Une fois, on a même fait un délicieux pesto à base de capucines, ces jolies petites fleurs orange.

Des capucines du jardin
Une des orchidées sauvages du jardin

Le jardin n’avait bien sûr pas simplement pour but de faire pousser des choses à manger. C’était un hotspot local de biodiversité incroyable, ça bourdonnait et voletait de partout: des papillons, des abeilles, des bourdons, des oiseaux et bien plus! Il y avait tout un coin du jardin non tondu pour laisser la prairie fleurie grouiller de vie, et il y avait également un étang, avec plein d’orchidées sauvages tout autour. Je trouve magique la capacité des espèces végétales comme animales de coloniser un lieu dès que l’habitat leur convient. Ed m’a raconté qu’ils n’ont quasi rien planté autour de l’étang, la végétation s’est fait une place toute seule.

Comme lors de mes précédentes expériences de WWOOFing, j’ai trouvé incroyable la vitesse à laquelle on se sent vite chez soi chez des inconnus, comme on se crée rapidement une sorte de routine même si les journées ne se ressemblent pas: griller des noisettes à mettre dans le müesli, nourrir les poules et aller chercher les oeufs, observer les vaches remonter vers le haut du champ chaque soir, vérifier l’état des filets de protection des courgettes à chaque passage dans le jardin (les poules aimaient particulièrement aller gratter les courgettes avec leurs pattes, et elles étaient assez douées pour libérer des passages entre les petites barrières et filets qui étaient censés protéger les courgettes), ‘nourrir’ les choux au ‘liquid feed’ (un engrais liquide fait maison avec algues et orties), arroser les plantes de la glasshouse/véranda ou encore dévorer les livres de la bibliothèque bien fournie d’Ed et Carina, aux sujets les plus divers: histoire celte, comportement des oiseaux du Royaume-Uni, guide de détermination des coquillages, plantes comestibles et, l’un de mes préférés, un guide pour appréhender et lire le paysage gaélique à travers sa toponymie!

Depuis ma chambre, au premier étage, je pouvais observer tous les jours des voisins hyper mignons: une famille d’hirondelles, qui vivait sous la gouttière. Je devais d’ailleurs faire attention de ne pas ouvrir trop grand les fenêtres, car sinon elles essayaient de rentrer dans la chambre!

La maman hirondelle (deuxième depuis la gauche) entourée de ses petits

Plusieurs fois, nous sommes allés à Tarbert, la petite ville à 30 minutes en voiture au nord de Muasdale où Carina travaille comme médecin. L’occasion de faire les courses, visiter l’église, admirer les ruines du château et prendre un petit café.

Les ruines du château, sur la colline. Apparemment, c’était une place royale très stratégique durant le Moyen-Âge, avec une position pile entre West et East Loch Tarbert.
Le port de Tarbert

Avant de déménager sur leur colline à Ron Mara, Ed et Carina habitaient à Tarbert, à flanc de colline. Ils y ont encore leur maison, qu’ils louent à des amis pour des clopinettes. Ils gardent encore du matos dans la cabane du jardin, et j’y ai passé toute une après-midi à remettre un vélo en état (j’ai changé les plaquettes de frein, en gros). C’était un jour incroyablement ensoleillé et chaud, et j’étais accompagnée dans ma mission par un des chiens des habitants de la maison. Il était super câlin, à se coucher contre moi pour profiter de mon ombre.

L’adorable chien tout doux

Une autre activité que j’ai adoré faire à Ron Mara, c’était tresser les oignons (et l’ail, aussi), une fois séchés au soleil. Ça se passait dans une jolie structure en bois au fond du jardin, avec son toit végétalisé, et plein d’outils à l’intérieur, ainsi que des plans de la propriété épinglés au mur et des plannings de plantation.

Je tressais les oignons pour en faire des ballots et les suspendre au plafond et à une cordelette, pour libérer de l’espace. Chaque soir, j’éminçais aussi une tonne d’oignons — la consommation d’oignons et d’ail par Ed et Carina était impressionnante!

Une autre activité quotidienne était bien sûr d’admirer le coucher du soleil, quelque chose dont personne ne se lassait!

La lumière dorée à travers la fenêtre de la cuisine

Mon départ de Ron Mara a été plutôt chaotique. Je prenais le premier bus du matin, vers 6h, et je me sentais toute nostalgique de partir. Carina m’a déposée en voiture à l’arrêt de bus de Muasdale avant de partir au boulot et, alors que j’attendais le bus, j’ai remarqué que je n’avais pas mon K-way (ma seule veste, donc). J’avais prévu de la porter car de la pluie était annoncée, sauf que finalement il ne pleuvait pas, et je pouvais tout à fait visualiser ma veste violette nonchalamment posée sur la rambarde de l’escalier. Ni une ni deux, j’appelle Ed, qui était encore à Ron Mara. Il me dit alors qu’il arrive avec la veste (ils ont deux voitures électriques), et je commence à implorer les dieux des transports publics pour que le bus soit en retard (en l’occurrence, il l’était déjà au moment où je me suis rendu compte, j’espérais donc qu’il soit encore un peu plus en retard). Zut, je vois le bus qui arrive et je lui fais signe. Au moment où je monte pour lui dire que j’attends un ami qui doit m’apporter un truc, Ed déboule, je cours chercher ma veste et le remercier avant de sauter dans le bus! Oulala, le timing de ouf! Je me suis affalée dans mon siège, soulagée. Le K-way, c’est vaiment le truc à ne pas égarer, surtout avant d’aller dans les Hébrides, haha!

Petit effet avec le mode ‘création’ de l’appareil photo, lors d’une après-midi à la plage

Et voilà, je laissais Ron Mara devenir de plus en plus petit, derrière moi, filant vers le nord de la péninsule. Je suis passée par des routes que j’avais commencé à vraiment bien connaître, à force, et ça me faisait tout bizarre de voir plein d’endroits pour la dernière fois.

J’ai changé de bus à Lochgilphead, où j’avais pas mal de temps avant mon bus pour Oban, et je suis donc allée prendre un moccha dans un café qui venait d’ouvrir, avec une très gentille serveuse qui m’a tapé la causette et, après avoir appris que j’allais à Oban, m’a proposé de lire le Oban Times.
J’étais agréablement surprise de voir qu’une grande majorité des articles avaient trait à l’environnement! Création d’une nouvelle réserve naturelle, fait divers d’hirondelles nichant sur un ferry, évolution des populations locales de sternes,… J’ai aussi trouvé une page spécialement dédiée au shinty, ce sport typiquement écossais qui a des airs de hockey sur gazon. C’était super chouette de lire les news locales, je trouve que ça donne un peu une idée de la vie dans le coin, de ce dont les gens parlent, des préoccupations locales,…

Puis c’était l’heure de mon bus pour Oban — et mon périple n’en était qu’à son début! Une fois à Oban, j’ai mangé et fait les courses avant d’embarquer sur le ferry pour Mull. J’étais tout enthousiaste de retourner enfin sur cette île, où j’étais allée en 2011 lors de mon premier voyage en Ecosse. Mais ce jour-là, je ne faisais que passer. Une fois débarquée à Craignure, j’ai pris le bus pour Fionnphort, tout au sud-ouest de Mull, où j’ai embarqué sur mon ultime ferry de la journée direction Iona. Là encore, une île dont j’avais gardé de très bons souvenirs lors de mon séjour de 2011 — je m’en souviens même super bien car c’était le seul jour où on a vu le soleil plus de cinq minutes d’affilée, haha!

En tirant mon balbuzard à roulettes (mon sac Osprey, donc), j’ai marché jusqu’à la pointe nord d’Iona et sa merveilleuse auberge de Lagandorain — la seule de l’île. Avec un agréable sentiment de bout de monde, j’étais lancée dans la suite de mon voyage.

A la prochaine pour la suite des aventures! 😉