Sheltie19#19 Direction l’ouest

Bonjour à tous!
Aujourd’hui, on continue la rétrospective shetlandaise avec un petit article de transition. Nous avons finalement quitté Levenwick (pour la deuxième fois) pour nous aventurer dans l’ouest shetlandais. Notre seul plan du jour: planter notre tente à Skeld.

On s’élance donc sur les routes et on fait notre premier arrêt à Scalloway, l’ancienne capitale de Shetland. On y visite le musée local, très bien fait, qui aborde une grande variété de sujets et expose plein d’objets: de belles pierres illustrant la diversité de roches de l’archipel, artefacts archéologiques, histoire de la pêche et de l’agriculture locales,… Mais le point principal de l’exposition, c’est l’histoire du Shetland Bus, cette unité navale qui faisait des liaisons entre Shetland et la Norvège occupée durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de cette opération, des bateaux de pêche transportaient notamment des agents du renseignement, des réfugiés ainsi que des fournitures militaires. Bien sûr, il y a eu des morts durant certaines de ces traversées, et cette partie de l’exposition était très émouvante. Dans la ville, on trouve d’ailleurs un mémorial pour le Shetland Bus.

Puis on a visité les ruines du château de Scalloway, situé juste en face du musée, qui appartenait à un lord cruel et mal-aimé.

On a visité le reste de la petite ville à pied, mangé un bon repas dans un pub (avec du délicieux Thistly Cross cider), puis on a directement conduit jusqu’au camping de Skeld. En chemin, on voit défiler plein de jolis lochs et collines. Arrivés à Skeld, on aperçoit un grand attroupement devant l’église qu’on suppose être un enterrement. On descend jusqu’au camping où, sans surprise, il n’y a personne, tout le village étant sans doute à l’enterrement. Plus surprenant, la cabane faisant réception/sanitaires/cuisine est fermée à clé, première fois qu’on voit ça dans l’archipel. ^^

Alors qu’on est en train de lire les instructions scotchées sur la porte, un campeur souriant s’approche de nous en lançant “Did you enjoy your swim?!”. Il s’avère qu’il nous avait repérés à Fetlar, quand on se baignait, puis encore à Burravoe, sur Yell! Et sa femme et lui étaient également sur Foula en même temps que nous, ils y avaient campé quelques jours. Il se rappelait de notre voiture, car sa femme se demandait ce qui attirait tant de gens à Shetland. Eux viennent de Stirling et “collectionnent les montagnes”. Ils étaient à Shetland pour gravir les 19 Marylins de Shetland, soit ces collines avec au moins 150 mètres de dénivelé. Il leur manque uniquement la Marylin de Fair Isle, car leur vol a été annulé trois fois à cause du brouillard. On a discuté un petit moment, c’était vraiment très sympa! Puis il a dû partir, car sa femme et lui reprenaient le ferry pour Aberdeen le soir même.

Toujours devant la petite cabane sanitaires/cuisine du camping, on a rencontré Nadia, une Suisse alémanique, et son bébé. Nadia vient dans ce camping tous les étés depuis 7 ou 8 ans et connaît bien le coin et les proprios. Elle nous a donc ouvert la porte et a dit qu’elle nous trouverait une clé pour le soir. On s’est vite installés puis on a repris la voiture pour aller faire notre marche du jour, celle du broch of Culswick et des Burga stacks.

La marche était très sympa! On a pu admirer de jolis lochs, de la tourbe, de la sphaigne, de belles falaises, une flopée de moutons, des goélands, des fulmars et même des puffins.

Les ruines du broch of Culswick, sur la colline

Les ruines du broch of Culswick sont superbes, avec une roche rose typique de l’ouest de l’archipel qu’on a beaucoup vu dans le coin. Dans le broch, on a trouvé une grande famille en train de pique-niquer joyeusement au milieu des ruines.

Les collines, la brume, les lochs. 🙂

Je n’ai pas grand-chose à dire sur la marche du jour, à part que c’était bien chouette, donc voilà le reste des photos et la suite du récit de cette belle journée, qui était encore loin d’être finie!

Ce jour-là, on a encore eu plusieurs preuves que l’archipel est vraiment petit. De retour au camping de Skeld, on a retrouvé un couple de jeunes Anglais qu’on avait déjà vu à Levenwick. Au début on croyait que c’était une famille vu la taille de leur tente, mais en fait ils avaient juste une tente de folie: assez grande pour se tenir debout, un grand espace chambre d’un côté et, de l’autre, un espace cuisine qu’on leur enviait parfois, le matin, quand on se faisait attaquer par les midges dehors et qu’on sentait des odeurs de bacon s’élever de leur tente. Ils avaient aussi toujours un étendoir pour leur linge, donc on les repérait de loin (on les a encore croisés dans un autre camping plus au nord).

Le soir, on a à nouveau quitté le camping et, sur la route, on a croisé Steve et Saana, les chercheurs d’orques!

José et moi sommes passés par Lerwick pour faire quelques courses, puis nous avons filé jusqu’au club de golf d’Asta pour une music session. C’était hyper cool! J’avais entendu parler de ce truc dans le catalogue des activités de l’archipel, et on n’a pas regretté d’y avoir fait un saut.

Les Burga stacks

En gros, chaque jeudi soir, des musiciens se regroupent dans le bâtiment du club de golf pour jouer de la musique ensemble, manger quelques biscuits et partager un verre, et tout le monde est le bienvenu, musicien ou non!

L’ambiance était hyper cosy et relax (pas du tout ce qu’on imaginait en pensant à un club de golf, donc on était bien soulagés) et on a passé une super soirée! En arrivant, on a pris une bière puis on s’est assis à côté des quelques autres visiteurs, sur le bord. Incroyable hasard, on s’est retrouvés à côté d’une Ecossaise vivant en Suisse, à Villars, depuis 21 ans. Elle était originaire de Glencoe et passait des vacances à Shetland avec ses parents. On a discuté naturalisation (elle était en plein processus pour devenir citoyenne suisse), vie en Suisse, et Ecosse, bien sûr!

Niveau musique, c’était hyper entraînant et on s’est dandinés sur nos chaises toute la soirée, tout heureux. Il y avait énormément d’accordéonistes (un instrument phare de l’archipel), mais aussi une joueuse de fiddle, un pianiste, un bassiste, un guitariste et un mec génial qui jouait plein d’instruments différents (certains que je n’avais jamais vus!) et qui me faisait penser à Kamaji, l’homme-araignée dans “Le voyage de Chihiro”. Ils jouaient de la musique typique de bal folk et des airs populaires, mais pas forcément shetlandaise. On a par exemple eu droit à “When the Saints go marching in”!

A la mi-soirée, c’est l’heure de partager thé et biscuits et de rencontrer un peu les gens. On a ainsi discuté avec le shérif de l’archipel, un accordéoniste très doué! Apparemment, les autres participants n’étaient au départ pas sûrs qu’il puisse venir ce soir-là, car il y avait eu un meurtre à Lerwick, le premier depuis un bail (ambiance série policière “Shetland”, quand tu nous tiens!).

Bref, on a passé une super chouette soirée, qui nous a notamment permis de faire la connaissance de Shetlandais! Puis on est rentrés dans la nuit brumeuse en chantant en choeur dans la voiture. 🙂

Photo natel prise sur la route Skeld-Lerwick

Et voilà pour aujourd’hui! Jeudi, je vous emmène à la découverte d’une autre île sur laquelle on a passé une magnifique journée!
See ya!

Sheltie19#17 Mousa

Bonjour tout le monde! 🙂
En cette période de confinement, où j’ai parfois un peu l’impression de tourner en rond et que les jours se ressemblent parfois un peu tous, me replonger dans les photos des vacances et le carnet de voyage me fait super plaisir. Je me suis aussi remise à dessiner, un autre moyen de s’évader et de laisser parler l’imagination — je partagerai sûrement quelques dessins ici un de ces quatre, et en attendant, certains sont sur Instagram, sous julie.ulva2!

Bref, aujourd’hui dans la rétrospective shetlandaise, retour dans le sud de Mainland pour une super chouette journée combinant nature et archéologie (un peu le leitmotiv des vacances, me direz-vous!).

Nous avons commencé la journée tout tranquillement, en dormant un peu plus longtemps histoire de nous remettre de notre longue journée de la veille, puis nous sommes allés à Sandwick, un port tout proche de Levenwick.

Notre visite du jour: l’île de Mousa! Une excursion que je me réjouissais de faire depuis vraiment longtemps! Nous étions un peu en avance, donc nous avons marché le long de la côté à Sandwick et visité une expo locale, ainsi qu’observé des eiders à duvet et des phoques gris, en attendant le départ de notre bateau, le Mousa boat.

Des cormorans

A 11h30, on a pu embarquer, avec une flopée d’autres touristes enthousiastes. L’équipage était hyper sympa, et la traversée très courte. En 10 minutes, nous voilà sur l’île de Mousa, inhabitée depuis 1850. On décide de participer à une marche guidée par une locale, une fille très sympa qui venait de finir ses études sur le mainland écossais et qui revenait vivre à Shetland pour être prof de biologie et chimie. Au début, on n’a pas appris grand-chose, car il faut dire qu’on commence gentiment à s’y connaître en faune locale et en archéologie préhistorique shetlandaise. Mais on n’a quand même pas regretté! Notre guide nous a notamment montré de superbes “mud cracks” fossilisées qu’on n’aurait jamais repérées tout seuls.

Du grès avec des “fissures de boue” fossilisées

On en a aussi beaucoup appris sur l’histoire de l’île. Notre guide nous a raconté l’histoire de deux importants naufrages, dont un en 1941, avec un navire de guerre dont il reste encore un bout d’épave rouillée.

Elle nous a parlé du petit phare, allumé en 1951 seulement, ainsi que des propriétaires de l’île, de la contrebande qui y avait lieu, des derniers habitants… C’était très instructif! Au fait, le nom de l’île signifie “mossy island”, mais j’avoue qu’on a pas remarqué particulièrement plus de mousse qu’ailleurs à Shetland. On était dans l’archipel pendant une période très sèche, et notre guide nous a appris que d’ordinaire, le sol est complètement détrempé et que le sentier ressemble davantage à un champ de boue.

Côté faune sauvage, on a vu, entre autres, des Great skuas, des macareux (en mer), des sternes arctiques, des phoques gris et communs, des cormorans, des fous de Bassan, des plongeons catmarins avec des jeunes, plein, plein, plein de guillemots à miroir et des goélands marins (great black-backed gulls). On a appris que ces derniers aiment traîner près des colonies de cormorans afin de récupérer leurs pelotes de réjection! Et c’est vrai que sur chaque rocher couvert de cormorans, on a toujours trouvé un goéland!

On aussi vu deux oiseaux non identifiés (cf. ci-dessous). On a passé la soirée au camping entourés d’autres campeurs, chacun en train de feuilleter son guide ornitho, mais on n’est pas arrivés à des conclusions satisfaisantes. Il faut dire que les deux individus étaient loin, et que les photos ne sont pas des plus nettes. Voici quand même les deux meilleures si jamais vous avez des idées (sinon, il faut que je me rappelle de poster les photos sur le groupe Facebook “Shetland birds and wildlife”). Pour l’oiseau de droite, je penche pour un guillemot à miroir juvénile.

Un groupe de phoques
Great skua
Un phoque gris
Des plongeons catmarins au loin

L’une des maisons en ruines de l’île, appelée “The Haa”, appartenait apparemment à James Pyper, un marchand ayant acheté l’île en 1783 pour venir y habiter avec sa femme. Cette dernière était alcoolique, et l’idée de son mari était que vivre dans ce lieu isolé l’empêcherait de picoler. Mais pas de bol, la femme aurait découvert que des contrebandiers utilisaient l’île pour amener illégalement de l’alcool dans l’archipel et elle se serait associée à leur business — pas le top pour oublier la boisson! ^^

A droite, The Haa. A gauche, la raison pour laquelle l’île est si visitée…

Après avoir longé la côte nord-est de l’île, on bifurque pour aller voir LA raison pour laquelle tant de gens visitent Mousa: son broch. Vieux de 2300 ans, ce broch mesure 13 mètres de haut et est le mieux conservé d’Ecosse.

Vue sur le broch

Alors que la plupart des autres brochs (dont le voisin de Mousa, situé juste en face sur le Mainland) ne sont plus que des ruines, celui de Mousa est encore très bien préservé. Ce qui l’a sauvé, c’est la quantité de pierres sur l’île. Il y en a tellement que les différentes générations d’habitants n’ont pas eu besoin de récupérer les pierres d’anciens bâtiments pour construire leurs propres habitations, ce qui n’était pas le cas dans le reste de l’archipel, où les bonnes pierres sont assez rares.

Je suis toujours épatée en pensant au fait qu’il y a plus de 2000 ans, des peuples ont réussi à bâtir de tels édifices, avec quasi rien.

Le plus fou, c’est que Mousa broch est en si bon état qu’on peut encore en gravir les escaliers pour atteindre le sommet de la tour!

Encore plus fou: le broch est un haut-lieu de nidification pour le plus petit oiseau marin du Royaume-Uni, l’océanite tempête (storm petrel en anglais et alamootie en shetlandais). L’île de Mousa représente la plus importante colonie de storm petrels du pays, avec 40% de la population nationale (l’île est d’ailleurs une réserve du RSPB d’importance européenne). Ces minuscules oiseaux nichent notamment dans les vieux murs de pierre sèche, et le broch possède quantité d’interstices parfaits pour leur nidification. En montant les escaliers, on a entendu des petits cris stridents… et là, dans un creux du mur bordant l’escalier, on a vu un strom petrel et son oeuf! Wahou, c’était tellement chou! Je savais que c’était petit, mais pas à ce point-là. C’était vraiment minuscule. Bref, on était hyper contents d’en avoir vu un, on ne s’y attendait pas.

Au début de l’été, le Mousa boat fait exprès des visites nocturnes, qui permettent de voir les océanites revenir à leur nid. Ça doit être magique! Malheureusement, lors de notre venue, c’était déjà trop tard dans la saison.

Depuis le sommet du broch, on a une super jolie vue sur l’île et le Sound of Mousa. Mais ce que je préfère, ça reste les épaisses couches de lichen sur les vieilles pierres. 🙂

Au rez-de-chaussée du broch, on trouve également une pierre avec un magnifique fossile de coquillage:

Et les alentours regorgent de guillemots à miroir. Il y en a même qui nichent dans le mur du broch, à l’extérieur!

Guillemots à miroir nichant sur le mur extérieur du broch

Je crois que ce sont mes oiseaux préférés de ce voyage. Ils sont si beaux, si caractéristiques, avec leurs superbes pattes rouges et leur taches blanches.

Photo prise par José avec le téléobjectif

En chemin pour retourner vers l’embarcadère, on passe devant un fameux banc construit avec du bois flotté trouvé sur l’île et qui marque le passage à 60° de latitude nord. Durant le séjour, on a bien remarqué que les Shetlandais avaient l’air hyper fiers de leur latitude. La limite est notamment marquée sur la route principale et c’est aussi le nom d’une bière de la brasserie de Lerwick.

En attendant les quelques minutes avant l’embarquement pour la traversée du retour, on a admiré le travail des bergers qui venaient tondre leurs moutons. Eh oui, car même si l’île est inhabitée du point de vue humain, il y a tout de même des moutons qui y paissent, en accord avec le statut de réserve RSPB.

D’ailleurs, vu que c’était le jour de la tonte, tout le monde a dû visiter l’île dans le sens inverse par rapport à d’habitude, pour ne pas gêner les bergers qui rassemblaient leur troupeau.

Et puis hop, retour sur le Mousa boat! Plutôt que de retourner direct à Sandwick, le capitaine a longé le sud-ouest de l’île pour qu’on puisse voir encore une fois le broch.

Parfois, des orques sont observées dans le Sound of Mousa, ainsi que des dauphins. Ce n’était pas le cas ce jour-là, mais on a tout de même vu un marsouin, notre premier des vacances! Et puis c’est toujours un plaisir de voguer sur l’eau, avec le vent dans les cheveux et le goût de la mer sur les lèvres. 🙂

De retour à Sandwick, le ciel est bien couvert et on sent nos muscles après le kayak de la veille, donc on décide de passer une après-midi tranquille à Lerwick. On a acheté des timbres à La Poste, bu un délicieux chocolat chaud au Peerie shop & café, puis on est allés au Mareel, le centre culturel/studio d’enregistrement/théâtre/bar/école d’arts/cinéma, afin de voir “The Lion King” (2019), la nouvelle version. Je ne pensais à la base pas du tout aller voir ce film au cinéma, mais finalement on a été assez épatés par la qualité visuelle du film — même que ça fait tellement réaliste que c’est très bizarre de voir des lions parler… Le plus drôle, c’était surtout l’ambiance: forcément, puisque tout le monde connaît l’histoire, le public anticipait les moments clés et les enfants dans la salle étaient tout excités! On a d’ailleurs pu entendre des vrais Shetlandais nous parler de leurs “bairns”, huhu.

Voilà, c’est fini pour aujourd’hui! A jeudi pour le prochain article de la rétrospective shetlandaise! 😉