Bonjour et bienvenue pour la suite de la rétrospective, avec le récit de notre cinquième jour sur le Cape Wrath Trail!
Après des semaines de soleil, la pluie a fait un retour fracassant et a transformé le paysage du jour au lendemain.




On a plutôt bien dormi dans les collines vers Mam Unndalain, malgré quelques fortes rafales de vent et de la pluie par intermittence. Le matin, on s’est levés au milieu des nuages, dans un monde métamorphosé: il y a des petites mares et des ruisseaux qui dégoulinent de tous les côtés. Nous sommes dans un paysage quasi aquatique!




On entame la descente vers Barisdale, à travers Gleann Unndalain. Il y a régulièrement des averses, mais finalement on a surtout droit à de la bruine. L’humidité vient avant tout du sol, avec plein de torrents à traverser et des sentiers parfois eux-mêmes transformés en ruisseaux.




C’est vraiment fou comme une seule nuit de pluie peut transformer le paysage. Fini les burns à sec, l’eau coule partout! On a vite les pieds mouillés, mais on s’en fout, c’est l’aventure, on est heureux et c’est magnifique: avec toutes ces cascades, on se croirait à Rivendell. ♥




On se sent comme de véritables aventuriers, à passer agilement de rocher en rocher pour traverser les torrents, l’eau grondant de toutes parts autour de nous. On est d’ailleurs impressionnés par le volume (physique et sonore) de toute cette eau.
La météo s’est peut-être “dégradée”, mais pas notre moral, on se sent en forme.


On atteint Barisdale, où on se réfugie dans le bothy — de luxe, avec électricité et toilettes, mais payant (5£ la nuit) — le temps de manger notre porridge. Un couple du Peak District arrive peu après, en provenance de Kinloch Hourn et en route pour Inverie. Ils ont dormi au B&B de Kinlochhourn la veille et nous annoncent que le tea room ferme à 20h, et que le camping juste à côté a l’air d’avoir un bon “shower block”. On est surpris, car on croyait qu’il y avait juste une aire informelle de camping sauvage, mais du coup on se réjouit d’autant plus d’arriver à Kinloch Hourn. De la bouffe et une douche, voilà qui motive!


On voit un cerf brouter juste devant le bothy et on reprend la marche.
On longe la rive sud de Loch Hourn, et c’est absolument magique.




Les montagnes sont à peine visibles dans les nuages mais c’est très atmosphérique, on se croirait dans une aquarelle.



De beaux arbres (dont de superbes pins sylvestres) me donnent d’ailleurs super envie de dessiner!


Après toutes ces semaines de soleil, c’est comme si la pluie faisait ressortir les couleurs du paysage: le bleu-gris de l’eau, le vert pomme du bracken, l’ocre des algues sur les rives. ♥




Le sentier nous fait passer tout près de l’eau et dans des petits sous-bois à l’ambiance incroyable, c’est vraiment superbe.




Je m’émerveille devant toutes les mousses et plantes qui poussent sur les troncs et les rochers.



Malgré mon enthousiasme jusqu’ici, je peine sur la fin: après une brève pause, je n’arrive plus à régler parfaitement mon sac et j’ai l’impression qu’il pèse une tonne, alors qu’il me paraissait si léger le reste de la journée.




Mais surtout, j’ai faim. Alors c’est le désespoir quand on atteint Kinlochhourn vers 16h30 et qu’on se retrouve devant le tea-room fermé. Horaires d’ouverture affichés sur la porte: 12-16h. Le couple de Barisdale a dû nous filer les horaires pour les résidents du B&B…





Puis on va jeter un oeil à l’aire de camping, où se trouve une “honesty box” (mais sans montant précisé). On ne sait pas où le couple croisé à Barisdale a imaginé un “shower block”, il n’y a même pas de toilettes. C’est juste une zone d’herbe détrempée entre la rivière et la “route” — eh oui, Kinloch Hourn est un cul-de-sac au bout d’une petite route isolée, qui dessert juste le tea room et le domaine.



C’est un coup dur pour le moral. En plus, la pluie s’est calmée et les midges sont voraces. On ne sait pas trop quoi faire, rester ou continuer. L’étape d’après est décrite comme “rough”, avec des traversées de rivières difficiles (et dangereuses) lorsqu’il pleut. Il n’y a pas de réseau, mais on regarde les prévisions météo avec le Garmin InReach: le lendemain matin s’annonce encore plus pluvieux. On ne pourrait pas aller bien loin le soir, donc on décide de planter la tente à Kinloch Hourn, à côté de la rivière qui gronde, en se disant qu’on va s’octroyer un demi-jour de repos le lendemain, pour éviter le gros de la pluie — et, accessoirement, pouvoir manger au tea-room avant de repartir.


Nos pieds sont tout flétris comme s’ils sortaient du bain, après avoir passé la journée mouillés. On se prépare un chocolat chaud pour nous réchauffer et remonter le moral. Les midges s’invitent en masse dans la tente et on passe un moment à essayer de les exterminer, avant de manger un bon repas et de passer la soirée dans la tente. Entre la pluie et les midges, c’est de toute façon dans la tente qu’on est le mieux! 😉

Après une grande première partie de journée enchanteresse et remplie de joie face à la beauté des lieux (cascades, couleurs, loch!), cette fin d’après-midi à Kinloch Hourn aura vraiment été un “low point” du trek — voire le low point. L’indécision, les doutes quant au “best course of action”, l’inquiétude pour les traversées de rivières à venir… ce n’était pas un moment des plus agréables. Avec le recul, on est bien contents de notre décision et d’avoir pris du temps pour nous reposer avant de continuer.
A bientôt pour la suite!
[Distance Jour 27: 16.8 km et 444 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 519.5 km]

Je ne sais pas pourquoi, mais c’est assez fréquent que les gens qu’on croise en rando nous disent n’importe quoi. J’ai quasiment cessé de croire à ce qu’on me dit, tellement on m’a dit des âneries qui m’ont parfois fait faire de gros détours…! Donc ça ne m’étonne pas pour vous, mais quelle déconvenue.
Comment faisiez-vous pour sécher vos affaires et notamment vos chaussures et chaussettes quand vous aviez les pieds vraiment trempés ? Parce qu’en septembre, je suis allée randonner dans le Puy-de-Dôme, j’ai eu 2 jours de grosse pluie et heureusement que je dormais en gîte d’étapes pour pouvoir faire sécher mes trucs…
Ouais je ne pense pas que c’était malveillant de leur part, mais ça a vraiment élevé nos attentes alors qu’on n’en avait pas auparavant… Quel faux espoir! ^^’
Pour faire sécher les affaires, on les étendait dans notre auvent sur une petite corde à linge de voyage (et on a aussi une petite cordelette dans la tente intérieure sur laquelle on étend nos chaussettes), mais on ne va pas se mentir, c’était rarement sec le matin (même qu’on portait surtout des habits en laine mérinos, donc ça sèche plutôt vite comme matière mais ça ne fait pas de miracle non plus quand l’air est humide tout le temps ^^). Vu que de toute façon on avait des rivières et tourbières à traverser quasi tous les jours (sur le CWT), on avait de toute façon vite de nouveau les pieds mouillés dans la journée… Donc on s’est fait une raison et on remettait juste nos affaires mouillées le matin (c’était pas le moment le plus agréable de la journée mais on s’y fait ^^). Et vu que les pieds étaient du coup mouillés un peu toute la journée, on prenait bien soin d’eux le soir, avec un spray rafraîchissant et antibactérien au tea tree et de la crème style “anti trench foot”, et en les laissant bien aérer — et ça a super bien marché!