Scottish Diagonal #26 Pluie, soleil et grêle

Bonjour tout le monde!
C’est parti pour la suite de la rétrospective. Nous reprenons le fil du récit à Kinloch Hourn, lors d’une journée faite de hauts et de bas.

Il a plu fort pendant la nuit et ça soufflait pas mal par moments. On imaginait les rivières en crue, infranchissables — on entendait d’ailleurs Allt Coire Sgoir adail qui grondait super fort juste à côté, j’avais peur qu’elle inonde la zone de camping. Bref, on se sentait un peu inquiets et peu confiants, un peu déprimés d’être coincés dans la tente à cause de la pluie.

Cimetière de midges

On n’avait pas mis de réveil puisqu’on comptait rester dans le coin jusqu’à midi et l’ouverture du tea room — ça tombait bien, car du coup j’avais lu la veille jusqu’à minuit pour finir mon livre. ^^ A 10h30, on s’active quand même gentiment pour ranger les affaires. L’auvent est couvert de midges endormis, et l’extérieur de l’inner tent est couverte de midges morts, noyés dans les gouttes de pluie.

Il y a des averses toutes les cinq minutes, entrecoupées parfois de… rayons de soleil, yeah! Ça faisait plus de 24 heures qu’on ne l’avait pas vu et il nous avait manqué (malgré les trois semaines précédentes durant lesquelles il nous collait ^^). Vers 11h40, on bouge vers Lochhournhead tearoom et on attend l’ouverture.

Lochhournhead B&B and Tearoom

Dans la cour, on découvre “Predator”, une machine pour attirer (avec du CO₂) et piéger les midges. Il y en a des milliers coincés à l’intérieur, dingue. Les tenanciers du tea room sont un couple anglais très sympathique, qui habite là depuis 14 mois. Le lieu est bien organisé, avec une “Boots room” pour faire sécher nos sacs et imperméables, et des crocs à disposition — c’est la toute première fois qu’on en portait, haha.

On s’est offert un repas de rois: red pepper soup, hot sandwiches, chocolat chaud et une part de Victoria Sponge. Ce n’était pas donné (il fallait même payer 5£ pour le Wifi et 5£ pour charger nos batteries), mais ça en valait la peine car ça nous a bien requinqués!

Un peu avant 14h, on part et on commence notre demi-journée de marche. La météo change constamment: pluie, soleil, pluie, soleil… ce qui fait qu’on s’émerveille constamment, et la lumière est splendide.

On s’élève au-dessus de Kinloch Hourn, en traversant au début la forêt-jardin du lodge, remplie d’eucalyptus. On croise d’ailleurs des guests du lodge un peu plus haut, avec qui on discute quelques minutes. Puis on s’enfonce dans les montagnes, et wahou: les vues sur Loch Hourn sont magnifiques!

On observe les nuages de pluie qui se déplacent à toute vitesse dans le paysage et le soleil qui illumine furtivement les collines.

C’est si beau que j’en crie de joie. Et je chante aussi “Flying, Soaring” de High School Musical, car on venait de l’entendre au tea room, haha. J’ai d’ailleurs partagé un moment trop drôle au tea room, en chantonnant les paroles de la chanson (“Breaking free”) en même temps qu’un autre visiteur, qui faisait partie d’un groupe de motards, mouhaha.

Inspirée par les montagnes, et comme à mon habitude, je modifie légèrement les paroles de la chanson: “There’s not a burn in Scotland that we can’t cross”, en espérant que ce soit vrai. 😉 On arrive justement à une petite “wooden stalker’s hut” (un petit abri utilisé par les chasseurs) qui marque le croisement avec Allt a’ Choire Reidh, une rivière réputée difficile à traverser lorsqu’il a fortement plu.

A notre grand soulagement, on s’en sort comme des chefs, juste avec les pieds trempés, donc on fait une pause pour vider nos chaussures et essorer nos chaussettes. Ce jour-là, l’eau arrivait juste au-dessus de la cheville et il n’y avait pas trop de courant, mais ce n’est pas toujours le cas: malheureusement, on a appris vers la fin du trek qu’un autre Suisse qui faisait le CWT en solo avait été emporté par cette rivière quelques jours après notre passage… Ça montre bien à quel point les conditions peuvent vite changer dans ces montagnes, et que ce n’est pas sans danger de les traverser.

On continue en direction de la prochaine rivière à traverser. On quitte le track et commence à remonter le long de la rivière, au milieu des tourbières et monticules de bruyère.

C’est exactement le genre de terrain que j’imaginais sur le CWT, je ne suis pas déçue! 🙂

On voit de gros nuages menaçants qui approchent vite, donc on se dit que c’est le moment de chercher un coin où planter la tente.

En plus, il est déjà 17h30 et on ne trouverait sûrement pas d’autres spots plats avant d’être redescendus de l’autre côté de la Forcan Ridge, ce qui ferait trop long.

Comme pour nous motiver à nous décider, une averse de grêle nous tombe dessus! Heureusement, ce sont de petits grêlons et seulement de courte durée. Par contre, il commence à faire froid — la météo prévoyait une température ressentie de 3°C le soir. On plante la tente sur une petite butte pas trop humide et dans un décor assez épique: nous sommes entourés de montagnes! 🙂

Dès qu’on se réfugie dans la tente, une grosse averse débarque, quel timing! On a un peu froid, donc on se réchauffe avec un chocolat chaud — on est vraiment fan de ce Cadbury instantané, haha — puis un couscous aux épices fajitas, un poil trop piquant pour moi mais qui nous a bien réchauffés. ^^

Cette journée s’est finalement avérée bien meilleure que ce qu’on pensait, même si on a peu marché — il faut dire que sur les tronçons sans sentier, dans la tourbe, le rythme est bien plus lent, mais ça nous va bien! 😉

A bientôt pour la suite!

[Distance Jour 28: 8.6 km et 601 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 528.1 km]

Scottish Diagonal #25 Wet, wet, wet

Bonjour et bienvenue pour la suite de la rétrospective, avec le récit de notre cinquième jour sur le Cape Wrath Trail!
Après des semaines de soleil, la pluie a fait un retour fracassant et a transformé le paysage du jour au lendemain.

On a plutôt bien dormi dans les collines vers Mam Unndalain, malgré quelques fortes rafales de vent et de la pluie par intermittence. Le matin, on s’est levés au milieu des nuages, dans un monde métamorphosé: il y a des petites mares et des ruisseaux qui dégoulinent de tous les côtés. Nous sommes dans un paysage quasi aquatique!

On entame la descente vers Barisdale, à travers Gleann Unndalain. Il y a régulièrement des averses, mais finalement on a surtout droit à de la bruine. L’humidité vient avant tout du sol, avec plein de torrents à traverser et des sentiers parfois eux-mêmes transformés en ruisseaux.

C’est vraiment fou comme une seule nuit de pluie peut transformer le paysage. Fini les burns à sec, l’eau coule partout! On a vite les pieds mouillés, mais on s’en fout, c’est l’aventure, on est heureux et c’est magnifique: avec toutes ces cascades, on se croirait à Rivendell. ♥

On se sent comme de véritables aventuriers, à passer agilement de rocher en rocher pour traverser les torrents, l’eau grondant de toutes parts autour de nous. On est d’ailleurs impressionnés par le volume (physique et sonore) de toute cette eau.

Exemple d’un des nombreux torrents qu’on a traversés ce matin-là

La météo s’est peut-être “dégradée”, mais pas notre moral, on se sent en forme.

On atteint Barisdale, où on se réfugie dans le bothy — de luxe, avec électricité et toilettes, mais payant (5£ la nuit) — le temps de manger notre porridge. Un couple du Peak District arrive peu après, en provenance de Kinloch Hourn et en route pour Inverie. Ils ont dormi au B&B de Kinlochhourn la veille et nous annoncent que le tea room ferme à 20h, et que le camping juste à côté a l’air d’avoir un bon “shower block”. On est surpris, car on croyait qu’il y avait juste une aire informelle de camping sauvage, mais du coup on se réjouit d’autant plus d’arriver à Kinloch Hourn. De la bouffe et une douche, voilà qui motive!

On voit un cerf brouter juste devant le bothy et on reprend la marche.

On longe la rive sud de Loch Hourn, et c’est absolument magique.

Les montagnes sont à peine visibles dans les nuages mais c’est très atmosphérique, on se croirait dans une aquarelle.

De beaux arbres (dont de superbes pins sylvestres) me donnent d’ailleurs super envie de dessiner!

Après toutes ces semaines de soleil, c’est comme si la pluie faisait ressortir les couleurs du paysage: le bleu-gris de l’eau, le vert pomme du bracken, l’ocre des algues sur les rives. ♥

Le sentier nous fait passer tout près de l’eau et dans des petits sous-bois à l’ambiance incroyable, c’est vraiment superbe.

Je m’émerveille devant toutes les mousses et plantes qui poussent sur les troncs et les rochers.

Malgré mon enthousiasme jusqu’ici, je peine sur la fin: après une brève pause, je n’arrive plus à régler parfaitement mon sac et j’ai l’impression qu’il pèse une tonne, alors qu’il me paraissait si léger le reste de la journée.

Mais surtout, j’ai faim. Alors c’est le désespoir quand on atteint Kinlochhourn vers 16h30 et qu’on se retrouve devant le tea-room fermé. Horaires d’ouverture affichés sur la porte: 12-16h. Le couple de Barisdale a dû nous filer les horaires pour les résidents du B&B…

Puis on va jeter un oeil à l’aire de camping, où se trouve une “honesty box” (mais sans montant précisé). On ne sait pas où le couple croisé à Barisdale a imaginé un “shower block”, il n’y a même pas de toilettes. C’est juste une zone d’herbe détrempée entre la rivière et la “route” — eh oui, Kinloch Hourn est un cul-de-sac au bout d’une petite route isolée, qui dessert juste le tea room et le domaine.

C’est un coup dur pour le moral. En plus, la pluie s’est calmée et les midges sont voraces. On ne sait pas trop quoi faire, rester ou continuer. L’étape d’après est décrite comme “rough”, avec des traversées de rivières difficiles (et dangereuses) lorsqu’il pleut. Il n’y a pas de réseau, mais on regarde les prévisions météo avec le Garmin InReach: le lendemain matin s’annonce encore plus pluvieux. On ne pourrait pas aller bien loin le soir, donc on décide de planter la tente à Kinloch Hourn, à côté de la rivière qui gronde, en se disant qu’on va s’octroyer un demi-jour de repos le lendemain, pour éviter le gros de la pluie — et, accessoirement, pouvoir manger au tea-room avant de repartir.

Nos pieds sont tout flétris comme s’ils sortaient du bain, après avoir passé la journée mouillés. On se prépare un chocolat chaud pour nous réchauffer et remonter le moral. Les midges s’invitent en masse dans la tente et on passe un moment à essayer de les exterminer, avant de manger un bon repas et de passer la soirée dans la tente. Entre la pluie et les midges, c’est de toute façon dans la tente qu’on est le mieux! 😉

Avec l’arrivée de la pluie, c’est le début du montage de la tente en deux parties, pour toujours garder l’intérieur sec

Après une grande première partie de journée enchanteresse et remplie de joie face à la beauté des lieux (cascades, couleurs, loch!), cette fin d’après-midi à Kinloch Hourn aura vraiment été un “low point” du trek — voire le low point. L’indécision, les doutes quant au “best course of action”, l’inquiétude pour les traversées de rivières à venir… ce n’était pas un moment des plus agréables. Avec le recul, on est bien contents de notre décision et d’avoir pris du temps pour nous reposer avant de continuer.

A bientôt pour la suite!

[Distance Jour 27: 16.8 km et 444 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 519.5 km]

Scottish Diagonal #24 Across Middle Earth

Bonjour!
C’est parti pour la suite de la rétrospective de la Diagonale écossaise, avec le 4ème jour sur le Cape Wrath Trail… jour où la pluie a finalement fait son grand retour! Le carnet ce jour-là commence d’ailleurs par ces mots: “Ça y est, la pluie nous a finalement rattrapés, et ça tombe bien. Enfin, ça tombe fort, quoi.”

Mais il a tout de même fait sec jusqu’à environ 17h, et c’était une bien belle journée. J’avais lu jusqu’à tard la veille (j’étais happée par l’histoire de “The Island Home”, de Libby Page) donc j’ai eu un peu de peine à me lever le matin. Mais quand on a enfin émergé de la tente, on a eu droit à une vue splendide sur la vallée et Lochan à Mhaim, bien bleu au soleil.

Durant tout le trek, on s’est régulièrement fait la réflexion qu’on pourrait être dans la Terre du Milieu. Des airs de Shire par-ci, Rohan par-là… Et ce jour-là, on a vraiment eu beaucoup l’impression d’avoir été transportés dans l’univers du Seigneur des Anneaux, c’était magique.

La marche dans le coin de Màm na Cloich Airde était magnifique, on se croyait dans les Alpes. On a pu observer des bécasseaux non identifiés voler au-dessus des lacs et, comme d’hab, il y avait des biches dans tous les coins.

Soudain, ça y est, on a droit à nos premières vues sur Loch Nevis! Je ne sais pas pourquoi, mais on était vraiment tout heureux de voir ce loch, haha. On en a donc profité pour faire une petite séance photo, héhé.

On continue la descente vers le loch, et on aperçoit rapidement Sourlies au loin, un petit bothy.

On traverse la rivière Finiskaig sur un pont dans une gorge splendide. Comme souvent, c’est là que la densité d’arbres est la plus grande, car c’est difficile d’accès pour les cerfs et autres grands herbivores.

Après le petit passage boisé, on atteint le bout de Loch Nevis. C’est un loch marin, qui va jusqu’au Sound of Sleat, vers Maillaig et Skye. Ça sent la mer!

On jette un oeil à Sourlies bothy, qui est tout petit et tout mignon… et bien équipé: des toilettes sèches ont récemment été installées à proximité, quel luxe!

Dans le bothy, on tombe sur une carte avec les tracés conseillés pour contourner le bout du loch en évitant le pire du bog (très pratique!) et un pot de Nutella quasi plein. On s’octroie donc un petit goûter shortbread-nutella, héhé.

Dans le coin, on aperçoit nos premières orchidées sauvages du voyage. Il y a aussi plein de digitales en fleur (je les adore!) et de superbes tapis de sea pink (armérie maritime, mais je préfère le nom anglais).

C’est marée basse, et des cerfs chillent sur le bord du loch. On croise aussi de grands gravelots.

Grâce à la marée basse, on peut facilement contourner le loch sans avoir à gravir une petite falaise, ce qui nous fait gagner du temps.

Plus loin, le bog est si sec qu’on s’enfonce à peine dans les tapis de sphaigne, ce qui facilite grandement la marche.

Seuls dans ce grand espace, on se sent si libres!

Foxgloves

On traverse la rivière Carnach (sur un pont en très bon état, pour changer!) et on la remonte pendant un moment.

Elle est superbe, avec des berges parfois taillées dans la roche (il y a plein de rochers incroyables dans le coin), des pools, des petites chutes d’eau.

Plus on remonte la rivière, plus les berges sont arborées. De vieux chênes recouverts de mousse semblent pousser directement au-dessus de la rivière, sur des rochers.

Le coin est bucolique, mais il y a un passage assez dodgy, sur un bout de sentier hyper érodé. On se pose peu après pour reprendre des forces en mangeant un bon porridge.

Je recroise un carabe comme celui m’ayant “attaqué” la veille (bon ok, c’était de la légitime défense de sa part) et cette fois j’arrive à le prendre en photo — en gardant mes distances, haha! ^^

The death beetle 😛

On croise un “Cape Wrather” venant du Nord et on échange quelques mots. Il nous raconte l’expérience (peu reposante) d’avoir croisé les 200 coureurs du Cape Wrath Ultra il y a quelques jours! Eh oui, chaque année, une course se déroule sur le Cape Wrath Trail, durant laquelle les participants avalent 400 km en 8 jours! En bons petits escargots, inutile de préciser qu’on n’est pas tentés par le challenge, haha!

On continue notre lente et agréable progression le long de la rivière Carnach. Le guidebook dit que le paysage devient “Tolkienesque”, et on est bien d’accord.

Puis on quitte la rivière alors qu’on entre dans ce qui doit être un ancien royaume elfique, avec des airs de Rivendell. C’est si beau!

On s’élève sur une pente raide, et les vues sur la rivière Carnach en contrebas, les arbres qui s’accrochent aux falaises et deux lochs au loin (Lochan nam Breac et Loch Cuaich) sont tout bonnement merveilleuses.

Malheureusement, les photos ne font pas honneur au lieu: il a commencé à pleuvoir, légèrement d’abord, et j’ai donc dû ranger l’appareil photo.

On approche de Mam Unndalain et on commence à chercher un spot pour planter la tente. On crapahute un moment entre les mêmes trois buttes avant de finalement se décider, juste à temps car la pluie devient de plus en plus forte!

Malgré la pluie, des midges nous attaquent pendant qu’on plante la tente, quelle arnaque! Normalement, l’avantage de la pluie, c’est qu’au moins il n’y a pas de midges, non mais oh! ^^’ Mais on a vite retrouvé la cosiness de notre cocon, une fois glissés dans les sacs de couchage.

Les têtes d’allumés ^^ On devait être un peu secoués par le combo pluie + midges

On a vraiment adoré ce coin du trek. Le soir même, dans la tente, on parlait déjà d’y revenir, de remonter Loch Nevis en kayak ou bateau et d’aller voir un jour Lochan nam Breac. Résultat: on a récemment réservé nos prochaines vacances en Ecosse, et on a prévu quelques jours dans le Knoydart, mais plutôt du côté d’Inverie. On se réjouit d’y retourner!

A bientôt pour la suite, qui s’annonce mouillée, très mouillée… 😉

[Distance Jour 26: 16.6 km et 614 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 502.7 km]

Scottish Diagonal #23 Du soleil, des cerfs et des libellules

Bonjour et bienvenue pour la suite de la rétrospective de la Diagonale écossaise! Nous voilà au troisième jour du Cape Wrath Trail, pour une journée toujours autant ensoleillée… mais c’était la dernière avant un long moment! 😉

Cette journée a commencé tranquillement, car on était si bien dans les sacs de couchage qu’on ne voulait pas émerger. ^^ On s’est finalement motivés à se lever vers 8h, quand le soleil est enfin passé au-dessus des montagnes et a chauffé la tente.

On a procédé à notre routine matinale sans se presser, en admirant le paysage, pour finalement partir vers 9h20. Un beau sentier nous fait monter au col entre Streap et Sgùrr Thuilm. En chemin, je veux ramasser un beau scarabée pour le prendre en photo, et il m’a mordue, ouch! Ça m’apprendra, haha. Tout le reste du trek, dès qu’on en voyait un, on s’écriait “the death beetle!”, haha. ^^ Les Highlands sont décidément peuplés de danger. 😉

Au col, on mange un bon porridge avec un chocolat chaud en admirant la vue, accompagnés par une biche qui râlait dans les hauteurs (j’ai regardé, c’est vraiment un verbe qui peut être associé au cri de la biche ^^).

On descend ensuite Gleann Cuìrnean, avec ses méandres de la rivière Cuìrnean et ses arbres qui s’accrochent aux pentes rocheuses et aux gorges.

On a aussi vu des rochers “chevelus”, recouverts de végétation. On imaginait que c’était des trolls endormis, huhu.

Au bout du glen, la rivière est splendide et offre une belle “pool” pour nager, avec une eau magnifiquement claire et des poissons qui sautent hors de l’eau!

On se dénude mais on ne va finalement pas plus loin que les cuisses: l’eau est hyper froide, on sent les aiguilles qui nous piquent les chevilles. On se sèche donc au soleil et on admire la petite cascade depuis un beau rocher plat, au sec.

Puis on se remet en route! On traverse la rivière Pean sur un pont qui n’inspire pas confiance (avec plein de planches pétées) et on marche un mini bout dans une plantation où on voit la dose de libellules. On en voyait déjà partout, mais là c’était vraiment superbe, elles étaient posées sur le chemin et s’envolaient à notre passage.

En plus des ubiquistes Pyrrhosoma nymphula et Libellula quadrimaculata, on a vu plein de Cordulegaster boltonii et même de probables Aeshna caerulea!

La plantation elle-même avait une ambiance vraiment magique, avec ses arbres et son sol couverts de mousse. On se serait crus dans le Seigneur des Anneaux — une impression qu’on a eue très régulièrement tout au long du trek! 🙂

Puis on entre dans Glen Dessary, c’est le début des Rough Bounds of Knoydart — un coin des Highlands réputé pour être particulièrement isolé, difficile, inaccessible et brut. Une vingtaine de cerfs se reposent dans un méandre de la rivière, ça commence bien. 🙂

Après un track, on emprunte un joli sentier mi-boggy, mi-accidenté qui nous fait grimper dans un splendide paysage montagneux.

On a quelques petites rivières à traverser, mais le niveau est si bas et il y a tellement de gros rochers bien placés qu’on n’a pas besoin de mouiller les chaussures.

Le paysage devient de plus en plus beau. En fait, on se fait la réflexion qu’on dirait la Suisse, haha! ^^’ Avec les montagnes et les petits lacs brillant au soleil, on pourrait effectivement se croire dans les Alpes.

On trouve un beau spot de bivouac à côté de la rivière Finiskaig, peu avant Lochan à Mhaim. Le lieu est si beau dans la lumière du soir! On plante la tente et on prépare direct à manger.

Le soleil disparaît derrière la montagne et il fait direct plus frais. On est fatigués, mais il reste à gonfler le matelas et filtrer de l’eau. José s’occupe de cette dernière tâche, ça prend du temps. Après s’être assurés qu’on n’avait pas de tiques, on s’est enfilés avec bonheur dans les sacs de couchage pour la routine du soir: écriture, soin des pieds, lecture!

On était fatigués mais c’était à nouveau une sacrément belle journée. Et c’était d’ailleurs la première journée du trek où on a vu ni café, ni shop, ni route goudronnée, ni bétail!

A bientôt pour la suite… et l’arrivée de la pluie! 😉

[Distance Jour 25: 20.9 km et 800 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 486.1 km]

Scottish Diagonal #22 Joyeux train-train de trek

Bonjour tout le monde!
Alors qu’on entre dans le mois de décembre et que l’obscurité prend toujours plus de place, c’est parti pour le récit d’une deuxième journée ensoleillée sur le Cape Wrath Trail!

Après une bonne nuit au bord de la rivière Cona, on se réveille tranquillement vers 7h30, on plie la tente et on mange un bon et nourrissant flapjack en guise de premier petit-dèj.

On commence à marcher à 8h30, peu après Hendrick, notre voisin de campement. On s’enfonce un peu plus dans Cona Glen, toujours aussi splendide: vieux pins, petites chutes d’eau, tariers pâtres, encore une vipère (et deux autres écrasées sur le track, beuh), des patches de droséras tous plus beaux les uns que les autres (je n’arrêtais pas de m’extasier!), des lézards et grenouilles, et aussi des bécassines des marais!

Cet oiseau fait vraiment des sons incroyables. La Station ornithologique suisse propose d’ailleurs cette super description sur sa page en anglais: “you can hear its typical “drumming” sound, like the bleating of a sheep or goat, which is produced during its courtship display by vibrating its tail feathers. This peculiar sound gave the Common Snipe its German name “Himmelsziege” (sky goat).” C’est décidé, maintenant je vais aussi appeler les bécassines “chèvres du ciel”, haha!

Puis le track a laissé place à un sentier qui nous a fait prendre de la hauteur et passer un col en contrebas de Meall nan Damh. C’était boggy par endroits, José a même réussi à s’enfoncer jusqu’à la cheville (un sacré exploit vu la sécheresse du sol après des semaines sans pluie)!

Durant la descente de l’autre côté, on fait une pause pour notre deuxième petit-dèj’ (en bons hobbits que nous sommes): porridge et chocolat chaud. On était si bien, au soleil sur notre rocher, qu’on a même décidé de faire une “petite” sieste. Résultat, on a dormi 40 minutes, haha! ^^’

La perspective de manger un bout de cake au Visitor Centre de Glenfinnan (le dernier établissement avant plusieurs jours) nous motive finalement à nous remettre en route. 😉

On retrouve de beaux vieux pins le long de la rivière Allt na Cruaiche puis de la rivière Callop. Nous rejoignons un autre Forestry Track: c’est moins intéressant, mais on progresse plus vite. On croise de nombreuses libellules, dont une probable Aeschne et deux Cordulegaster boltonii. Il y a aussi plein d’oiseaux, dont une bergeronnette, un héron et un grand rapace non identifié.

On emprunte ensuite un sentier bucolique qui nous fait gravir une mini colline, Torran Ghiubhais, couverte de vieux pins (dont un tombé, sous lequel on a presque dû ramper pour passer ^^). Il s’est avéré plus tard qu’on n’était pas obligé de passer par là pour rejoindre Glenfinnan, mais on n’a eu aucun regret, c’était si beau (et ça nous a permis de quitter le track plus tôt)!

On traverse le nouveau pont au-dessus de la rivière Callop (qui avait rouvert il y a quelques semaines seulement — avant ça, il fallait faire un détour par la route, donc on était super contents de pouvoir l’emprunter!) et nous voici au Glenfinnan Monument, puis au Visitor Centre du National Trust.

Glenfinnan Monument

On se pose sur la terrasse du café (qui donne sur le parking, pas super paisible) pour manger une patate garnie, un donut au spéculoos et une glace au choc’. Eh ouais, rien que ça, haha! 😉 On est arrivés au moment du passage du Jacobite Steam Train et la foule a donc débarqué quelques minutes plus tard, c’était un peu “overwhelming”. On ne s’est donc pas trop attardés: une fois nos réserves d’eau remplies, on est repartis.

On a quand même fait un petit détour pour aller voir la vue sur le viaduc de Glenfinnan, le fameux pont sur lequel passe le Poudlard Express dans les films Harry Potter. En redescendant, on a vu un train ScotRail qui passait, et qui a fait sonner son sifflet pour saluer les gens au point de vue (même quand ce n’est pas l’heure du Jacobit Steam Train, il y a toujours du monde dans ce coin!).

On continue notre route en remontant la rivière Finnan et on croise plusieurs biches et cerfs. Puis on arrive au Corryhully bothy, juste en dessous de Glenfinnan Lodge (dont émanent des odeurs de friture qui nous chatouillent les papilles, quelle cruauté! ^^). On retrouve Hendrick, qui a planté sa tente au bord de la rivière. On fait pareil, car l’intérieur du bothy donne peu envie (même qu’il y a l’électricité, donc on charge un peu les batteries), puis on va se promener un peu.

Il y a des coins de baignade qui ont l’air vraiment pas mal dans la rivière Finnan, mais il fait un peu frais et il est déjà 19h30 passées, donc on retourne à la tente pour manger de la polenta avec une sauce peppercorn vraiment très poivrée. ^^

Une mésange bleue passe, un jeune cerf broute pas loin, le soleil passe derrière la montagne. Il y a trois autres duos de randonneurs, mais c’est quand même paisible, jusqu’à ce que les midges lancent une attaque groupée qui nous a fait passer le reste de la soirée dans la tente! 😉

Et voilà, c’était notre deuxième journée sur le CWT! A bientôt pour la suite de l’aventure… 🙂

[Distance Jour 24: 20.9 km et 479 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 465.2 km]

Scottish Diagonal #21 Heaven is a place on Earth

Bonjour tout le monde!
Ça y est, c’est enfin le moment de commencer à vous raconter notre expérience du Cape Wrath Trail (CWT pour les intimes). Don’t get me wrong, on a vraiment adoré toute notre Diagonale écossaise (enfin, un poil moins les longs canaux du John Muir Way ^^), mais le CWT est quand même la partie qui nous a le plus marqués. En termes d’aventure, c’était clairement un cran au-dessus des autres sections du trek.

Parcours de notre première semaine sur le CWT

Notre première journée sur le CWT a été vraiment magnifique. Elle a commencé à Fort William, par des pancakes chez The Old Deli — bah oui, il fallait bien emmagasiner de l’énergie pour les jours à venir! 😉

Comme à peu près partout en Ecosse, l’établissement proposait… un menu pour chiens, “The Woofchester’s”, haha! Mais bon, on s’en est tenu aux pancakes pour humains. ^^’

Pour rallier le départ du CWT, il faut prendre un petit ferry qui relie Fort William à Camusnagaul, de l’autre côté de Loch Linnhe. On a pris la traversée de 10h30, accompagnés de plusieurs cyclistes (dont un Ecossais qui faisait le tour de l’Ecosse à vélo) et d’un couple de Parisiens qui commençaient aussi le CWT — ils n’avaient prévu que deux semaines pour faire tout le trail, donc ils ont filé à peine débarqués et on ne les a plus jamais revus. ^^’

Arrivés de l’autre côté du loch, on commence la marche, sur la route et sous un ciel radieux. Un agneau hyper jeune et ultra mignon court vers nous en bêlant (on a plutôt l’habitude de voir les moutons fuir à notre approche). Bon, on ne sait pas s’il disait “coucou, venez me voir!” ou “barrez-vous de chez moi!”. ^^

La vue sur Ben Nevis est superbe! En revanche, vous commencez à nous connaître, on n’est pas fan de la marche sur le goudron. Heureusement, José a repéré sur OS maps un sentier nous permettant d’éviter une partie de la route, donc on a bifurqué dessus.

On se pose sur une petite colline pour manger des chips au haggis (trouvées dans notre chambre d’hôtel) et des morning rolls achetés à FW avant le départ. Un avion de chasse passe tout près et file vers Ben Nevis, c’était impressionnant (le bruit, notamment!).

Le sentier a l’air d’être surtout emprunté par des cerfs (il y a plein de traces) et il est étonnamment boggy malgré la sécheresse, mais il est superbe: belle forêt, mare peuplée de libellules (on a même vu une Aeschne des joncs fraîchement émergée!), vues sur le Loch Linnhe (et quelques fermes de poissons)…

On a vu énormément de droseras, les plus grands et vifs que j’ai jamais vus (et ce n’était que le début!). On a aussi croisé plein d’oiseaux, dont des pinsons et chardonnerets.

Bon, entre les traces de cerfs et le bracken (les grosses fougères), il y a aussi pas mal de tiques, et on doit régulièrement les virer de nos pantalons.

De retour sur la route, on aperçoit deux busards et un grand rapace (peut-être un aigle royal), ainsi qu’un rocher que j’ai d’abord pris pour un phoque (exciting stuff ^^). Il y avait aussi une branche en forme de bébé Nessie, héhé. On croise un mec qui nous prévient que les vipères sont de sortie avec le beau temps, donc on ouvre l’oeil. Mais à la place des serpents, on voit surtout des biches, qui paissent vers les marais salants.

On bifurque vers l’ouest et la route se transforme en track, le long de la rivière Cona.

On revoit des biches, dans un décor idyllique: étang, rhododendrons en fleur et montagnes en arrière-plan. Magique. ♥

On descend se tremper les pieds dans la rivière et manger une barre aux noisettes et chocolat noir, yum! Un héron en vol se pose pas loin de nous, les Pyrrhosoma nymphula (aka “petite nymphe au corps de feu”, une belle demoiselle rouge) pondent, on se sent en paix. ♥

Plus tard, on rencontre Hendrick, un Berlinois qui commence aussi le CWT, en solo. On fait un petit bout de chemin en discutant, avant de le laisser partir devant car on a déniché le paradis: un coin de baignade idyllique dans la rivière Cona.

Il y a une belle pool assez profonde pour nager et qui mène à une mini cascade. On se sent si heureux, on s’octroie un merveilleux skinny dip. L’eau est tellement bonne qu’on y reste un bon moment, jouant avec le courant de la petite cascade.

On finit quand même par sortir de l’eau et se rhabiller pour continuer.

Ce glen est vraiment splendide, je n’en reviens pas de n’en avoir jamais entendu parler avant.

Il y a de magnifiques pins sylvestres et vieux chênes, la rivière est incroyable, le sentier est truffé de droséras…

Ça nous rend si heureux de voir des pans de forêt calédonienne! Il en reste si peu…

Certains randonneurs sautent la première étape du CWT et commencent directement à Glenfinnan. Personnellement, je pense que Cona Glen vaut carrément le coup et est un superbe début pour le CWT (surtout que je dis rarement non à une petite traversée en ferry, héhé).

On passe devant Corrlarach bothy, qui est fermé (c’est apparemment souvent le cas) mais très beau. Surprise, une vipère se prélasse au soleil devant l’entrée, héhé! J’ai juste le temps de la filmer avant qu’elle disparaisse.

Il est 18h40 et on commence gentiment à avoir faim, donc on continue jusqu’à un replat vers la rivière. Hendrick y a déjà installé sa tente, mais il y a de la place et ça ne le gêne pas, alors on pitche à côté.

Pins, rivière Cona, quelques bluebells… C’est un super spot. José filtre de l’eau et on mange deux plats “Adventure Food” vraiment bons (ce qui n’est pas toujours le cas avec cette marque… ^^): pâtes bolo et chili con carne.

Puis j’écris dans le carnet et on étudie l’étape du lendemain. Les midges nous forcent finalement à nous réfugier dans la tente et on procède à un méticuleux “tick check”. Malgré le grand nombre de tiques observées (et pichenettées) durant la journée, on en trouve juste deux minuscules sur moi (un plutôt bon score, je trouve).

On s’est endormis paisiblement, bercés par le murmure de la rivière. Je vous laisse avec les derniers mots du carnet: “Quelle merveilleuse première journée du CWT, quel bonheur. ♥”

[Distance Jour 23: 20.3 km et 340 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 444.3 km]

Scottish Diagonal #20 The End of the Way

Bonjour tout le monde! C’est parti pour le récit de notre dernière journée sur le West Highland Way, qui nous a menés jusqu’à Fort William… et nous a aussi fait passer le cap de la moitié de notre Diagonale (en distance)!

Après une bonne nuit, on s’est réveillés au-dessus de Kinlochleven et on a continué l’ascension de la colline, émergeant de la forêt avec des vues ensoleillées sur Loch Leven et les montagnes alentour.

On a fait une belle pause au bord d’un ruisseau pour boire un chocolat chaud (yum) et manger notre porridge.

On a ensuite continué la marche au milieu des montagnes, sur un chemin gravillonné et caillouteux parfois dur pour la plante des pieds.

On avait bien le temps, donc on a fait des pauses régulières.

On a croisé et discuté avec plein de gens rencontrés les jours précédents, dont une Anglaise rencontrée sur le John Muir Way!

Soudain, Ben Nevis se dresse devant nous, imposant. Un hélicoptère le survole, c’est probablement Mountain Rescue…

Le paysage autour de nous oscille entre bosquets de pins sylvestres, plantations rasées et jeunes forêts indigènes tapissées de bruyère.

On retrouve avec plaisir Jo, l’infirmière de Southampton, et on a fait la fin du trajet ensemble en discutant, c’était très sympa.

Vue sur Ben Nevis

On a choisi de suivre l’itinéraire alternatif de Cow Hill, qui évite de marcher le long de la route sur les derniers kilomètres et fait arriver directement dans le centre-ville de Fort William, où se trouve la “nouvelle” fin officielle du trek — avant 2010, la fin officielle se trouvait à côté d’un giratoire fréquenté dans la périphérie, ce qui n’était pas fou-fou.

La version qui suit le contour de Cow Hill est très chouette, offrant de belles vues sur la ville et Loch Linnhe. Et soudain, tadaaa, nous voici en face de “Man with sore feet”, la statue marquant l’arrivée.

Photo à l’arrivée, prise par Jo

On a pris les traditionnelles photos de fin du WHW, puis on est allés boire une bière au Black Isle Bar, accompagnée d’un bon garlic bread. Après avoir avalé 424 km (et une bonne dose de garlic bread, donc ^^), on était super contents de nous et méga enthousiastes pour la suite de l’aventure… après un petit peu de repos! 😉

On a rejoint notre hôtel, The Garrison, pour une douche bien méritée et un petit moment de repos avant de ressortir direction le Highland Cinema Café pour une soirée avec Wendy et Jeremy, nos hôtes lorsqu’on logeait dans les Borders en 2023, et leur fils Angus, qui habite dans le coin et avec qui on avait gravi Ben Nevis en 2024. C’était un timing de ouf, Wendy et Jeremy étaient justement là pour rendre visite à Angus le week-end et repartaient pour Peebles tôt le lendemain. Ça nous a fait super plaisir de les voir et on a passé une très chouette soirée à discuter — et à manger une pizza, oh yum!

Notre chambre au Garrison Hotel

Sneakily, ils ont en plus généreusement payé l’addition en douce, comme Jane et Debbie (les Américaines à Drymen, rencontrées dans cet article) — c’est aussi une stratégie favorite de Pilar! 😉

On est ensuite rentrés à l’hôtel pour faire la lessive, sauvegarder les photos, écrire… et aussi se reposer, quand même, après cette splendide semaine sur le West Highland Way! 🙂

[Distance Jour 21: 23.3 km et 656 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 424 km]

***

Le lendemain, on avait prévu un “Zero day” pour se reposer, mais c’était quand même une journée bien remplie! On a fait les courses pour se ravitailler, discuté avec des randonneurs croisés par hasard et écrit des cartes postales avant d’aller voir “Ocean – with David Attenborough” au Highland Cinema. Pour se remettre de nos émotions (c’était un très beau film documentaire, alternant entre messages d’espoir et de désespoir), on a ensuite dégusté une délicieuse part de Coffee Cake (Enfin! C’était notre premier depuis le début de trip!).

Il nous restait encore à cirer les chaussures, charger les batteries, préparer les affaires… bref, on n’aura pas vu le temps passer lors de ce jour de repos! On s’est couchés tôt, prêts à se lancer dans la suite de l’aventure… sur le Cape Wrath Trail! 😀

A bientôt pour la suite de la rétrospective!

Scottish Diagonal #19 Devil’s Staircase, Angel’s Way

Bonjour tout le monde!
J’aimerais bien commencer cet article de manière originale, mais bon, à ce stade de la rétrospective, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Eh oui, ce dernier continue de briller, c’est incroyable!

Kingshouse

Le récit du jour dans mon carnet commence ainsi: “Quelle magnifique journée! Eh oui, encore une! On se sent si heureux. ♡” Bref, ça n’amène pas beaucoup de variété à la rétrospective (vu que j’ai déjà écrit ça plein de fois ^^), mais ça fait quand même bien plaisir, héhé.

On a très bien dormi dans le campement informel de Kingshouse et on a même pu prendre un super petit-déj’ au bar (Full Scottish + Continental, à volonté, pour seulement 10£!). Puis on plie la tente et on part sur le chemin, qui longe un petit moment l’A82, très, très fréquentée en ce samedi ensoleillé.

On a profité de belles vues sur l’imposant Buachaille Etive Mòr, une montagne très reconnaissable dont je ne sais toujours pas prononcer le nom, oups. ^^’

En approchant des Three Sisters of Glencoe, c’est le chaos: il y a des voitures parquées absolument partout, c’est dingue! On peut voir la “Wee White House” (Lagangarbh Hut de son vrai nom), sans doute l’une des maisons les plus photographiées du pays.

Contents de s’éloigner de la route, on bifurque pour gravir le “Devil’s Staircase”, une petite montée d’environ 300 m de dénivelé positif. Cette partie de l’ancienne route militaire aurait été nommée ainsi par les soldats chargés de sa construction (vers 1750), qui auraient trouvé la tâche vraiment ardue. Je ne m’imagine effectivement pas trop faire le chemin en transportant des matériaux de construction… En revanche, pour le loisir et avec juste un sac de rando sur le dos, c’est très agréable! On est d’ailleurs montés à un bon rythme, on se sentait super en forme! 🙂

Arrivés au col, on découvre une vue splendide sur les montagnes. On voyait même Ben Nevis sans aucun nuage, ha! Il y avait aussi une mare grouillant d’activité: des dizaines de libellules à quatre taches volaient dans tous les sens, copulaient, pondaient. C’était génial à observer!

On s’est posés un petit moment au col, si heureux, si bien, avant d’attaquer la descente vers Kinlochleven. On a eu de belles vues sur Blackwater Reservoir, dont le barrage est le plus long des Highlands. Inauguré en 1909, ce barrage a été créé pour alimenter en électricité l’usine d’aluminium de Kinlochleven, très gourmande en énergie… Plusieurs ouvriers qui l’ont construit sont décédés sur le Devil’s Staircase. Ils empruntaient en effet le chemin pour rejoindre Kingshouse, le pub le plus proche de leur campement, et le retour s’avérait parfois périlleux, entre des conditions climatiques pas toujours favorables et l’ivresse… ce qui a contribué à la réputation menaçante de cette section.

On a fait une pause pour tremper nos pieds dans la rivière Allt a’ Choire Odhair-mhòir et on a observé des larves d’invertébrés bouger dans l’eau, héhé. Il en faut vraiment peu pour être heureux! 😉

Après des semaines sans pluie, le niveau de la rivière était vraiment bas…

La dure vie sur le WHW! ^^’

… mais pour la première fois depuis des jours, on a vu… des nuages! Eh oui, de petits nuages blancs moutonneux qui faisaient danser des ombres sur les montagnes. Bon, ils n’ont pas apporté de pluie, mais ça faisait quand même très plaisir de les voir!

Puis le sentier a laissé place à un large track gravillonné dans la forêt.

On entendait à nouveau plein de chants d’oiseaux! 🙂

On arrive à 15h à Kinlochleven, en passant devant sa grosse station hydro-électrique. On voulait visiter une épicerie recommandée par une amie, mais celle-ci était malheureusement déjà fermée, malgré l’heure de fermeture de 17h annoncée sur Maps. On commençait à avoir l’habitude de ne pas pouvoir faire confiance aux horaires, qui étaient souvent restreints à cause du manque de main d’oeuvre — il y avait d’ailleurs plein d’annonces de jobs partout, dans les fenêtres des magasins, des hôtels… A la place, on s’est donc posés dans un pub pour un verre et une part de cake, yum!

Puis on reprend les sacs pour monter un peu sur la colline chercher un spot de bivouac. On en trouve un dans la forêt, pas loin d’une Américaine (enseignante retraitée) avec qui on a bien discuté (elle avait déjà fait de sacrés treks dans sa vie, et n’avait pas l’intention de s’arrêter, d’où sa retraite anticipée!). Plus tard, un Canadien s’est installé pas loin, suivi de Jo, l’infirmière de Southampton (mais on dormait déjà quand elle est arrivée, haha, et on a appris le lendemain qu’elle avait planté sa tente pas loin de la nôtre). 🙂

On a mangé deux plats lyophilisés, assis sur un arbre tombé (lors d’une récente tempête?), en admirant la lumière filtrant à travers la forêt. Puis on a passé une soirée habituelle dans la tente: tick check, écriture, lecture! Et grâce au carnet dans lequel j’ai diligemment écrit tous les soirs, je peux d’ailleurs ajouter des détails ultra importants: ce jour-là, on a vu un grand corbeau ainsi qu’une bataille aérienne entre un héron et un goéland. Et, vers 21h30, on a entendu un hélico voler super près, ça faisait trembler le sol! On a appris le lendemain qu’il était venu chercher un cycliste qui s’était blessé.

Vue sur Loch Leven

Allez, sur ce, c’est tout pour aujourd’hui. Il ne reste plus qu’un seul jour à vous raconter sur le West Highland Way, puis ce sera l’heure de passer au Cape Wrath Trail, héhé! 🙂

[Distance Jour 20: 16.7 km et 555 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 400.7 km]

Scottish Diagonal #18 Moor and moor

Bonjour! C’est parti pour le récit d’une nouvelle belle journée ensoleillée, décidément! 🙂

Bivouac au-dessus de Loch Tulla

On s’est réveillés pépères sur notre flanc de colline et j’ai pu directement mettre à profit ma nouvelle stratégie: étaler du Smidge et enfiler le filet anti-midges avant même de sortir dans l’auvent.

Eh oui, les midges étaient de sortie, mais heureusement pas très affamés (ou bien le Smidge est vraiment très efficace).

On a plié la tente et, après une dernière contemplation de cette merveilleuse vue sur Loch Tulla, on a entamé la descente jusqu’à Inveroran Hotel.

On est passés au petit shop de l’hôtel pour acheter des sandwiches pour midi. Bonne surprise, des Morning rolls étaient aussi proposés, donc on en a pris pour notre petit-déj’.

On les a mangés à l’intérieur, à l’abri des midges, puis on a fait le plein d’eau avant de se mettre en marche.

On franchit un pont de pierre près d’un coin de bivouac fréquenté, on aperçoit nos premières vaches Highland du voyage (au loin), puis on commence la traversée de Rannoch Moor, le gros truc du jour.

Rannoch Moor est une vaste étendue de tourbière parsemée de lochans. On l’avait déjà aperçue depuis la route lors de précédents road trips, mais c’est la première fois qu’on s’y baladait à pied.

On a bien pris notre temps lors de cette journée, avec plusieurs pauses au soleil (pas trop le choix, il n’y a pas beaucoup d’ombre sur cette étape ^^), dont une pause trempette pour les pieds au bord d’un ruisseau peuplé de plein de petits poissons et surmonté par un joli pont de pierre!

On s’est même octroyé une turbo sieste au soleil après notre pic-nic, c’était nickel — juste un poil trop chaud lorsque le vent faiblissait, tant le soleil tapait fort!

Cette étape du WHW suit une ancienne Military Road / Drovers Road menant à Glencoe. Il y avait de belles montagnes tout autour et plein de plans d’eau, dont certains asséchés.

On a vu énormément de libellules en vol, c’était super. Ces observations rythmaient un peu la marche, autrement plutôt régulière. Cette journée aura aussi été remplie de chouettes moments sociaux, à commencer par un bout de chemin avec Manuela, une Allemande très sympa rencontrée à Beinglas.

Plus loin, sur une petite colline, on a vu un cairn en l’honneur de Peter Fleming, frère d’Ian Fleming (l’auteur de James Bond).

Puis on est descendus pas loin du Glencoe Mountain Resort (on voyait même le télésiège qui tournait) et passés devant Blackrock Cottage, qui appartient au Ladies’ Scottish Climbing Club. Cette bâtisse tient une place particulière dans mon coeur, car je l’ai prise en photo lors de mon tout premier voyage en Ecosse, en 2011, puis j’ai eu la chance de pouvoir y dormir en 2016, lors d’un weekend avec le Lairig (club de rando) de l’Université d’Aberdeen. Bref, ça m’a fait très plaisir de la revoir!

Autre lieu rempli de souvenirs: Kingshouse, l’hôtel où j’ai passé ma toute première nuit en Ecosse, en mai 2011. Il a bien changé depuis et il ne reste plus grand chose du bâtiment original.

Comme nombre d’autres marcheurs du WHW, on a planté notre tente non loin de l’hôtel (je me rappelle qu’il y avait déjà des campeurs là lors de ma première visite!). Un autre truc qui n’a clairement pas changé depuis 2011, c’est que c’est le territoire des cerfs: ils sont plusieurs à vivre dans le coin et ne sont pas farouches, venant paître à côté des tentes. Ils ont posé devant l’objectif sans sourciller, fidèles au poste et impassibles.

On s’est installés au bar pour manger des petites pies et boire un cidre. Là, on a croisé un Néerlandais déjà entrevu plusieurs fois sur le WHW. Il faut dire qu’il était reconnaissable: il marchait en “great kilt” et baluchon, à l’ancienne. Il jouait de la flûte dans le pub et a été rejoint par un mec à l’harmonica pour une “jam session” impromptue, c’était plutôt cool.

Sur la terrasse du pub, on a ensuite retrouvé un groupe de Néerlandais (cette nationalité est très bien représentée sur le WHW) croisés un peu tous les jours mais avec lesquels on n’avait que peu discuté. Ils nous ont invités à leur table et on a passé un super moment convivial. Ils étaient très intéressés par notre périple puis ont posé des questions sur nos chaussures, et c’est parti en “discussion barefoot”, haha!

Et voilà, c’était encore une fois une belle journée de marche, égayée par de chouettes rencontres et discussions, plein de libellules, quelques parapentes (une observation plutôt rare en Ecosse), et même une bonne nouvelle académique: grâce au wifi de Kingshouse, j’ai appris ce jour-là qu’un de mes articles de thèse avait été accepté pour publication, yay!

C’est fini pour aujourd’hui, à bientôt pour la suite du récit!

[Distance Jour 19: 17.4 km et 350 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 384 km]

Scottish Diagonal #17 La belle vie

Hello, c’est parti pour le récit d’une magnifique journée sur le WHW — eh oui, encore une! Dans mon carnet, ce jour-là commence d’ailleurs par la phrase “La vie est vraiment belle en ce moment”. Alala, qu’est-ce que c’était bien, ces quelques semaines de marche en Ecosse! ♥

(On vient d’ailleurs de réserver nos prochaines vacances là-bas — eh ouais, car la vie est plus belle quand un voyage en Ecosse se profile à l’horizon! ^^’)

Bref, reprenons le fil de la rétrospective. On a très bien dormi dans notre spot idyllique au bord de la rivière Fillan. Le soleil était déjà de sortie à notre lever, et quelques midges aussi, mais vraiment pas bien méchants.

Lochan of the Lost Sword

On plie les affaires et on part, en admiration devant le Tyndrum Community Woodland, si paisible dans la lumière du matin, avec le chant des oiseaux, omniprésent.

On passe devant le “Lochan of the Lost Sword”, où la légende dit que se trouve l’épée de Robert the Bruce (mais des recherches scientifiques n’ont rien trouvé). C’était un lieu bucolique, avec les arbres se reflétant dans l’eau et des petits pans de brume dansant au-dessus de la surface.

Le joli sentier nous fait rapidement atteindre Tyndrum, un village de moins de 200 habitants mais pas mal fréquenté, entre le passage du WHW et de l’A82, une grande route qui relie Glasgow à Inverness via Fort William (on est d’ailleurs déjà passés par là en voiture).

On s’est posés au Real Food Café pour un bon petit-déj’. C’était un lieu très accueillant, il y avait même un caisson pratique pour ranger les sacs à dos. On est ensuite passés au Green Welly Stop, un magasin outdoor / station service / boutique de souvenirs pour faire quelques provisions d’eau et de nourriture. C’est un peu un crossroads dans la région et c’était très animé. Il y avait bien sûr plein de marcheurs, mais aussi d’autres touristes, plein de voitures… Ça faisait drôle de voir des gens pas en habits de rando, haha!

Puis on attaque la section du jour. On suit un moment les rails de train et la route, ainsi que la petite rivière Crom Allt. Le tracé alterne entre petit sentier caillouteux et large track, c’est plutôt agréable. On est entourés de montagnes et ça sent les ajoncs (= la noix de coco).

Face à nous se dresse Beinn Dorain, imposant. Puis on arrive au Auch Estate et à un joli pont de pierre au-dessus d’Allt Kinglass (vous l’aurez compris, “allt” désigne un cours d’eau en gaélique écossais).

On fait une pause au bord de la rivière pour tremper les pieds et manger nos sandwiches à l’ombre, tout en observant l’eau qui coule et un grimpereau trop mignon. On rencontre Jo, une Anglaise de Southampton très sympa qui fait le WHW comme premier trek en solo, et première expérience de camping sauvage.

Jo propose de nous prendre en photo avec le pont, on échange encore quelques mots avec d’autres randonneurs croisés ci et là, puis on se remet en route.

On croise des moutons aux cornes impressionnantes (sur certains individus, on se dit qu’elles doivent carrément entraver le champ de vision!), des agneaux pas farouches, des corneilles mantelées et, une première pour ce séjour, des libellules à quatre taches!

On marche un bout avec Jo, recroisée au détour du chemin. On l’a d’ailleurs croisée tous les jours suivants, c’était très chouette.

On arrive à Bridge of Orchy, où se trouve une gare (le Caledonian Sleeper, le train de nuit qui relie Londres et l’Ecosse, s’y arrête d’ailleurs!).

On y trouve aussi un hôtel, où on s’est posés le temps d’une pinte de Thistly Cross Cider (yum!) et d’une part de carrot cake bien calorique.

Comme le toponyme l’indique, il y a également un pont, au-dessus de la rivière Orchy. On l’a traversé avant d’attaquer la montée vers Mam Carraigh, une colline s’élevant à 361 m. Le sentier traverse un joli bois, puis une ancienne plantation désolante, entièrement rasée, avant de déboucher sur du moorland.

Depuis Mam Carraigh, on a droit à de superbes vues sur Loch Tulla et les montagnes environnantes.

C’est si beau, on décide de camper dans le coin. Après quelques recherches, on se décide pour un spot un peu en contrebas, face à ce splendide panorama et sur un sol qui serait sûrement gorgé d’eau s’il ne faisait pas si sec depuis des semaines.

On profite d’être tout seuls pour prendre quelques photos, avant de planter la tente et de se poser au soleil face au loch pour lire et écrire.

Il était encore tôt, donc on a vraiment bien pu profiter du lieu. Sur le WHW, vu qu’il y avait quand même pas mal de monde, dont d’autres campeurs, on ne tergiversait pas trop: si on trouvait un spot de libre qui nous plaisait, on le prenait, quitte à faire des journées plus courtes. Ça a rendu notre semaine sur le WHW très relax, avec des journées de 15-20 km très agréables. On se sentait hyper en forme vu qu’on prenait bien le temps de flâner et de se reposer.

Cet après-midi là, j’ai pris vraiment une tonne de photos (comme vous pouvez le constater ^^). Le bleu du loch, la silhouette des pins sylvestres, l’immensité du paysage… c’était si beau!

On a passé la soirée à profiter de la vue, en dégustant un bon chicken satay.

On a regardé le soleil disparaître derrière Stob a’ Choire Odhair, à 21h, avant de se réfugier dans la tente pour le “tick ckeck” du soir (verdict: 0, youhou!) et un peu de lecture.

Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui! A bientôt pour la suite. 🙂

[Distance Jour 18: 16.9 km et 406 m de dénivelé positif]
[Distance cumulée: 366.6 km]