Scot22#15 Jura et la Montagne d’Or

Bonjour tout le monde,
Je suis super contente d’enfin atteindre ce moment de la rétrospective des vacances écossaises 2022, car il s’agit d’une de mes aventures préférées: notre visite de l’île de Jura. 🙂

Cette aventure a commencé à Port Askaig, sur Islay, où nous avons pris le ferry de 8h30 pour Feolin, sur Jura. Il s’agit d’un tout petit ferry (il était plein avec seulement trois voitures) et d’une traversée très courte. En un rien de temps, nous voilà sur Jura, où nous sommes accueillis par des dizaines et dizaines de cyclistes qui attendaient le ferry.

Nous sommes en effet le lendemain de la Jura Fell Race, une course folle de 28 km passant par sept sommets (pour un total de 2370 m de dénivelé positif) à travers les tourbières (et les plus rapides font ça en trois heures…).

Nous avons roulé jusqu’à Craighouse, le village principal de l’île, où on a croisé encore un peu plus de coureurs, dont la plupart avaient campé devant le Jura Hotel.

Nous avons patienté à l’Antlers Bistro pour un bon bacon roll en guise de petit-déjeuner (on n’était pas les seuls à avoir eu cette idée, d’où l’attente ^^) avant de rouler quelques minutes jusqu’au parking de départ du sentier pour les Paps of Jura, les trois plus fameuses montagnes de l’île. On met les guêtres (nos alliées face au terrain tourbeux), on règle les bâtons, on hisse nos gros sacs sur le dos et hop, c’est parti pour une magnifique rando!

Le chemin commence par nous faire traverser une large étendue de lande. On s’élève assez rapidement à flanc de colline et on a vite droit à une splendide vue sur la Bay of Small Isles. On peut voir l’île de Gigha, la péninsule de Kintyre et même les montagnes d’Arran!

On observe deux aigles royaux, embêtés par un drôle de goéland belliqueux (non identifié). On avait pensé à prendre les jumelles avec nous (ouf!) et on en aura vraiment bien profité. Plus tard dans la journée, on aperçoit encore un aigle royal. Trois observations dans la même journée, quelle chance! 😀

Notre itinéraire nous fait traverser la rivière Corran, sur des stepping stones parfaitement espacées, avant de longer la rive nord de Loch an t-Siob. L’eau est magnifique sous le ciel bleu, incroyablement dénué de nuages.

Le nom de Jura vient peut-être du norrois pour “l’île aux cerfs”, ce qui correspond bien au lieu puisqu’il abrite environ 7000 cerfs élaphes (et seulement 200 humains!). On a vu plein d’empreintes et de crottes… et plein de bêtes, aussi! Elles gardaient généralement leur distance, mais on les voyait bien de loin, avec leur arrière-train clair. 🙂

Après un moment, l’itinéraire nous fait quitter le sentier pour monter une pente bien raide au milieu de la bruyère et des tapis de sphaigne.

Il fait chaud, mais des nuages commencent à apparaître.

Vue sur Beinn Shiantaidh, le 2e Pap of Jura, lors de l’ascension de Beinn an Oir

On retrouve un vrai sentier pour le dernier bout de l’ascension de Beinn an Oir, “the Mountain of Gold”, le plus haut des Paps of Jura et aussi le sommet de l’île, à 785 m d’altitude.

Vue sur Loch an t-Siob, le Sound of Jura, Kintyre et les montagnes d’Arran au loin

Les vues se font de plus en plus époustouflantes. Au nord, le reste de Jura s’étend sous nos yeux. Au nord-ouest, l’île de Colonsay, sur laquelle nous étions quelques jours auparavant, apparaît toute petite et plate.

Le terrain devient rocailleux et les conditions sont venteuses, mais nous atteignons finalement le sommet, youhou! 🙂

On se croirait sur le toit du monde. On voit Islay, Colonsay, Mull, le mainland, le nord de Jura… C’est absolument sublime!

Les nuages vont et viennent à toute allure. Si le ciel était parfaitement dégagé, on verrait sans doute l’Irlande.

On mange notre pic-nic à l’abri du vent dans le cairn circulaire marquant le sommet.

Puis c’est l’heure de redescendre, ébahis par cette incroyable claque visuelle. 🙂

Une fois redescendus au col menant à Beinn Shiantaidh, le 2e plus haut Pap of Jura, on bifurque vers le nord, hors du chemin, pour tracer notre propre route jusqu’à Glenbatrick bay, au bord de l’embouchure du loch Tarbert.

On traverse de nombreux ruisseaux, nos pas rebondissent sur la sphaigne, on zigzague entre les mares tourbeuses, on observe des cerfs, des aigles royaux, des grenouilles, des lézards, des grives… et on entend des coucous qui jouent à cache-cache!

On atteint notre destination vers 18h30, après une averse. Près de la plage se trouve un hunting lodge tout barricadé. La baie est peuplée de petits îlots rocheux et on aperçoit d’immenses plages de galets surélevées sur la rive d’en face.

Deux personnes marchent sur la plage. Il y a en effet déjà deux tentes plantées vers l’embouchure de la rivière Glenbatrick. On plante la nôtre un peu à l’écart, entourée de bluebells. L’endroit est bucolique, et si calme.

Après notre repas du soir (des plats lyophilisés achetés à Oban), on est allés se promener sur la plage avec un bon chocolat chaud. Le soleil a refait son apparition et nous a offert une belle soirée lumineuse.

L’ambiance est très belle, mais le vent souffle et il fait froid. Heureusement qu’on a du chocolat chaud! 😉

Après avoir admiré les derniers rayons du soleil filtrant à travers les nuages, nous nous sommes réfugiés dans la tente pour une soirée tranquille.

Après quelques parties de cartes et de Dobble Harry Potter, on s’est effondrés dans les bras de Morphée, heureux de cette belle journée de 16.22 km de marche et ~1000 m de dénivelé positif.

Le lendemain matin, on s’est réveillés avec le glouglou de la rivière, le chant des oiseaux et le bruit de la pluie sur la toile de tente. On paresse dans les sacs de couchage en espérant la fin de l’averse qui, par chance, ne tarde pas.

On prend notre petit-déjeuner (un bon porridge à la cannelle avec une pomme), on plie gentiment la tente et on lève le camp à 10h20, avant nos voisins malgré notre grasse matinée.

On remonte la rivière Glenbatrick pour rejoindre Evan’s path, un sentier qui va nous ramener à la voiture. Le tout ne fait que 10.5 km, donc on a bien le temps. J’en profite bien sûr pour prendre des photos et quelques vidéos. Et là, alors que je pose la GoPro pour filmer un truc, je vois une vipère à deux cm de là où j’ai posé mes bâtons! Elle s’est déroulée avec grâce avant de filer en glissant dans les herbes.

On a d’abord emprunté des sentiers de cerfs, en évitant les coins avec trop de fougères (des nids à tiques, arf), avant de rejoindre un véritable sentier qui nous a menés à plusieurs petits lochs.

On s’est posés un bon moment au bord du Loch na Fùdarlaich pour manger nos sandwiches et recharger nos batteries au soleil.

On a refait plusieurs chouettes observations, dont une grenouille, des cerfs (les mâles sont en pleine repousse de leurs bois, donc ces derniers sont tout pelucheux), des grands corbeaux, et José a même aperçu deux libellules.

Le reste de la marche s’est déroulé tranquillement, à marcher dans les “tussocks” sans se tordre la cheville et à esquiver le bouts trop “boggy”. On a vu quelques droséras, mais globalement le sentier était sans doute plus sec que d’ordinaire.

Puis on a débarqué sur la route et il ne nous restait plus qu’un quart d’heure de marche. Mais les observations n’étaient pas pour autant terminées! On a vu deux coucous, un tarier pâtre, des corneilles mantelées, des chardonnerets…

Et on a aussi vu nos premières digitales en fleur de la saison! 🙂

On retrouve finalement la voiture… et les midges, qui nous avaient plutôt épargnés durant ces vacances (en même temps, vu le vent…)!

On a roulé jusqu’à Craighouse pour manger un petit cake (héhé) et boire un café au Antlers Bistro, puis on est allés poser la tente au camping du Jura Hotel (désormais vide, les participants de la Jura Fell Race ayant déjà quitté l’île).

C’était ensuite l’heure d’aller explorer un peu le reste de l’île en empruntant sa seule et unique route, qu’on a suivie jusqu’au bout, à Inverlussa.

Le petit hameau est connu pour sa roulotte “Tea on the beach”, qui marche à la confiance et l’honnêteté.

On admire la vue (les cerfs, les cygnes) mais on ne s’attarde pas car il fait bien frais, malgré le soleil.

On reprend la route dans l’autre sens. Cerfs, baies, forêts, loch Tarbert, lumière changeante sur les collines et la mer… La route est vraiment splendide, mais un peu “gratte-châssis” (on est habitués aux routes “lave-châssis” en Ecosse et en Irlande, avec les herbes hautes poussant au milieu de la chaussée, mais là c’était le niveau supérieur ^^).

De retour à Craighouse, on se pose au pub du Jura Hotel pour boire et manger. On a passé la soirée à admirer la vue sur la baie — et, dans mon cas, à écrire dans mon carnet de voyage.

Le soir, juste avant de se doucher, on procède à l’habituel “tick check”. Horreur, j’en trouve huit sur mon corps! Ce sont les plus petites tiques que j’aie jamais vues. Ayant porté des pantalons de pluie et guêtres toute la journée, je soupçonne qu’elles aient “hitched a ride” quand je faisais pipi, les sagouines! Hop, on sort la pince à tiques et on me débarrasse des petits monstres. Dehors, les Paps of Jura sont bordés de superbes nuages rose-rouge. On admire le coucher du soleil, puis dodo!

Le lendemain, la petite baie devant la tente est absolument magnifique, avec une eau calme reflétant les nuages. On va prendre notre petit-déjeuner au Antlers Bistro. Heureusement qu’on ne s’était pas pressés, car le café n’ouvre qu’à 9h. Mais l’attente en vaut la peine: on s’est partagé un délicieux Full Scottish Breakfast avec la totale: bacon, Lorne & Link sausages, oeuf au plat, haricots, tomate, haggis, black pudding, tattie scone, hash browns et toasts! C’était super bon, mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on était bien contents de n’avoir pris qu’un plat pour deux. ^^’

Une fois bien repus, on a plié la tente et on s’est lancés dans les aventures du jour. On est d’abord passés voir le cimetière de Keils, qui accueille un beau florilège de tombes anciennes et plus récentes, le tout au bord d’une rivière bucolique.

Ensuite, on a roulé jusqu’à la plage de Corran Sands, une belle étendue de sable.

Les motifs laissés par l’eau dans le sable sont superbes, comme des vaguelettes sculptées. Il y a aussi plein de petits tas de spaghetti laissés par des vers. On enfile nos maillots, et les nuages sombres s’approchent. Qu’importe, c’est l’heure de la baignade! L’eau est froide et il m’aura fallu pas mal de temps pour m’immerger entièrement, mais après c’était génial, comme chaque plouf.

En sortant de l’eau, la bruine s’est rapidement transformée en véritable pluie, et on s’est réfugiés dans la voiture juste à temps pour échapper au déluge. On a roulé jusqu’à Feolin et chopé le ferry de 12h15 pour Port Askaig. A ce moment-là, Jura baignait à nouveau dans le soleil. C’est si magique, ces constants changements de lumière!

Et voilà, juste comme ça, on était de retour sur Islay, après 2 jours et demi magnifiques à explorer Jura! 🙂

Je vous laisse avec ce petit film de 10 minutes, édité tant bien que mal avec les vidéos de la GoPro. ^^

On se retrouve tout bientôt pour la suite de cette rétrospective! 😉

Bye!

Scot22#14 Plage par-ci, whisky par-là

Hello, hello! Je reprends le récit de notre visite d’Islay. 🙂
Après notre marche au Mull of Oa, nous avons changé de décor avec une autre balade côtière.

Nous sommes passés par le mignonnet phare de Carraig Fhada, situé juste en face de Port Ellen, le second plus grand village de l’île (après Bowmore).

On était bien mieux protégés du vent à Kilnaughton Bay (du moins par rapport aux falaises du Mull of Oa, plus tôt dans la journée), et on en a donc profité pour flâner (et prendre plein de photos, mais ça c’est comme d’habitude, vent ou pas vent ^^).

La destination principale de cette balade: les “Singing Sands” de Tràigh Bhàn. On ne savait pas pourquoi ils s’appelaient comme ça, mais du coup je me suis amusée à chanter en marchant dans le sable. D’après mon carnet de voyage, je chantais un de mes “sea shanties” favoris: “No hopers, jokers and rogues”

(N.B. Depuis 2022, on a visité d’autres “Singing Sands en Ecosse et, en général, ils sont appelés ainsi car leur sable crisse avec une sonorité particulière quand on marche dessus, mais de là à dire qu’ils chantent…)

La marche nous a ensuite fait monter sur les hauteurs avant de redescendre vers Kilnaughton beach. On a croisé un nombre incroyable de lapins, et aussi des campeurs venus s’installer juste derrière la plage.

Les plages du coin donnaient bien envie de se baigner, mais l’inlassable vent et les nuages sombres m’ont vite fait changer d’avis, haha. A la place d’une baignade fraîche, on a pris la direction de Port Ellen pour la soirée d’ouverture de Fèis Ile!

Fèis Ile est le festival d’Islay, qui s’adresse surtout aux fans de whisky, mais pas seulement. Pendant une semaine, il y a une tonne d’événements culturels et festifs, aussi dont des ceilidhs et concerts. Chaque distillerie organise une journée portes ouvertes, et propose pour l’occasion une édition spéciale de whisky. L’île se trouve prise d’assaut à cette période, notamment par des collectionneurs de whisky. Islay compte 3000 habitants et accueille 15’000 visiteurs pour Fèis Ile!

La soirée d’ouverture était très sympa, avec une ambiance familiale et plein d’attractions pour les enfants (dont des châteaux gonflables ^^). On a eu droit à une démonstration de Highland Dancing par des enfants du coin, un Pipe band, des groupes de musique et des food trucks, et ça nous a fait très plaisir de danser en extérieur!

Le lendemain, nous sommes allés visiter la distillerie Kilchoman. On était seulement quatre personnes (tout le reste de l’île devait être chez Lagavulin, qui faisait ses portes ouvertes — c’est d’ailleurs la stratégie parfaite quand on veut un peu de calme durant Fèis Ile: il suffit de se tenir loin de la “distillerie du jour” ^^) et c’était vraiment super intéressant. J’ai beau ne pas aimer le whisky, j’aime toujours autant visiter des distilleries. 🙂

Kilchoman est une distillerie encore indépendante et locale au possible, qui participe à toutes les phases de production sur place: culture céréalière sur leur ferme, coupe et séchage de leur tourbe, séchage de l’orge, mise en bouteille… On a pu goûter à leur whisky “100% Islay” et j’ai même bien aimé le goût, c’est dingue, haha!

Après la visite (dont on est repartis avec des verres de dégustation, inclus dans le prix, et une bouteille de “100% Islay”), on est allés jeter un oeil à Kilchoman Cross, une croix celtique du 14e siècle. On n’a malheureusement pas pu la voir de près car l’église en ruine qui se trouve à côté menace de s’effondrer, et l’accès était donc interdit.

On a continué notre pérégrination avec un passage à la fameuse Machir Bay et sa belle plage de sable.

Il faisait si beau et chaud (16°C!), ça donnait envie de se baigner! Malheureusement, c’est déconseillé à cet endroit. Il y a un risque de noyade élevé sur quasi toutes les plages de la côte ouest d’Islay à cause de forts courants.

Kilchoman a un whisky qui porte le nom de “Machir Bay”. Il a une belle couleur dorée comme la plage, mais il est très “peaty”, beaucoup trop pour moi. ^^

On a marché le long de la plage en observant les grands gravelots courir rapidement sur le sable, puis on est retournés à Kilchoman pour manger des patates farcies au café de la distillerie.

Une fois repus, c’est partis pour une nouvelle balade côtière, direction Saligo Bay. Là encore, on a pu admirer une belle plage avec des vagues impressionnantes.

La géologie du coin est splendide, avec des roches plissées et courbées comme le dos d’un dragon. Les roches très sombres de certaines falaises nous ont aussi rappelé les roches volcaniques d’Eshaness, à Shetland.

L’itinéraire, un peu boggy, devait nous mener à des arches naturelles, mais on ne les a pas trouvées… on s’est demandé si elles s’étaient peut-être effondrées (ou bien on n’était tout simplement pas au bon endroit, haha).

En plus des habituels moutons, lapins et huîtriers-pie, on a vu des chevaux, qui paissaient tranquillement à côté de bunkers (un autre truc qu’on n’a pas l’habitude de voir en Ecosse).

Durant cette journée magnifiquement ensoleillée, on a eu droit à une vue dégagée sur les trois Paps of Jura, c’était superbe.

Une fois de retour à la voiture, on a roulé jusqu’à Bowmore pour quelques courses avant de filer jusqu’à Lagavulin pour la fin de l’open day de la distillerie.

Les stands de nourriture étaient déjà fermés mais il y avait encore de l’ambiance, avec plein de gens bourrés et de la musique.

La petite baie de Lagavulin est mignonne comme tout. On a marché jusqu’à un petit promontoire où se trouvent les ruines d’un château, et d’où on a de belles vues sur la distillerie d’un côté et sur le mainland de l’autre.

Là encore, la relative chaleur donnait envie de se baigner, mais le coin ne s’y prêtait pas trop, avec plein de rochers acérés. On est donc retournés à une plage repérée la veille vers Port Ellen, mais le vent y soufflait si fort qu’on a eu froid sitôt sortis de la voiture. La baignade, ce ne sera pas pour ce jour-là, haha!

Il était déjà 18h30, donc on est retournés au camping pour préparer nos sacs de trekking pour les prochains jours.

On a pris des repas du café du camping à l’emporter (c’était complet) et on a mangé dans l’auvent de la tente, bien à l’abri du vent mais avec de belles vues sur les Paps of Jura et le loch Indaal au soleil.

On a ensuite fait une petite marche vers la plage du camping pour digérer, avant de passer le reste de la soirée au café avec une bière et un cidre, en admirant la lumière décliner. La serveuse du café n’avait que 15 ans et elle a du coup dû attendre le retour de sa collègue car elle n’avait pas le droit de servir de l’alcool. ^^’

Dans le prochain article, on quittera Islay (mais pas pour toujours!) pour la superbe île de Jura, le temps d’un mini trek-bivouac que j’ai hâte de vous raconter. 🙂

Je vous laisse avec Westering Home, l’hymne de Fèis Ile (et d’Islay en général). Durant le festival, on l’entendait partout! A bientôt! 🙂

Scot22#13 Islay: vagues, vaches et croix

Hello! C’est parti pour la suite de la rétrospective écossaise 2022.

Nous voilà sur le ferry de Colonsay à Port Askaig, sur Islay. C’était la traversée du soir, et on a eu droit à de splendides lumières en approchant du Sound of Islay.

La traversée entre les deux îles dure une heure. Après avoir mangé, je suis sortie sur le pont pour admirer les fous de Bassan, et Colonsay et Oronsay dans une lumière dorée, s’éloignant à l’horizon.

Arc-en-ciel sur l’île de Jura

Sur notre gauche se trouve la magnifique côte ouest de l’île de Jura, avec ses plages de galets surélevées , ses petites falaises et ses “Paps”, trois fameuses montagnes. Un arc-en-ciel ajoute encore un peu de magie à la scène. Sur notre droite, la côte nord-est d’Islay, avec le phare de Rhuvaal et la distillerie Bunnahabhain (une des neuf distilleries de l’île).

Débarqués à Port Askaig, on récupère notre voiture de location auprès d’une dame très sympathique d’Islay Car Hire, puis on roule 25 minutes à travers la campagne, entre pluie et lumière du coucher et soleil (et un autre arc-en-ciel, donc ^^). Petites collines, bois, champs, baies, bétail… Notre première impression de l’île est que les paysages ont l’air plutôt variés.

On arrive à l’auberge de jeunesse de Port Charlotte à 21h25, juste avant la fermeture de la réception, ouf! Je me suis posée à un vieux pupitre dans le lounge pour écrire, et le réceptionniste m’a amené une lampe supplémentaire pour que j’aie plus de lumière. Très sympa! 🙂

Le lendemain, nos aventures sur Islay ont commencé! On s’est rendus au centre RSPB de Loch Gruinart, à l’occasion d’une marche guidée. On a été très bien accueillis par deux poilus humides qui ont monopolisé l’attention de José, héhé.

Puis l’activité a débuté. On était un assez grand groupe, ce qui n’était pas idéal pour observer la faune sauvage, mais on a quand même appris plein de trucs intéressants et c’était une bonne introduction pour mieux connaître l’île.

Le RSPB gère lui-même la ferme où se situe la réserve naturelle, afin de montrer qu’il est possible d’avoir une “working farm” tout en utilisant des méthodes compatibles avec la conservation de la biodiversité. Le site est notamment important pour les busards Saint-Martin, les craves à bec rouge, les corncrakes, plein d’échassiers en tout genre et, en hiver, de grandes colonies de bernaches nonnettes. La réserve comprend des habitats variés: sous-bois, landes, marais salants…

A la fin de la visite guidée, on est restés un moment pour aller à l’observatoire de la zone humide. La pluie est revenue faire un coucou pile à ce moment-là, mais on était bien à l’abri dans l’observatoire, à admirer des canards souchets, vanneaux huppés, hérons cendrés, poules d’eau, mouettes, chevaliers gambettes… On a fait de très chouettes observations, notamment une altercation entre un héron et un vanneau, et les acrobaties aériennes des hirondelles de rivage.

Les sous-bois étaient splendides, avec des arbres tortueux couverts de mousses et lichens, des fougères et des bluebells… une ambiance magique à la “Seigneur des anneaux”! Et aussi un peu “Les Oiseaux” de Hitchcock, avec les cris des nombreux corbeaux freux.

Au moment de retourner à la voiture, il est déjà 13h, et on n’avait pas eu le temps d’acheter des sandwiches le matin. On a donc roulé jusqu’à Bowmore pour se rassasier avant de faire quelques courses. On a mangé de délicieuses pizzas chez Peatzeria (+1 point pour le jeu de mots, haha), une très chouette adresse.

Le village de Bowmore est la capitale administrative de l’île et est notamment connu pour son église ronde. “Why is it round? Because the devil lurks in the corners” (lu dans les avis sur Google Maps, haha).

On a visité le cimetière, qui accueille plein de tombes anciennes et plus récentes, et une belle sélection de croix celtiques.

Puis on a repris la route. Après un petit passage à la distillerie Bruichladdich, où se trouvait un sympathique petit marché artisanal, on est allés visiter le petit village de Portnahaven, tout au sud-ouest de l’île.

On a fait une petite marche côtière de 6.5 km. Le village était tout mignon, avec des phoques et oiseaux marins dans le petit port.

On a pu admirer le phare du Rhinns of Islay ainsi qu’une impressionnante plage de galets surélevée. Et, surtout, des vagues super impressionnantes.

Le vent était décidément toujours de la partie! Après l’annulation du kayak sur Barra (pour cause de vent, justement), j’avais essayé de réserver une sortie en kayak sur Islay. Mais ce jour-là, le guide m’a justement répondu qu’il devait malheureusement annuler toutes les sorties des prochains jours à cause des conditions trop venteuses. Ça aura donc été des vacances sans kayak, beuh. :/

Mais en voyant les vagues se fracasser sur la côte, on comprenait bien l’impossibilité de faire du kayak. Il valait mieux rester sur la terre ferme — et c’était carrément difficile de prendre des photos pas trop floues, tant ça soufflait fort!

Après deux heures de marche dans le vent (mais avec une belle lumière du soir), on est retournés à l’auberge pour cuisiner et passer une soirée tranquille — et une nuit dans un vrai lit, la dernière avant de reprendre le camping!

Le lendemain, on a pris la direction de l’est de l’île, en écoutant BBC Gael (la radio gaélique, on adore!) dans la voiture. On est allés voir Kildalton Cross, un magnifique exemple de croix celtique du même style que celles qu’on trouve sur Iona et en Irlande. Elle daterait de l’an 800 environ et se trouve dans un cimetière à côté d’une église médiévale en ruine. Ambiance assez magique, qui me rappelle l’Irlande.

Ce coin de l’île est splendide, avec pas mal d’arbres, des cottages féeriques, des murs de pierre et des bluebells. On a même vu une biche et un cerf!

Cerise sur le gâteau: “Cake at the cross”, une glacière remplie de parts de cake, avec une “honesty box” pour payer. On a pris un délicieux brownie, héhé. J’adore tomber sur ce genre de petites surprises. Ailleurs sur l’île, on a aussi visité “Shop in the box”, une cabine téléphonique convertie en boutique d’artisanat, où on a acheté de très belles cartes.

Puis c’était déjà l’heure de manger, donc on a fait demi-tour direction la distillerie Ardbeg. En chemin, on s’arrête pour admirer une flopée de phoques communs dans une petite baie.

A Ardbeg, on s’est réchauffés et rassasiés avec de bons hot buns et du chowder. On a tout juste réussi à manger sans s’envoler, avec le vent de ouf. ^^

On a ensuite pris la direction du Mull of Oa, tout au sud-est, une autre réserve RSPB.

On a fait une petite marche circulaire passant par l’American Monument, une tour de 131 m de haut érigée par la Croix Rouge américaine en mémoire des victimes de deux naufrages ayant eu lieu pas loin en 1918.

C’était très venteux par moments, mais une chouette balade quand même, avec de belles falaises, des chèvres sauvages et, surtout, un magnifique troupeau de vaches Highland qu’on a dû traverser (avec notamment un taureau et plusieurs veaux).

La journée n’était de loin pas finie, mais cet article est déjà suffisamment long, donc je vous raconterai la suite au prochain épisode! 😉

A bientôt!

Scot22#12 Colonsay, presque parfait

Hello!
C’est l’heure de continuer la rétrospective écossaise 2022, héhé. Je reprends là où je m’étais arrêtée dans le dernier article, c’est-à-dire à la fin de notre balade vers Ardskenish, dans le sud-ouest de l’île de Colonsay. Ayant terminé notre marche, nous avons repris les vélos pour continuer notre boucle de l’île, côté ouest.

On passe devant d’adorables cochons bruns, à travers un petit hameau et le long de superbes lochs brillant au soleil. On a fait une halte à l’Heritage Centre, situé dans une ancienne église baptiste. C’est maintenant un petit musée de l’île, gratuit et accessible en tout temps, avec une chouette collection bien fournie et diverse: vieux instruments, cailloux, bouts de squelettes d’animaux, photos d’archives, cartes, panneaux explicatifs sur l’archéologie locale…

C’était très intéressant et on aurait pu y passer un long moment, mais il était déjà 15h et on voulait encore passer aux jardins de Colonsay House. Après s’être extasiés devant des oisons près de Loch Fada, on a donc pédalé rapidement jusqu’au Backpackers Lodge.

On a récupéré nos habits sales pour faire une lessive gratuite vers Colonsay House, accessible à pied depuis notre Lodge en traversant une magnifique forêt au parfum d’ail des ours et peuplée de fougères et bluebells.

Pendant que la machine à laver tournait, on voulait visiter les fameux jardins de Colonsay House, juste à côté. Malheureusement, il était déjà trop tard pour visiter le jardin, et trop tard pour une part de cake, car le café était en rupture de stock, *gasp*!

On s’est quand même posés sur la terrasse avec un café, au soleil. Et on aura quand même vu des bouts du jardin en marchant jusqu’au café. Il y a plein d’arbres exotiques inconnus, les habituels palmiers (si, si, on en croise vraiment pas mal sur la côte ouest de l’Ecosse, tout comme en Irlande) et de grands massifs de fleurs.

En attendant la fin de la lessive, on est retournés se balader dans les bois et on a pris quelques photos, dont des portraits de nous avec nos merveilleux “becs de puffins” (c’est à dire, nos grands nez cramés par le soleil ^^).

Les sous-bois sont vraiment superbes, avec toutes les fougères et mousses. Même nos bagues Claddagh ont eu droit à leur séance photo, haha. On a ramassé quelques feuilles d’ail des ours pour agrémenter notre repas du soir, puis c’était l’heure de récupérer les habits et d’aller les étendre dans le jardin du Backpackers Lodge.

Une fois le linge étendu au soleil, on repart se promener dans le coin. On s’enfonce sur un sentier boueux dans la forêt, qui ressemble par endroits à une véritable jungle, avec tous ces arbres exotiques, c’est assez fou. Si un vélociraptor avait surgi des buissons, ça m’aurait à peine surprise, haha.

On est aussi montés sur la colline derrière le lodge et, pour mon plus grand bonheur, il y avait des libellules à quatre taches au milieu des joncs! C’était la “journée libellule” des vacances, car on avait aussi vu des petites nymphes au corps de feu vers Ardskenish.

Puis on est retournés au lodge pour cuisiner, discuter un peu avec d’autres voyageurs et plier notre linge. On était bien crevés et indécis quant à notre programme du lendemain (on voulait vraiment tenter la traversée jusqu’à Oronsay, une “tidal island” au sud de Colonsay, mais on savait que ce n’était pas une bonne idée car les conditions de vent et marée n’étaient pas bonnes, donc on cherchait un plan B). On a joué à “Scottish Quest” dans notre chambre, d’où on entendait un corncrake chanter dans la nuit, une parfaite fin pour cette belle journée d’exploration de l’île (>25 km de vélo/marche).

Le lendemain, c’était notre dernière journée (partielle) sur l’île, car on prenait le ferry en fin d’après-midi. On a fait plutôt tranquille le matin (puisqu’on ne pouvait pas aller à Oronsay), avant de trouver l’énergie d’aller explorer un peu du côté d’Uragaig, pas loin de Kiloran Bay.

Dans la prairie, un corncrake jouait à cache-cache: il chantait quand on marchait et se taisait dès qu’on s’arrêtait pour scruter les hautes herbes avec les jumelles. Lapins, pinsons, hirondelles, grives, bergeronnettes grises, rouges-gorges, étourneaux… Tous fidèles au rendez-vous. Mais le corncrake, lui, est resté invisible. 😉

On croise deux vaches Highland, des oies cendrées, des moutons, et on s’engage sur un “sentier” au milieu de la lande tourbeuse.

Sphaigne, mousses en tous genres, petites mares… Le sol est riche et humide.

On marche jusqu’à de splendides falaises, avec vue sur d’autres magnifiques falaises!

Nous voilà sur le site de Dun Uragaig, où se trouvait autrefois un fort (dont on ne voit plus rien, ou alors on était trop distraits par les oiseaux). Désormais, ce site appartient à des colonies d’oiseaux marins. Ça soufflait fort, et on les observait/photographiait appuyés contre les rochers pour ne pas s’envoler!

Il y avait plein de fulmars boréaux (on n’en avait pas encore beaucoup vu durant ces vacances donc ça nous a fait très plaisir), quelques fous de Bassan, cormorans, goélands et kittiwakes et, surtout, des razorbills! Après les puffins, c’est clairement “the next best thing”. 😉

On en voyait qui flottaient en groupe dans la mer en contrebas, et d’autres qui s’essayaient au vol acrobatique. Eh oui, car ça soufflait sacrément fort, et le razorbill n’est pas le plus aérodynamique des oiseaux, contrairement aux fulmars ou aux sternes. ^^

On a passé un bon moment à les observer. Il y avait aussi de superbes sea pinks, d’autres fleurs et de belles roches qui ont retenu mon attention. Quel bel endroit!

On est ensuite descendus voir la “raised pebble beach” à Port nam Fliuchan (en gros, des étendues d’énormes galets qui ont l’air de s’être perdus au-dessus de la vraie plage ^^) avant de se poser dans l’herbe pour manger notre pic-nic. On avait un petit coup de barre et on a failli se refaire une sieste “al fresco” comme la veille, mais à la place on a continué la balade.

L’itinéraire nous disait ensuite de longer la rive de Loch an Sgoltaire pour le retour, mais le portail qu’on devait franchir avait été barricadé avec trois couches de barbelés. Visiblement, on n’était pas les bienvenus, donc on est rentrés par le même chemin qu’à l’aller.

On a hésité à aller explorer Loch Fada, situé au pied du lodge, mais le vent était assez éreintant donc on est allés se poser dans la cuisine extérieure du bothy pour se réchauffer avec un chocolat chaud.

On a fait une nouvelle partie de “Scottish Quest” et, cette fois, José m’a battue à plates coutures (j’avais gagné la veille). Pour ma défense, José n’a chopé que des cartes “Destin” avantageuses, et moi des pénalisantes, haha.

On a traînassé à l’intérieur jusqu’à 16h40, avant de prendre toutes nos affaires et de nous rendre à une ferme pas loin, lieu de rdv avec une habitante de l’île qui avait généreusement proposé de nous amener au port. Elle travaillait à la fois pour l’agence de location de l’île (qui gère tous les hébergements de vacances, dont le Backpackers Lodge où on logeait) et pour CalMac, et elle devait donc de toute façon se rendre elle aussi au terminal du ferry. Elle était vraiment super sympa et ça faisait très plaisir de discuter avec une locale.

A chaque croisement avec une voiture, c’était l’occasion d’une petite “discussion de comptoir” sur la passing place, c’était trop drôle. Arrivés au ferry terminal, notre conductrice a directement enregistré nos billets, comme ça c’était fait. Efficace!

On avait pas mal de temps à attendre, donc on est allés jeter un coup d’oeil à la superbe croix celtique du village et j’ai pris quelques photos des marais salants entre deux averses. La météo changeait littéralement toutes les cinq minutes, nous offrant plusieurs arcs-en-ciel. On a mangé une part de carrot cake à “The Pantry” et on a visité “The Old Waiting Room Gallery”, un craft store rempli de belles choses artisanales. J’ai craqué pour un joli bandeau en laine vert et bleu, qui n’a quasi plus quitté mes oreilles de la soirée (et qui m’accompagne encore aujourd’hui lors de mes balades hivernales, je l’adore!).

Puis le ferry est arrivé, un peu en retard, en provenance d’Oban. On a embarqué et on a dit au revoir à Colonsay, prêts pour la suite des aventures!

A bientôt pour le prochain épisode de cette rétrospective! 🙂