Scot18#4 Fairy wood

Bonjour!
Aujourd’hui, direction Ferry Wood, la forêt d’Ed et Carina, magnifiquement située au bord de la rive nord-ouest de West Loch Tarbert. Il s’agit d’une vieille forêt de chêne, adossée à une colline rocheuse.

De tortueux et magnifiques chênes

Même si son vrai nom est Ferry Wood, un autre qui lui convient tout aussi bien est Fairy Wood, tant on s’attend à voir émerger des fées ou des elfes quand on se promène sous le couvert des vieux chênes, avec des fougères partout et de merveilleux énormes rochers recouverts de mousse. Oh oui, de la mousse, de la mousse et du lichen partout!

Sur place, Ed et Carina ont fait construire une petite cabane (avec hublot ^^), et ils y dorment parfois. C’est tout petit et cosy, parfait pour boire un thé et manger des biscuits pendant qu’il pleut et fait froid dehors!

West Loch Tarbert, qu’on a descendu avec le voilier pour venir le poser sur la plage de Ferry Wood
Ma claddagh sur la mousse d’un arbre, avec son parasol de verdure
Une arche de chêne 🙂
Une atmosphère magique

Durant mon séjour à Ron Mara, je suis venue plusieurs fois à Ferry Wood. Pour amener le bateau, mais aussi pour faucher le bracken, des grandes fougères qui envahissent tout (et que les tiques adorent, c’est pile la bonne hauteur pour monter à bord d’un cerf, d’un mouton ou d’un humain…). Ed a une immense faux de la mort, et c’est efficace (à condition de l’aiguiser toutes les dix minutes) mais bien crevant! Et surtout, ça n’enlève pas les racines, c’est donc un combat sans fin. Ce printemps, Ed m’a dit qu’il allait faire venir des cochons sur le terrain pendant deux ou trois mois, apparemment ça marche bien. Car le problème du bracken, c’est bien qu’il n’a en général pas trop de prédateurs pour l’embêter (même les moutons ne le broutent pas!), et que rien ne l’arrête. Et donc ça pousse, pousse et pousse, ça bloque la lumière et aucune autre plante n’arrive alors à se faire une place. Déjà que l’Ecosse a perdu une part gargantuesque de ses forêts ‘naturelles’, ça n’aide pas au retour des arbres. Le pire, c’est que le bracken a pu occuper cette immense niche à cause de l’humain, qui voulait plus de bracken car les perdrix aiment bien, et les perdrix, ça se chasse. Bref, maintenant le bracken recouvre tout, il y en a à ne plus savoir où faucher.

Ed en rouge, précédé de Carina et Angela, l’autre wwoofeuse, lors d’une promenade au coucher du soleil.
Les ruines de la maison d’Ardpatrick point

Un soir, on a marché jusqu’à Ardpatrick point, qui marque le bout de la petite péninsule. Au sommet de la colline se trouvent les ruines d’une maison, construite il y a un moment de cela. Apparemment, elle appartenait au propriétaire du domaine Ardpatrick, dont la véritable demeure est une immense maison (limite manoir) au bord du loch. Jack, comme il s’appelait, était prétendument un loup solitaire qui aimait se réfugier au sommet de la colline, face à la mer, avec la vue sur West Loch Tarbert d’un côté et sur Gigha de l’autre. Cette petite maison lui servait de lieu de retraite, loin de la grande maison du domaine.

Une petite île allongée au milieu de West Loch Tarbert, qui semble grouiller de vie. Lors d’une petite sortie en voilier pour tester le mât (après avoir enfin mis les voiles), on a d’ailleurs vu tellement d’oiseaux! Un fou de Bassan qui nous tournait autour, un rocher recouvert de sternes, des cormorans volant au ras de l’eau…

Un autre indésirable qui peuple la forêt, c’est le rhododendron. Espèce invasive introduite dès le 18ème siècle, cet arbuste menace aussi l’équilibre de certains écosystèmes en délogeant toute une diversité d’espèces. Comme le bracken, le rhododendron prend beaucoup de place et se propage vite et facilement, c’est pour ça qu’il est considéré comme une menace. Il est d’ailleurs listé dans le Wildlife & Countryside Act de 1981, et il est donc interdit d’en planter dans la nature ou de faciliter sa propagation. Du coup, Ed et Carina font ce qu’ils peuvent pour débarrasser leur forêt de tout le rhododendron. Une fois coupé, ils brûlent le bois d’une certaine manière, dans un four spécial, afin de le transformer en biochar. Ce ‘charbon d’origine biologique’ est utilisé comme engrais et est apparemment très utile pour la réhumification des sols, entre autres. Il n’en ont pas fait quand j’étais là, mais ça a l’air d’être super intéressant (et un sacré boulot!).

La lumière du soir qui effleure les champs 🙂

Entre la forêt, le bracken et la plage, on croise de temps en temps les moutons du voisin, qui paissent tranquillement.

Un samedi, on a passé notre jour de congé à Ferry Wood, et j’ai pris le temps de dessiner, d’écrire et de prendre plein de photos. Le soir, on a cuit des patates et du chou kale dans une belle marmite au-dessus du feu, accompagnés de poisson sur le gril. On a mangé le tout sur une petite butte, en regardant le loch scintiller dans la lumière dorée. Quelle meilleure manière de passer une soirée d’été? 🙂

“Les Beatles étaient quatre moutooooons… dans le veeeeent”

A Ferry Wood, on voit très souvent des ferries (je me demande si le nom vient bien de là), le va-et-vient entre Kennacraig et Islay, the Queen of the Hebrides. Dans le Kintyre, il y a toujours une île à l’horizon, qui vient titiller le champ de vision, instiller des rêves d’autres rivages…

Foxgloves

A Ferry Wood, comme à peu près partout ailleurs dans les îles britanniques, on trouve des foxgloves, LA fleur qui me fait toujours penser à l’Irlande et au Royaume-Uni. J’oublie toujours son nom français (Digitale, d’après Google), pour moi ça a toujours été “La fleur qu’on voit dans Harry Potter”. Si vous ne comprenez pas pourquoi, il faut re-regarder “Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban”, ou juste regarder cet extrait.

Allez, je finis cet article avec quelques photos dénichées sur mon natel!

Vue depuis la cabane de Hobbit, avec Ed au loin
Démonstration de l’usage de la faux par Ed
Du bracken, du bracken, encore du bracken
Westhinder, l’ami voilier, au retour de sa première sortie toutes voiles dehors avec son nouveau mât!
La marmite trop classe et des patates
Moi en pleine action dans mon environnement naturel ^^ — Photo prise par Angela

Et voilà, je m’arrête là pour ce soir. Bonne semaine et à bientôt! 🙂

Scot18#3 Wild waters

Bonjour à tous!
Je reprends aujourd’hui le récit de mes épopées aquatiques dans la péninsule du Kintyre.

Gravelot en pleine exploration. Je le suivais des yeux alors qu’il sautillait de rocher en rocher, courait sur le sable mouillé,…

Lors de ma première véritable journée, un samedi, Ed avait une répétition de sa chorale gaélique à Tarbert, et Carina m’a proposé d’aller faire un tour en canoë. Bien entendu, je ne dis jamais non à ça! 😀

Leur canoë est simplement posé dans l’herbe au bord de la plage, j’adore. C’était marée basse, donc on a dû un peu pousser notre embarcation avant de finalement pouvoir pagayer librement. On a parcouru pas mal de kilomètres, le long de la côte, sous un ciel d’abord immensément bleu, avant que les nuages ne viennent se réunir au-dessus des îles.
L’eau était absolument magnifique, à l’allure presque huileuse, et le canoë glissait dessus sans un bruit. Vraiment un beau moment. 🙂

On a vu une quantité folle de méduses! Trois espèces différentes, dont deux complètement inoffensives. Mes préférées étaient des petites méduses avec quatre anneaux roses sur le dessus, qui apparaissaient et disparaissaient sans cesse. On a pagayé au-dessus de superbes forêts de varech, observé de farouches huîtriers pies qui s’envolaient en criant en nous voyant,… On a aussi croisé plein de cormorans qui bronzaient sur leur rocher, mais ce n’est pas tout. On a aussi rencontré la dose de phoques! 🙂

La plupart (des phoques communs, je pense) étaient étalés sur des rochers, mais certains nageaient autour de nous. L’un d’entre eux a commencé à ‘frapper’ l’eau et à faire de gros splashes, je suppose que c’était pour nous intimider ou marquer son territoire. Apparemment, suite à une rapide recherche Google, c’est aussi un comportement qui vise à attirer l’attention des autres phoques. Ça m’a rappelé mon incroyable excursion en kayak de mer à Stewart Island, durant laquelle un jeune lion de mer mâle super curieux était venu nager au milieu de notre groupe, plongeant sous les kayaks et nous tournant autour pendant une bonne vingtaine de minutes!

‘Notre’ lion de mer n’avait pas tenté de grimper sur nos kayaks (heureusement d’ailleurs, car c’est quand même vachement instable, un kayak de mer, donc ça doit être carrément galère, et en plus c’est super impressionnant, un lion de mer de près), mais dans le genre ‘expérience de ouf’, je vous invite à regarder cette vidéo de kayakeurs qui ont rencontré un jeune phoque gris très, très curieux dans le Firth of Forth (dans le coin d’Edimbourg).

On peut voir la tête des phoques au loin, car on gardait une certaine distance. A partir du moment où on les a vus, on a quasi cessé de pagayer.

Il y avait un côté magique et poétique à glisser ainsi sur l’eau, avec toute cette vie tout autour. Et ça m’a fait penser au merveilleux film d’animation irlandais “Song of the Sea”. Si vous ne connaissez pas, je le conseille vivement. C’est une aventure remplie de magie fondée sur des mythes folkloriques du nord de l’Europe (dont les selkies, des phoques qui peuvent se transformer en humains), le tout raconté par des dessins magnifiques et de la musique enchanteresse. Voici quelques images pour vous donner une idée du style (en revanche, je ne recommande pas franchement les bandes-annonces, elles ne font pas justice au film):

D’ailleurs, j’avais moi-même la fibre créative durant mes dernières vacances en Ecosse. J’ai tenu comme d’habitude le fameux carnet de voyage, mais j’ai aussi pris le temps de dessiner, partout: dans le jardin, sur la terrasse (sous les yeux d’une poule curieuse), à la plage,…

Une chouette après-midi passée à peindre à la plage.
Panorama d’A’Chlèit, la plage au pied de la colline, d’où je pouvais suivre le va-et-vient des ferries pour Gigha.
Oystercatcher.
Etrange découverte au détour d’une balade.

Un jour, je suis allée me promener à la plage sous la pluie, avec l’envie de découvrir la partie Nord de la côte. Durant ma marche, je suis tombée sur un impressionnant squelette (ci-dessus). En rentrant, Ed m’a dit qu’il s’agissait sûrement d’un marsouin, qui s’était probablement fait attaquer par un groupe de dauphins mâles! Eh ben!

De temps en temps, des baleines sont aperçues près de la péninsule, même si c’est plutôt rare. Régulièrement, Ed et Carina aident même à la surveillance des échouements de mammifères marins.

Et voilà, plutôt que sur un squelette, je vous laisse à nouveau sur un beau coucher de soleil (j’ai tellement de photos de cette vue au coucher du soleil, je les distille un peu dans chaque article, huhu).

A bientôt pour la suite des photos et anecdotes de mon temps à Ron Mara!
See ya!

Scot18#2 Au fil de l’eau

Bonjour à tous!
Aujourd’hui, je continue le récit de mes quelques jours passés à Ròn Mara en juillet 2016. Cette période a été marquée par différents lieux: la maison et le jardin, bien sûr, mais pas seulement, car on s’est pas mal déplacés, et j’étais étonnée de voir à quel point j’avais l’impression de bien connaître les routes et les petits bleds de la région après seulement quelques jours. Ed et Carina possèdent une vieille forêt de chênes magnifique, au bord du West Loch Tarbert, où on a passé pas mal de temps et dont je me réjouis de vous parler. Mais avant ça, je veux m’attarder sur un autre élément.

Vue sur Jura, et sans doute Islay (difficile de savoir où finit l’une et où commence l’autre)

Une constante lors de ce voyage, c’était l’eau. La vue sur le Sound of Gigha depuis la maison, l’excursion en canoë, les balades sur la plage, et aussi pas mal d’efforts pour remettre un bateau à l’eau…! Une histoire dont je vais vous parler plus en détail plus loin. Mais, et c’est surprenant en Ecosse, l’eau était également un sujet de conversation quotidien du fait de… sa rareté durant l’été 2018!

En effet, en trois semaines, quasi pas une goutte de pluie. Le sol était tellement sec qu’il n’y avait presque pas de midges non plus, la folie! Résultat: pour la première fois depuis des années, Ed et Carina devaient arroser le jardin, ce qui est d’habitude superflu. Plus au sud de la péninsule, des maisons n’avaient carrément plus d’eau courante, car beaucoup dépendent de petites rivières et de ruisseaux qui étaient à sec, du jamais-vu. Et vu que le manque d’eau n’est d’ordinaire pas un problème en Ecosse, il n’y a pas partout des infrastructures pour stocker l’eau.
Bref, l’eau, c’était vraiment un point récurrent du voyage.

Lors de mon jour de congé, je suis allée me promener le long de la côte. Pour rejoindre la plage, il faut d’abord traverser le champ du voisin, dans lequel ne vivait au départ qu’un seul mouton, dédié à la casserole. Sauf que voilà, il s’est avéré que c’était une brebis portante, donc le voisin a décidé de garder la mère et l’agneau, puis d’acheter un troisième mouton pour leur tenir compagnie, huhu. 😉

Une fois sur la plage, je commence à longer la côte direction le sud. Tout au long de la balade, je m’émerveille devant toute cette vie. Ça grouille de partout! Des oiseaux à foison, surtout, mais aussi plein de coléoptères, des puces de sable, des papillons…

Des huîtriers pies s’envolent sur mon passage, des grands gravelots sont partout, à courir d’un rocher à l’autre,… J’adore observer leurs va-et-vient, ils sont vraiment adorables. Il y a bien sûr aussi plein de goélands, des cormorans et… des cygnes et des colverts. Ça me fait tout bizarre de voir ces derniers dans de l’eau de mer. ^^
Pour mon plus grand bonheur, j’aperçois aussi un vanneau huppé!

J’ai croisé aussi quantité de carcasses de crabes dans le sable. D’abord juste une pince, puis une ‘carapace’ (ci-dessus), puis un crabe entier (voir plus bas). Le petit crescendo de la promenade, héhé.

La prairie fleurie où bourdonnent les insectes, les rochers, puis la mer, avec les îles Cara et Gigha.
Vue sur l’église proche de North Beachmore.
A droite de l’église, on peut voir la colline qui longe la côte, bien raide 😉
Muasdale, le village le plus proche, où se trouve l’arrêt de bus officiel. Il y a un camping et quelques maisons, mais c’est tout: pas d’épicerie, pas de pub, pas de café.
Des cygnes côtiers, avec Islay/Jura en arrière-plan.
Je trouve qu’il a un regard vachement perçant, pour un crabe mort…

Petite photo au retour de ma balade, sous un ciel couvert mais sec, mon sac à dos faisant office de trépied.

Maintenant, c’est l’heure de parler du bateau! Ed et Carina possèdent un voilier, mais suite à un petit incident impliquant une route et des arbres, ils avaient cassé le mât. La mission de la semaine: remettre le voilier à flot, avec un mât tout nouveau fraîchement livré.

On est d’abord allés à Ardfern pour acheter un nouveau moteur pour le dinghy, un canot pneumatique qui sera utilisé pour aller de la côte à la bouée d’amarrage du bateau. Le coin est superbe, avec un loch parsemé d’îles recouvertes de forêts de noisetiers. Et sur la rive, des fleurs, des fleurs et encore des fleurs! Des abeilles volent de partout, et on croise aussi des chardonnerets élégants.

Ce même jour, on est ensuite allés à Lochgilphead (prononcez “Lochgilperdt”), l’une des plus grandes ‘villes’ du coin (il y a même 5 spots de recharge pour voitures électriques, mais ça ne m’étonne presque plus car en Ecosse, il y en a vraiment pas mal, même cachés derrière un buisson au terminal de ferry de Kennacraig), notamment pour récupérer Angela, une nouvelle WWOOFeuse de 17 ans qui habite aux Etats-Unis.

Un nouveau jour qui s’achève à Ron Mara — Le soleil se couchait après 22h.

Un jour, grâce à l’aide d’un ami d’Ed, on a sorti le bateau de la grange dans laquelle il avait passé les derniers mois, et on l’a remis dans son élément. On a ensuite descendu West Loch Tarbert pour aller poser le voilier sur la plage de Ferry Wood, leur forêt.

Cette photo ne date pas du tout de ca jour-là, car les voiles n’étaient pas encore montées, donc on a fait le trajet au moteur.

Le long du loch, il y a de magnifiques rives sauvages, avec d’anciennes forêts de chênes. On a vu un rocher recouvert de sternes en pleine nidification, et un splendide fou de Bassan qui est passé tout près du bateau en volant!

J’ai adoré tout le trajet: le vent, les vagues, et les jumelles pour scruter les berges, à la recherche d’un phoque ou, qui sait, une loutre (en l’occurrence, aucun des deux ce jour-là)

Le voilier arrivé à Ferry Wood. Vraiment une journée radieuse!

Lors de ce WWOOFing, j’ai donc fait de la voile pour la toute première fois! J’ai aussi mangé du homard pour la première fois de ma vie: un soir, le voisin est venu nous en apporter, du tout frais pêché de la journée! 🙂
Ça ne m’avait jamais vraiment trop donné envie, mais j’ai trouvé super bon!

Olala, et j’ai encore plein de trucs à raconter, mais cet article est déjà plus long que le Loch Ness, donc je vais m’arrêter là pour ce soir! Je vous laisse avec cette photo de coucher de soleil, avec les éoliennes de Gigha dans la lumière rasante.
Tschüss!