Madeira19#7 Ilhas e golfinhos

Bom dia!
Avant de commencer à vous inonder de photos de Shetland, il faut quand même que je termine la rétrospective des vacances à Madère — ce qui devrait prendre encore trois ou quatre articles.
Aujourd’hui, on reprend donc avec une sortie en mer pour aller fouler le sol des Ilhas Desertas!

En quittant Funchal

Un truc qu’on avait vraiment envie de faire durant les vacances, c’était de passer une journée en bateau, notamment pour voir des dauphins. Et on était aussi intrigués par ces Ilhas Desertas, trois petites îles désormais inhabitées, sauf par les gardiens de la réserve naturelle. On a donc embarqué pour un tour d’une journée avec Ventura Nature Emotions.

A peine quinze minutes après notre départ de Funchal, on rencontre un groupe de Bottlenose dolphins (grand dauphin, en français). Ce sont parmi les plus communs, j’avais déjà vu cette espèce en Nouvelle-Zélande et en Ecosse, mais c’est toujours magique de les voir foncer vers la proue du bateau, nager à toute vitesse tout près de nous et nous suivre pour un temps.

Il y a environ 40 km de Funchal aux Ilhas Desertas. En chemin, on croise plein de shearwaters (puffins, en français), qui portent bien leur nom: ils rasent la surface de l’eau, frôlent les vagues, volent au milieu de vents à dérouter les mouettes! Vraiment magnifique!

Photo moche et sombre de shearwaters ^^

Après environ 3h à naviguer face à un sacré vent de travers, on arrive à Deserta Grande, la plus grande île du petit archipel. On s’arrête au pied de superbes falaises aux teintes incroyables, allant du violet au jaune en passant par du rouge-ocre, avec de magnifiques stratifications.

On se régale avec un buffet préparé par notre capitaine, on se baigne au milieu de beaux poissons gris-bleu dans une eau à 18°C, puis on descend dans un zodiac. Avant d’aller se promener sur l’île, on va voir de superbes grottes uniquement accessibles à marée basse.

Apparemment, il y a beaucoup de ces grottes ici, et certaines, qui ne sont accessibles que sous l’eau, sont utilisées par les phoques moines pour mettre bas et élever leurs petits. Les Ilhas Desertas forment une importante réserve naturelle, notamment marine, et abritent une importante colonie de phoques moines, une espèce en danger dont il ne reste qu’entre 350 et 450 individus au niveau mondial, d’après l’UICN.

C’est notamment pour protéger cette espèce que la pêche est interdite autour des îles, mais les rangers de la réserve doivent constamment lutter contre les activités illégales. Ils sont les seuls à “habiter” l’île (ils se font relayer toutes les deux semaines). Personne d’autre ne vit là, notamment car il n’y a quasi pas d’eau douce sur l’île.

On a ensuite débarqué sur l’île à la “fajã”, un genre de crique avec un espace plus ou moins plat créé par une succession de glissements de terrain — autrement, il n’y a que de hautes falaises, pas pratique pour accoster.

Wahou, ces stratifications!

C’est ici que se trouve la maison des rangers. Quand ils ont appris qu’il y avait un lusophone dans le groupe, l’un d’eux, Felipe, a “kidnappé” José pour taper la causette. Avant le mois de mai, il n’y a pas beaucoup de tours en bateau, donc les gardiens n’ont pas souvent de la compagnie.
C’était très sympa de discuter avec lui, d’en apprendre plus sur son travail, et aussi de découvrir que nos guides pour cette journée en mer étaient très appréciés par les “locaux”.

Un des nombreux canaris de l’île

Autour de la maison de rangers/centre pour visiteurs, on a suivi un sentier didactique avec Luis, notre guide/biologiste marin. On a vu de superbes mousses rouges, des canaris, des pippits, des sternes, et on en a appris plein sur la faune locale. Il y a une immense tarentule endémique, mais qui ne vit qu’au sommet des falaises, et une importante faune marine: outre les fameux phoques moines, il y a toutes sortes de baleines et d’oiseaux marins, dont un pétrel endémique qui ne vit que sur une seule des trois îles désertes.

La maison des rangers en arrière-plan
Le bateau de Ventura

On a eu du temps pour se promener au milieu des rocailles et de la fascinante flore avant de devoir gentiment reprendre le zodiac direction le bateau.

Trouvez le canari!

On a de nouveau eu droit à de sacrées vagues pour le trajet du retour, mais on était désormais plus habitués à la houle et il y avait même un peu de soleil pour nous réchauffer — car à l’aller, avec tout le vent, il faisait plutôt frisquet. On a aussi pu se régaler avec quelques biscuits et un verre de madère avant notre arrivée à Funchal, vers 18h30! 🙂

Fatigués mais super contents, on est rentrés à Jardim do Mar pour un bon bain et une sympathique soirée à se gaver de bolos do caco à l’ail sur la terrasse de Joe’s Bar.
Tchao, et à bientôt pour la suite!

Madeira19#6 Côtes et cols

Bom dia!
Voici le dernier article programmé avant le départ pour les îles Shetland: si tout va bien, nous serons de retour demain. En attendant, la rétrospective madérienne continue! Encore quelques articles avec plein de photos, et ce sera bientôt terminé. 😉

Après avoir fait plus de 50 km à pied en deux jours, on avait pas mal de courbatures et quelques douleurs (nos genoux, toujours nos genoux…), donc on s’est octroyé une journée plus tranquille. A notre réveil, il pleuvait beaucoup, donc on a un peu prolongé notre nuit avant de plier bagage et quitter Solar da Bica. Le personnel de l’agro-tourisme était vraiment super sympa durant tout notre séjour, et on a reçu un petit pot de leur délicieuse confiture de tomate à l’heure du départ. On a roulé à peine 5 minutes avant de s’arrêter pour visiter les grottes volcaniques de São Vicente, qu’on a adorées!

Les grottes volcaniques de São Vicente (photo natel José)

Ces grottes ont été formées par des éruptions volcaniques vieilles de 400’000 à 800’000 ans. Il y a plein de tunnels, les murs sont formés de scories, des gouttes de lave solidifiée pendent du plafond, et de l’eau dégouline de partout! Il y a notamment un lac souterrain dans lequel un vigneron local fait stocker son vin, pour voir si la température constante toute l’année influence le goût. Devant chaque spot lumineux, il y a aussi plein de petites fougères, qui ont voyagé clandestinement sur les visiteurs sous forme de spores avant de s’établir dans ces grottes à l’humidité idéale.

La visite était très chouette, en portugais puis en anglais, et j’étais trop fière de quasi tout piger du premier coup: notre guide articulait tellement bien! Et quand j’avais loupé des trucs en portugais, il y avait l’anglais juste après pour compléter, héhé. A la fin de la visite de la grotte, on est allés voir le centre de volcanologie, plutôt bien fait, et où on a entendu parler de superbes formations géologiques dans tout l’archipel de Madère (c’est malin, ça nous a donné envie d’aller à Porto Santo, alors qu’on s’était dit qu’on pouvait écarter cette île de notre itinéraire sans regret ^^).

Une fois cette chouette visite terminée, il est déjà midi et on s’élance sur la route côtière direction Porto Moniz. En chemin, on s’arrête pour regarder la vue et faire quelques pas sur d’anciennes routes désormais fermées — maintenant, il y a des voies rapides avec des tunnels partout. Les paysages côtiers sont grandioses depuis ces petites routes, mais on comprend qu’elles aient été fermées. Ça devait demander un entretien fou, il y avait partout des traces de chutes de pierres. Sur un de ces vieux tronçons, on a même trouvé une cascade qui se terminait en plein milieu de la route! Parfois, c’était carrément des pans entiers de route qui s’étaient effondrés dans l’océan.

Des plantes trop cool poussant sur une falaise

On s’est arrêtés un petit moment dans le joli village de Seixal, pour admirer une cascade se jetant dans l’océan. On a aussi vu des apprentis surfeurs s’entraîner sur la plage de sable noir, ils géraient!

De manière générale, la côte nord de l’île est tellement belle qu’on s’extasiait tout le temps. Des cascades, des falaises, des promontoires rocheux au milieu de l’océan… C’était absolument grandiose.

Arrivés à Porto Moniz, on emprunte une route pour quitter la côte et monter jusqu’au plateau de Paúl da Serra.

En un instant, les paysages sont complètement différents. On se retrouve au milieu des genêts en fleur, avec des vaches qui paissent tranquillement sur la bas-côté.

Les petites bornes le long de la route ont d’ailleurs été réquisitionnées par les vaches comme accessoires de grattage! 😉

On a roulé à peine quelques kilomètres, mais l’océan semble déjà bien loin et bien bas.

Et soudain, le brouillard, sorti de nulle part. Pendant un bon moment, on ne voyait pas à cinq mètres, c’était impressionnant. On est repassés dans le coin plus tard durant le voyage, et c’est vraiment le territoire de la brume. Le temps change super vite et on se retrouve soudainement plongés dans les nuages.

On redescend ensuite par le col d’Encumeada, d’où la vue sur les montagnes est grandiose.

On descend ensuite vers Câmara de Lobos, un village dont le nom signifie “chambre des loups”. Les premiers explorateurs l’ont appelé ainsi car, à leur arrivée, il y avait plein de phoques moines, ou “loups de mer”. De nos jours, malheureusement, on n’en trouve plus aucun sur l’île de Madère. Il en reste une petite trentaine dans les Ilhas Desertas, et moins de 600 sur la planète entière…

On a mangé à Câmara de Lobos (il était 15h, on était affamés) et on a flâné dans les ruelles pavées. On est tombés sur un groupe de filles de tout âge avec des longues jupes blanches, en pleine répétition de danse folklorique. D’après José, elles s’entraînaient pour la venue proche de la télévision portugaise, qui fait le tour du pays et filme les fêtes de villages.

Puis on a repris un peu de hauteur, direction Cabo Girão, une falaise de plus de 560 mètres de haut avec un fameux point de vue: une plateforme avec un plancher de verre qui permet de voir des cultures situées au pied de la falaise, juste au bord d’une plage de galets.

La vue était effectivement incroyable. Comme c’est beau, l’océan!

Puis on a repris la voiture et on a roulé jusqu’à notre point de chute pour les trois prochaines nuits: l’adorable village de Jardim do Mar. Rien que le nom fait rêver, je trouve.

Notre petit hôtel est super chouette, on a même un immense balcon, et il y a une piscine bien fraîche pour faire trempette — car il y a peu d’endroits pour se baigner dans l’océan, à cause de la force des vagues.

Le village est adorable: un labyrinthe de petites ruelles pavées, des maisons avec des cours remplies de plantes, des murs de pierre et des chats qui dorment un peu n’importe où. Ça m’a fait penser à Godojos, le village d’origine de ma grand-mère, en Espagne, mais en meilleur état.

On s’est joyeusement perdus dans le dédale des rues avant d’atteindre la promenade du bord de mer. Comme souvent à Madère, il n’y a pas de plage mais d’énormes plots de béton pour protéger la côte de l’action des vagues. La vue sur les falaises proches n’en était pas moins magnifique, surtout dans la lumière du soir!

Le village est de plus entièrement piéton, et super calme le soir. Et il y a un lieu incontournable, Joe’s bar, un restaurant avec une terrasse magnifique dans une petite cour fleurie, avec des palmiers qui poussent dans tous les coins et même un étang peuplé de grenouilles. L’endroit parfait pour boire une jus d’orange frais et manger un Bolo do caco à l’ail (le pain de Madère, fait avec de la farine de blé et de la patate douce).

Le premier soir, on a mangé au resto de l’hôtel, qui offre un beau panorama sur l’océan. A un moment, on a cru voir un dauphin. Tout excitée, je cours chercher les jumelles dans la chambre et je reviens, pour découvrir que c’était… un caillou. Haha. Pour les dauphins, on a dû patienter encore un peu, mais pas longtemps… *To be continued*

La suite un de ces quatre! Tchao! 🙂

Madeira19#5 Ribeira da Janela

Bom dia! Voilà la suite des aventures à Madère — relatées et programmées avant mon départ en Ecosse.

Lors de notre deuxième nuit à São Vicente, on a malheureusement mal dormi et on s’est réveillés vachement fatigués. Qu’à cela ne tienne, on prend la route direction le nord-ouest pour aller petit-déjeuner à Porto Moniz avant notre rando du jour, la Levada da Ribeira da Janela.

Cette levada était décrite par Le Routard comme l’une des plus belles de l’île, notamment pour ses vues sur de magnifiques cultures en terrasses. En fait, on voit seulement des cultures en terrasses au départ de la marche (et depuis la route), mais du coup ça a donné du suspense à la rando. A chaque virage, on s’attendait à tomber sur un village caché… Mais non, haha.

Le sentier était tout d’abord très large et offrait de belles vues sur des rochers dans la mer et le village de Ribeira da Janela. Mais bien vite, on s’est retrouvés au coeur d’imposantes montagnes recouvertes d’une belle forêt dense, avec la rivière en contrebas.

On a revu une tonne de roitelets de Madère, pour notre plus grand bonheur. C’est vraiment incroyable à observer: ils bougent tellement vite, sans rester tranquilles, et il y en avait souvent une dizaine sur le même arbre.

Puis, nouvelle surprise ornithologique: on tombe sur le fameux pigeon trocaz, aussi endémique de l’île. On était trop contents et on est restés un bon moment à l’observer, près de son nid. On s’est fait dépasser par plusieurs marcheurs qui n’ont pas eu l’air de se demander outre mesure pourquoi on s’infligeait un début de torticolis. ^^

Au retour, on a revu un pigeon trocaz, beaucoup mieux et à notre hauteur. Il a des motifs superbes sur le cou, et une belle queue en éventail traversée d’une bande blanche.

Lors des levadas de la veille, il nous était déjà arrivé de devoir passer derrière des cascades, mais cette fois on devait carrément passer dessous! On s’est bien marrés, c’était impressionnant. Heureusement qu’il y avait une structure formant un mini tunnel, car même avec ça on était trempés. On sentait toute la force de l’eau qui s’abattait sur le petit toit de fortune.

Le passage sous la cascade

On s’est arrêtés pour pique-niquer devant une ancienne maison de levadores, les ouvriers des levadas. Tout un groupe de pinsons (pas du tout intéressés par les miettes de sandwiches ^^) nous a tenu compagnie pendant cette petite pause, donc j’en ai profité pour prendre plein de photos.

Peu après, on a dû traverser un tunnel interminable. Vraiment, on n’en voyait pas la fin. D’après notre carte, on pense qu’il faisait environ 2 km de long, et ça nous a pris 20-25 minutes de le traverser. Par endroits, on s’est fait attaquer par des trombes d’eau, c’était méga impressionnant. Le sol était aussi recouvert de flaques bien profondes, et on est ressortis trempés jusqu’aux os. C’était une sacrée expérience, d’être dans le noir total (on ne voyait vraiment pas la sortie, tellement c’était long, et le faisceau de la lampe frontale servait juste à ne pas se cogner la tête, car le plafond était bas), et c’est fou comme le son voyageait mal. On n’entendait pas les trombes d’eau avant d’être à seulement quelques mètres. On a croisé des gens à un moment, et pareil, on ne s’est remarqués qu’au dernier moment, c’était fou. C’était un moment sacrément fatigant (et froid), mais aussi sympathiquement particulier.

Après le tunnel, la rando commençait toutefois à devenir un peu longuette. Surtout avec le manque de sommeil, j’avais mal au crâne et je n’arrivais pas à profiter comme il se doit des beaux paysages montagneux.

Finalement, on arrive au bout, même si ce n’était pas très clair que c’était le bout. Voilà la rivière, avec un petit barrage et de beaux rochers. On retrouve un couple de Français qui logeait aussi à Solar da Bica et on discute un petit moment. Puis on se pose pour manger des fruits, histoire de reprendre des forces pour effectuer le retour.

Le retour était laborieux, car on était épuisés. J’avais l’impression finalement de marcher en mode automatique, comme si j’avais une mission et que mon cerveau se répétait simplement qu’il fallait continuer d’avancer. Il y a quand même eu de chouettes moments, notamment quand on a revu un pigeon trocaz et des roitelets, et aussi les régulières visites de pinsons des arbres, qui s’envolaient du chemin à notre arrivée.

C’était quand même une très chouette rando, d’environ 26 km aller-retour (30 km selon les panneaux le long du sentier), qu’on a engloutie en sept heures. Les paysages sont beaux, mais c’est une balade que je recommande de faire quand on n’est pas déjà exténués en se levant le matin. ^^’

On s’est requinqués le soir en allant se détendre dans la piscine chauffée de l’agro-tourisme puis avec un repas super délicieux et copieux dans un petit resto du front de mer de São Vicente.

A lundi prochain pour la suite de la rétrospective! 😉

Madeira19#4 Vers les nuages du Nord

Bonjour à tous!
Aujourd’hui, avec la rétrospective de Madère, je vous emmène dans les belles forêts humides enveloppées de nuages du nord de l’île. C’est là qu’on a fait nos premières levadas, les bisses locaux, qui servent donc à conduire l’eau des montagnes jusqu’aux terres cultivées. Eh oui, car il n’y a pas franchement de réservoirs d’eau douce à Madère, surtout dans le sud, par contre il pleut beaucoup dans le nord, et ces petits canaux ingénieux permettent donc de récupérer toute cette eau. Et de nos jours, ces levadas servent aussi de superbes balades le long des montagnes.

Vue sur Penha de Águia

Après notre balade à la Ponta de São Lourenço, nous avons roulé direction le nord, en empruntant le col de Portela. En un instant, les paysages ont complètement changé. Après les falaises arides du cap de l’est, place à des forêts luxuriantes recouvrant des montagnes pointues finissant abruptement dans la mer, avec des maisons disséminées un peu partout. En débouchant sur la côte nord, on découvre un impressionnant promontoire rocheux de quasi 600 mètres de haut: Penha de Águia.

Le bord de mer à Porto da Cruz

On a pris un café sur une terrasse de Porto da Cruz avant de continuer notre route le long de la superbe côte. On a emprunté plusieurs petites routes désertes et pentues, alors que le temps se couvrait et que le vent se levait.

En fin d’après-midi, on est arrivés à São Vicente, notre point de chute pour trois nuits. Caché dans une petite vallée proche de la mer, São Vicente est connu pour ses grottes, dont je vous parlais dans un autre article. On a choisi d’y rester car on avait entendu parler d’une très chouette maison d’hôtes type agro-tourisme, Solar da Bica. Eh bien on n’a pas regretté, c’était effectivement super bien!

Le lendemain, les choses sérieuses commencent! 🙂
Après un délicieux petit-déjeuner du terroir, on roule sous la pluie jusqu’au parc des Queimadas, au coeur de la forêt Laurisilva, classée au patrimoine mondial. On rejoint toutes les autres Renault Clio dans le parking bien rempli (c’était LA voiture de location de tous les touristes, toujours la même Renault Clio grise ^^), puis on commence la magnifique Levada do Caldeirão Verde.

Arbres tordus recouverts de lichens et mousses, fougères splendides, petits poissons nageant dans l’eau de la levada, passages vertigineux, grottes et cascades,… c’était vraiment beau. L’élément dominant était clairement l’eau. Il y en avait partout: dans la levada (as it should be), dégoulinant des parois, tombant du ciel (on a eu droit à pas mal de pluie) et aussi sur le chemin, bien boueux.

C’était tellement incroyablement vert. Des plantes poussaient partout, même dans les pentes hyper raides. Plus on s’enfonçait dans la vallée, plus les vues sur les montagnes voisines étaient impressionnantes, dans une atmosphère mystique accentuée par tous les nuages.

Trouvez José au milieu de tout ce vert

Très vite, on rencontre nos premiers pinsons des arbres de Madère, une sous-espèce de ceux qu’on trouve chez nous. Ils étaient vraiment trop choux, à sautiller sur le sentier. Souvent, au détour d’un virage, on tombait sur un petit groupe qui s’envolait à notre approche.

On n’était pas tout seuls, mais ce n’était pas plus gênant que ça, sauf quand on croisait d’immenses groupes guidés. Le seul moyen de croiser: mettre une jambe de chaque côté de la levada pour libérer de la place sur le sentier, bien étroit. Cette technique fonctionne très bien… à condition que les gens jouent le jeu. On a observé quelques altercations entre des marcheurs, quand personne ne voulait se mettre sur le côté. Une touriste allemande qu’on a croisée plusieurs fois avait l’air bien pressé et forçait systématiquement le passage. Bref… A part ça, l’ambiance était le plus souvent sympa et cordiale, heureusement!

Il y avait vraiment des cascades dans tous les coins, et je me croyais parfois dans la jungle, voire dans “Avatar”. Avec la brume, les sommets environnants étaient le plus souvent dissimulés, mais parfois des pans de montagnes apparaissaient, avec l’air de flotter au milieu de la vallée.

Les arbres poussaient tellement dans tous les sens qu’en triant les photos, j’avais parfois de la peine à savoir si c’était une image verticale ou horizontale, haha.

Souvent, le sentier ne consistait qu’en un petit muret. Les barrières ont été ajoutées plus récemment, pour sécuriser un peu le tout, mais on voyait régulièrement des tronçons effondrés, ça foutait un peu les jetons. Durant la marche, on imagine vraiment bien le défi qu’a dû représenter la construction de ces levadas, dès la seconde moitié du XVe siècle (source: notre compagnon Le Routard). Ça doit aussi demander un sacré entretien, surtout vu la pression touristique.

La variété de mousses et lichens était magique! J’ai souvent pensé à Genna, une amie américaine rencontrée à Aberdeen, qui s’extasiait toujours devant les tapis moussus des montagnes écossaises.

On a dû traverser quelques tunnels (d’où l’importance de ne pas oublier sa lampe frontale quand on va à Madère, et de vérifier que les piles ne sont pas à plat ^^), mais vraiment courts par rapport à ceux qu’on a empruntés durant les jours suivants.

On a admiré un faucon en plein piqué, c’était magnifique. Quelle maîtrise dans les airs! En plus, je viens de finir le livre H is for Hawk, d’Helen Macdonald, donc mon admiration pour les rapaces est encore montée d’un cran.

En approchant de la fin de la levada, la pluie s’invite avec un peu plus de force. On atteint finalement la haute cascade qui marque l’arrivée et coule dans un mini lac qui se transforme en rivière, avec plein d’énormes rochers moussus partout. On ne s’est pas attardés au pied de la cascade, en partie à cause de la pluie mais surtout en voyant les marques d’un gros éboulement récent qui n’inspiraient pas confiance.

Après la cascade, c’est le moment de faire demi-tour pour retourner au début de la marche. Eh oui, à Madère, énormément de randos ne forment pas des boucles, donc on a dû faire beaucoup d’allers-retours, ce qui pouvait être parfois un peu fatiguant et redondant.
De retour au parking, on avale un bon muffin et un bolo de arroz et on reprend la route. On a déjà 13 km dans les pattes, mais on ne s’arrête pas là. On rejoint un autre coin de la Laurisilva pour notre deuxième marche du jour: la Levada do Rei

La marche commence dans une plantation d’eucalyptus, donc on en prend plein les narines. On s’attend presque à voir un koala débouler, haha. Mais à la place, on a le grand plaisir de voir nos premiers roitelets de Madère! Endémique de l’île, cette espèce est très proche de notre roitelet à triple bandeau. Et donc absolument vraiment beaucoup trop adorable! 🙂

Il y en avait plein dans le même arbre, et ils bougeaient dans tous les sens en chantant à tue-tête. On les a observés un bon moment, tout contents, jusqu’à ce qu’ils s’envolent d’un coup à l’approche d’un autre couple de touristes.

Au fil de la levada, la forêt est devenue de plus en plus impressionnante, avec des lauriers tortueux absolument magnifiques. On a aussi eu droit à de jolies vues sur des villages proches de la côte. Et comme d’habitude, des fougères, plein de fougères!

La balade s’est terminée vers de petites chutes d’eau où on a mangé une pomme, entourés d’une flopée de jolis pinsons. Puis on a de nouveau fait demi-tour, ajoutant 10 km de plus à notre compteur.

On a mangé sur la route du retour avant de s’effondrer dans notre lit, bien fatigués par nos 23 km à pied de la journée. On était prêts à dormir à 21h, mais finalement on s’est dit que c’était un peu tôt… Résultat: on a éteint la lumière à 00:39, quand j’ai fini de relire Harry Potter 4. ^^’

Et voilà, c’est fini pour aujourd’hui. Tchao et à lundi prochain pour la suite (je le sais car l’article est déjà programmé, héhé)! 🙂

Madeira19#3 Ponta de São Lourenço

Bom dia! C’est parti pour la suite des aventures à Madère — même qu’aujourd’hui, si tout va bien, José et moi sommes arrivés à Shetland! Cet article vous est donc proposé grâce à la merveilleuse fonction technologique permettant de programmer les articles à l’avance, héhé!

Allez, reprenons là où on s’était arrêtés lundi dernier. Lorsqu’on a quitté Funchal pour aller chercher notre voiture de location, on s’est rendu compte qu’on avait réservé celle-ci… à Porto. Bref. Par chance, il restait une voiture de location, donc pour quelques euros de plus, on a tout de même pu s’élancer sur la route comme prévu. 😉

On prend la direction de la pointe est de l’île, en passant sous la piste de décollage de l’aéroport (si, si! Celle-ci repose en partie sur d’énormes pylônes, et dessous on trouve une route, des courts de tennis et un parking pour voitures et bateaux!). Notre premier arrêt de la journée: la Ponta de São Lourenço. Impossible de rater le début de la marche: ça commence là où la route prend fin, et on est loin d’être seuls au monde, on finit même par devoir se parquer sur le bord de la route!

Première réaction en sortant de la voiture: ça souffle. Ça souffle sacrément fort, haha!

Palmier indicateur du vent

On commence la marche qui va nous mener à la pointe orientale de l’île. Le sentier est très fréquenté, mais ça ne gêne pas trop: les paysages sont tellement sublimes! Le chemin monte et descend au gré des collines/falaises, avec toujours un vent à décorner les licornes.

Une plage de galets qu’on est allés voir de plus près au retour
Plein d’Homo sapiens sur le chemin

La géologie du coin est absolument incroyable, avec des roches aux couleurs super variées: jaune sableux, violet, rougeâtre, bleuté,… Partout, des scories et des roches sédimentaires qui strient les falaises, ainsi que des gros rochers émergeant fièrement de l’océan.
Il faut dire que Madère est d’origine volcanique, comme toute la Macaronésie. Cette dernière, soit dit en passant, n’a rien à voir avec les macaroni, haha. La Macaronésie désigne la région formée par les archipels de Madère, des îles Canaries, des Açores et du Cap-Vert.

Rapidement, on arrive à un premier point de vue sur la mer avec de belles aiguilles rocheuses au milieu de vagues déchaînées. Le vent était incroyablement fort à cet endroit, on ne tenait pas droit! D’ailleurs, si plusieurs photos de cet article ont l’horizon bancal, c’est parce que je n’étais moi-même pas très sûre sur mes jambes. On se faisait bousculer dans tous les sens, ça m’a rappelé ma première marche avec Lairig, à Lochnagar, où on s’était retrouvés avec des rafales à plus de 50 mph qui nous faisaient tituber!

A un moment, la péninsule se rétrécit sacrément et c’était magnifique, une fois un peu plus loin, de voir ce bout de terre avec l’océan de part et d’autre.

Un passage bien étroit de la péninsule

Puis on aperçoit au loin une buvette entourée de palmiers, située non loin d’un petit quai d’où partent des tours en bateau. Juste derrière, le sommet de la balade, qui offre une vue incroyable sur les îles en face du cap.

Ces magnifiques stries 🙂
Juste avant l’ascension du dernier bout

Gentiment, le temps se couvre (il fallait bien que tout ce vent ramène des nuages), ce qui donne un air encore plus dramatique aux falaises.

Durant la montée, on croise une famille de Lausannois avec laquelle on discute quelques minutes et qui nous demande de la prendre en photo, puis qui nous a rendu la pareille. Le résultat:

Merci au papa lausannois pour la photo!

Au loin, on aperçoit déjà les Ilhas desertas, trois îles de l’archipel de Madère aujourd’hui inhabitées (il n’y a pas d’eau douce, donc pas très pratique) et situées à une vingtaine de kilomètres la pointe sud-est de l’île. Aujourd’hui, elles forment une importante réserve naturelle, qui abrite notamment des phoques moines et un pétrel endémique du coin.

La flore tout au long de la balade était vraiment impressionnante et variée. Il en faut du courage (et des millénaires de sélection naturelle), pour pousser dans un coin aussi aride et venteux.

Une fois la pointe atteinte, on a fait demi-tour, et on est allés retrouver la plage de galets repérée au début de la marche. On s’est baignés, c’était génial et bien rafraîchissant! Et après, du coup, on avait la peau salée par l’eau de mer, plus seulement la transpi, haha.
Il y avait quelques autres personnes sur la plage, et à qui on a apparemment donné envie de se baigner, mais seul un courageux est allé tremper ses orteils dans l’océan. La température de l’eau tournait autour de 17-18°C, tandis que l’air devait faire environ 22°C. Nickel, mes températures favorites!

Le lieu de notre première baignade en eaux libres de l’année!

Et voilà, c’était notre première mise en jambes des vacances: 8 km aller-retour. Une bien belle balade, et très différente de ce qu’on a eu ensuite, niveau paysage et humidité.

Tchao et à bientôt! 😉

Re-source

Bonjour à tous!
En attendant d’avoir fini de trier mes (nombreuses) photos de Madère, voici une petite série faite ce matin même au bord de l’Allondon.

Il y a quelque temps, quand on a eu droit à de gros orages, on s’est dit avec José que c’était l’occasion de retourner voir la source de l’Allondon, au pied du Jura. On y était déjà allés il y a deux ou trois ans, mais en automne, quand absolument rien ne coule de la paroi. Eh ben là, rebelote, on a trop attendu — surtout avec la canicule! — donc la source n’était de nouveau pas visible. C’est assez marrant, l’eau semble sortir des cailloux, comme par magie. Mais en mars, apparemment, c’est limite une cascade. Bref, on y retournera en mars prochain! 😉

On a quand même bien profité de cette petite balade matinale sans personne (sauf les tonnes de déchets laissés par certains pique-niqueurs…) et je me suis amusée à prendre plein de photos en pose longue, ça faisait bien longtemps!

Les fantômes de l’Allondon!

On s’est bien marrés le temps d’une mini séance photo, à danser sur les cailloux pendant les poses longues!

Le coin est tellement chouette, avec tous ces rochers recouverts de mousse. J’ai revu Frozen il n’y a pas longtemps (j’étais en manque de fraîcheur durant la canicule), et j’imaginais plein de trolls endormis…

Je remercie José, qui a volontairement joué à l’assistant en m’aidant à porter le trépied et à ramasser des feuilles mortes. Explication: je voulais tester un truc lu dans un magazine de photo nature, soit jeter des feuilles mortes dans l’eau pour montrer les lignes rouges qu’elles tracent en descendant le courant. Mais il aurait fallu beaucoup plus de feuilles, donc ça a été un échec total, haha. Je garde quand même l’idée pour l’automne, on ne sait jamais. 😉

Et voilà, je reviens bientôt avec des photos de Madère et/ou de libellules! Bye!

Scot18#12 Sunshine on Leith

Bonjour!
Avant une imminente avalanche de photos de libellules (je rentre de trois magnifiques jours de terrain, quoique bien éreintants à cause de la canicule) et de Madère, il est temps de finir cette rétrospective des vacances écossaises 2018, qui ont commencé et fini à Edinburgh.

The Hostel

A l’aller, je ne faisais que passer: j’avais directement pris la direction de Waverley Station pour sauter dans le train pour Glasgow. Au retour, j’ai dormi une nuit à The Hostel, une auberge juste en face de la gare Haymarket — parfait pour aller à l’aéroport en tram.

J’avais déjà eu l’occasion de visiter pas mal la capitale en 2016, mais je n’avais toujours pas vu le pittoresque Dean Village. C’est donc par ça que j’ai commencé.

En allant à Dean Village, j’ai vraiment eu l’impression d’entrer dans une carte postale grandeur nature. Et c’est tellement calme: pas de pub, pas de magasin. Et pas franchement d’habitants dehors, de ce que j’ai pu constater. Juste quelques touristes en train d’admirer l’architecture locale et la rivière.

Puis j’ai continué ma balade le long du Water of Leith Walkway, une sorte de voie verte pour piétons et cyclistes qui fait en tout plus de 15 km et se termine à Leith, au port. C’est vraiment un chemin génial, qui passe par des coins boisés, des parcs, de jolis quartiers. Je trouve super qu’il y ait un tel parcours en ville qui donne l’opportunité d’échapper au tumulte urbain de certaines rues.

Le Water of Leith Walkway se rejoint de vraiment plein d’endroits. Il y a régulièrement des escaliers qui permettent de remonter dans les rues, et beaucoup de panneaux pour indiquer le parcours.

Le chemin est devenu de plus en plus animé au fur et à mesure que je me rapprochais de Leith. Beaucoup de gens à vélo en train de rentrer du boulot, des promeneurs de chiens, et même des familles jouant dans la rivière. Ça fait plaisir de voir que le coin est vraiment utilisé par la population, ça m’a fait penser au bord de l’Aire.

Edimbourg a pas mal d’horloges stylées un peu partout!

En arrivant à Leith, j’étais crevée. J’avais eu la fausse bonne idée de mettre des petites chaussures, car il faisait super chaud et que j’avais déjà passé trois semaines à porter mes grosses chaussures de marche, mais je ne l’aurais clairement pas fait si j’avais imaginé marcher autant cet après-midi. Mes pauvres pieds tout fatigués avaient besoin d’une pause, donc je me suis offert une bonne glace en observant un peu le quartier, très vivant, avec plein de chouettes terrasses.

Il m’a fallu ensuite rentrer à pied jusqu’à Haymarket, en passant cette fois par la ville. Une fois arrivée à bon port, je découvre sans trop de surprises que j’ai de terribles cloques. J’avais prévu d’aller à une ceilidh le soir, mais j’ai finalement changé d’avis, car je ne vois pas comment j’aurais pu danser. Ce fut donc ma seule déception des vacances: pas de ceilidh! J’étais à Ròn Mara trop tôt pour celle de Tarbert, je n’avais pas de transport pour rentrer de celle de Tobermory, et mes pieds m’ont abandonnée à Edimbourg. Mais ce n’est que partie remise! 😉

Après une petite marche dans la fraîcheur de la nuit puis une soirée tranquille à l’hostel à discuter avec les filles partageant ma chambre (parenthèse: pendant ces vacances, j’étais toujours la dernière du dortoir à me coucher lorsque je dormais en auberge de jeunesse, et la première à me lever, et pourtant je me forçais à aller au lit plus tôt pour ne pas déranger, j’en revenais pas ^^), j’ai passé ce que je croyais être ma dernière nuit de ces vacances.
Le lendemain, j’avais encore toute la journée devant moi, donc j’ai flâné dans Old Town, fait le tour d’un chouette Farmer’s market (où j’ai acheté du chocolat au whisky), fait du lèche-vitrine,… Je n’ai pas sorti l’appareil photo, puisque j’ai déjà énormément de clichés d’Edinburgh, mais j’ai quand même photographié quelques bêtises avec mon natel.

Un truc qui m’a marquée, c’est que les boutiques Harry Potter avaient poussé comme des champignons depuis ma dernière visite, en 2016. Il y en avait absolument partout. Et comme pour chacun de mes passages dans la capitale écossaise, je n’ai pas pu résister à un petit saut au National Museum. Je suis retournée voir les Chessmen de Lewis et j’ai cherché d’autres artefacts archéologiques dont m’avait parlé Ed, parfois en vain (c’est tout de même un sacré labyrinthe, ce musée).

*** Avertissement: gros pavé en vue ***

Après un peu de shopping sur Princes street, je me pose dans un café pour une bonne part de cake et un moccha, et c’est là que je reçois un mail d’EasyJet m’annonçant que mon vol a tout bonnement été annulé. Oups! Je file à l’aéroport pour voir ce que je peux faire, mais après deux heures de queue au Customer Service (alors que j’étais dans les huit premières personnes, c’est dire l’efficacité…), je découvre qu’EasyJet ne peut absolument rien pour moi: la solution proposée la plus rapide était de rentrer le… mardi, en passant par Manchester. On était donc samedi après-midi, et je devais bosser le dimanche soir à Genève. Le wifi de l’aéroport n’étant gratuit que deux heures (et ayant donc expiré d’ici à la fin de la queue), j’appelle Fintan et José, qui me cherchent d’autres options, mais il n’y a vraiment aucun vol. Je réserve donc un bus de nuit pour Londres, puis José me réserve un vol Gatwick-Genève pour le dimanche… juste avant que les employées du guichet EasyJet m’apprennent que ce vol n’était pas disponible dans leur système, ce qui signifie en gros qu’ils font de l’overbooking. Effectivement, le check-in n’est pas possible, ce qui ne sent pas bon du tout. L’autre possibilité, c’est l’Eurostar, mais il y a un problème avec un poste de contrôle SNCF à Paris, ce qui fait que j’allais ensuite être en rade là-bas, sans train pour Genève.

Bref, chaque chose en son temps. Je retourne en ville, je mange, je prends mon bus de nuit. Et là, les choses commencent à s’arranger. Nous sommes tellement nombreux à aller à Londres qu’il y a finalement deux bus: un qui fait plein d’arrêts, et un qui va direct à Londres, et dans lequel j’embarque avec tous les autres qui vont jusqu’à la gare routière de Victoria. Résultat: on arrive à Londres à 5h30 au lieu de 7h du matin, magie! Eh oui, l’espoir renaît, car je savais qu’il y avait un Eurostar à 7h18 allant directement jusqu’à Lyon, sans passer par Paris. Je vole hors du bus, oubliant ma gourde derrière moi, pour découvrir que toutes les stations de métro et gares voisines sont fermées… pour cause de course cycliste. Quelle poisse! Je trouve un taxi, qui heureusement accepte les cartes de crédit (car bien sûr je n’avais plus de cash, et le distributeur de l’aire d’autoroute sur laquelle nous nous sommes arrêtés avec le bus à 2h du mat ne marchait pas…), et on commence notre route dans le labyrinthe des routes fermées et tronçons bouclés pour l’événement sportif.

Oh miracle, j’arrive à la gare internationale de Saint Pancras, je cours jusqu’au guichet et il reste des places en deuxième classe pour Lyon, pour 192£. Ouf, ouf, ouf. Je passe la sécurité et j’ai même le temps de souffler un peu avant d’embarquer pour mes 6 heures de train. Et quel merveilleux trajet en train, tellement confortable, avec même des cookies Michel & Augustin au wagon-restaurant (j’ai toujours l’impression de rentrer à la maison quand j’en mange). Dès que j’ai aperçu l’eau verte du Rhône par la fenêtre, j’ai encore plus eu l’impression d’être chez moi. José m’a fait une surprise en allant me chercher à Lyon, et en un rien de temps on était à Genève, avec “seulement” 20 heures de retard sur mon plan de base.

Bref, c’était un peu l’épopée pour rentrer, et j’ai eu sacrément mal à la nuque à cause du stress et de la nuit dans le bus, mais c’était finalement plutôt simple et rapide, surtout grâce à l’enchaînement d’aides providentielles venu contrer la succession de pépins. La plus grosse difficulté, ça aura surtout été de me faire rembourser par EasyJet, des démarches dont je me serais bien passée… Je suis donc bien contente de ne pas avoir à prendre l’avion pour les vacances de cet été!

C’était un peu dommage de finir les vacances sur cette note stressante, mais ça n’a certainement pas suffi à gâcher ces trois merveilleuses semaines passées en Ecosse! D’ailleurs, alors que le bus de nuit s’éloignait d’Edimbourg, je ressentais déjà ce sentiment de plus en plus familier du douloureux manque d’Ecosse…
Bon, et pour finir, voilà quatre photos prises à Glasgow au début de mon séjour:

Ça y est, Scotland#2018, c’est fini!
Je vais enfin pouvoir vous parler des superbes vacances de Pâques à Madère… mais l’Ecosse repointera vite le bout de son nez, car dans trois semaines on part direction Shetland, yihaa! J’ai vraiment beaucoup trop hâte. 🙂
See ya!

Scot18#11 Souvenirs de Mull

Bonjour!
C’est reparti pour la suite de la rétrospective écossaise 2018. Aujourd’hui, je vous montre les dernières photos de Mull, notamment celles de mon natel et de mon petit appareil photo.

La vue depuis l’entrée du potager

Durant ma semaine de wwoofing à Lochdon, j’ai récolté plein de patates, mais j’ai aussi planté pas mal de trucs, notamment des poireaux, des haricots, du quinoa,…

J’ai aussi nourri les poules et… les pauvres canes, qui se faisaient carrément intimider et marcher dessus par les poulettes. Il fallait ruser pour qu’il reste des graines pour les canes. Et il fallait aussi être ponctuel, sinon les poules venaient réclamer leur nourriture jusque dans la maison, haha!

L’heure du repas pour les poules!
Des haricots qui poussent gentiment en s’enroulant autour de leur support

Le sol de l’entrée de la maison est décoré de mosaïques créées par de précédents wwoofeurs, avec “Bienvenue” écrit en plein de langues. La famille israélienne a fait une case en hébreu durant mon séjour, puis j’ai aidé Gloria à faire la sienne, en espagnol (il y avait déjà du français, bien entendu). Il ne lui restait que peu de temps avant son départ, donc elle a choisi les pièces et dessiné le motif, puis je me suis occupée de mettre le ciment après son départ. Notre case “Bienvenidos” est celle tout à droite en bas (avec le ciment encore frais et sombre).

Les mosaïques de l’entrée. Fáilte!
Une deuxième vie pour une paire de chaussures de marche

Vivre une semaine sur Mull dans une petite ferme m’a permis de découvrir des aspects de la vie sur l’île qui ne m’avaient pas traversé l’esprit lors de mon premier voyage là-bas. Exemple: il n’y a quasi pas de banque sur Mull! Il y a bien une succursale de Clydesdale Bank à Tobermory, mais c’est tout. Du coup, il y a un bus de la Bank of Scotland qui vient une fois par semaine et fait le tour des villages. J’étais justement à Craignure quand il passait, et il y avait du monde! Martyn, par exemple, ne rate jamais le passage de la banque roulante (haha) car il est payé cash et c’est sa seule opportunité de déposer de l’argent sur son compte. C’est aussi le seul ATM du coin, car celui du pub est cassé depuis un bout de temps. Bref, je n’avais jamais pensé au fait que des banques se déplacent périodiquement dans des coins paumés, mais je trouve ça plutôt cool! C’est en tout cas mieux que de devoir toujours prendre le ferry pour Oban.

“Bringing your bank to you”
La super pochette puffin à pincettes pour étendre le linge.

Les puffins, en Ecosse, c’est un peu les super-héros de l’été. K-way, gants de cuisine, bottes imperméables, parapluie… A l’office du tourisme de Mull, on peut tout trouver avec des motifs macareux!

Des rangées de plants de patates
La blague de la cuisine

Il y avait une super bibliothèque bien fournie dans la salle à manger, avec des livres sur absolument tout et rien: jardinage, tricot, histoire,… J’ai trouvé un livre de dessin pour apprendre à faire plein de noeuds celtiques, il m’a bien servi! Il y avait aussi un énorme livre de poésie à l’allure de vieux grimoire trop beau:

Pour la première fois de ma vie, j’ai aussi fait mon propre pain toute seule, héhé! J’ai eu pas mal l’occasion de cuisiner durant ce wwoofing, et surtout de bien manger (Martyn nous a concocté des petits plats délicieux, dont un haggis végétarien que j’ai déjà refait plusieurs fois ici!). Je suis aussi repartie avec une super recette de beurre vegan.

Mes petits pains
A la chasse aux patates!

Au bord de la route, juste devant la ferme, on vendait des patates en self-service, ainsi que des oeufs de cane et, parfois, des herbes aromatiques. Parfois, en bossant dans le jardin, j’entendais le tintement des pièces de monnaie qui tombaient dans la tasse, héhé.

Un bonhomme patate, et Gloria en arrière-plan

Martyn portait un kilt pour bosser au château, et l’un des fils, guide de voyage, en porte aussi un pour son travail, alors lorsqu’il est venu sur Mull, ça faisait plein de kilts qui séchaient dans la maison, haha! Ça donnait une touche bien écossaise à l’escalier. ^^’

Je rencontrais toutes sortes de bêtes en travaillant dans le jardin. Il y avait notamment des souris qui se cachaient sous les toiles de protection des patates, mais aussi des crapauds et des papillons de nuit tout fluffy!

L’allée menant à la maison

Lors d’un après-midi de congé pluvieux, Liz m’a déposée à Craignure. Elle m’avait conseillé une petite balade qui longeait une ancienne voie de chemin de fer dans une forêt. Avant de la commencer, je suis passée à l’office du tourisme et… j’ai craqué. Eh oui, il aura fallu attendre mon troisième voyage en Ecosse pour que j’achète un petit mouton en peluche pour agrandir mon troupeau! Je l’ai appelé Uan, ce qui signifie “agneau” en gaélique écossais… Et il s’est vite réfugié dans la poche de mon sac pour s’abriter de la pluie durant la balade!

Uan 🙂

Durant ma marche sous la pluie, j’ai vu un arbre faisant une grimace, un château, et une boîte aux lettres trop stylée encastrée dans un mur de pierre.

Uan sur le rebord de la fenêtre à Mo Dhachaidh

Un soir, je suis allée me poser au bord de la rivière après le pont de pierre pour dessiner. La lumière était splendide et j’ai vu un couple de limicoles non identifiés voler au-dessus de l’eau. Entre deux va-et-vient, ils se posaient sur un rocher proche avant de repartir en criant.

La vue depuis la chambre de Gloria

Puis le moment du départ est arrivé. Les deux derniers jours, j’étais la seule wwoofeuse restante à Mo Dhachaidh, mais l’ambiance était très sympa: repas concoctés par Martyn, soirée documentaire dans le salon, ramassage de patates,…

Le dernier matin, Liz m’a conduite à Craignure et accompagnée au terminal du ferry, puis c’était l’heure de dire au revoir à Mull!
Liz écrit un petit mot pour chaque wwoofeur, en souvenir et en guise de remerciement, et le donne lors du départ. Je trouve que c’est une attention super chouette. Je l’ai lu sur le ferry, sous un ciel très nuageux, en pensant à la fin de mon voyage…

Le phare de Lismore, une île sur laquelle j’ai aussi failli faire du wwoofing
Une dernière vue sur le château de Duart

J’ai débarqué à Oban sous la pluie, j’ai attendu dans un café puis j’ai pris le bus jusqu’à Glasgow et, enfin, le train pour Edinburgh, où j’ai passé un jour et demi avant de rentrer en Suisse.

J’ai encore quelques photos d’Edinburgh à vous montrer, et plein d’images de goodies bébêtes, puis ce sera enfin le moment de vous parler de Madère!
A bientôt! 🙂

Scot18#10 Lochdon

Hello! Je reprends le récit de mes aventures sur Mull l’été dernier, quand j’ai fait du WWOOFing à Mo Dhachaidh.

Lors de mon deuxième jour de congé, j’ai décidé d’aller faire une marche seule le long du Loch Don. Le choix de la marche a été rapide, car malheureusement, sur Mull, c’est très difficile d’accéder aux départs des marches en transports publics. J’aime beaucoup le site Walk Highlands pour choisir mes balades, mais pour le centre de l’île, plus de la moitié n’est pas accessible en bus… Ou alors, ce sont les horaires qui sont très restrictifs. Bref, pour ne pas me compliquer la vie, j’ai décidé d’aller explorer les environs de la ferme et de rejoindre la mer en longeant le Loch Don. Les Allemands rencontrés sur Iona m’avaient raconté qu’ils avaient adoré le coin (mais qu’il fallait faire super gaffe aux tiques), et Gloria l’Argentine m’avait parlé d’un “Secret loch”, qu’elle avait trouvé derrière une colline en suivant un sentier de moutons.

Martyn en route pour Duart Castle

Ce jour-là, c’était le départ de la famille israélienne, donc le début de matinée fut très, très agité. J’attendais que la famille parte pour aller faire ma marche, histoire de leur dire au revoir et aussi car ils voulaient une photo tous ensemble avec Liz et Martyn. C’était assez épique, avec la benjamine qui pleurait et refusait d’enlever les mains de son visage pour la photo. Finalement on a réussi, c’était l’heure des embrassades puis de la course pour aller choper le ferry — Heureusement, Craignure et son ferry terminal se trouvent à seulement 5-10 minutes en voiture de Mo Dhachaidh. Liz y a conduit la famille en plusieurs trajets, car la voiture (électrique, of course) était trop petite pour tout le monde en même temps. ^^

C’était aussi l’un des derniers jours de Gloria, donc elle avait décidé de rester à la maison pour ranger ses affaires. Une fois la maison soudainement calme, je suis donc enfin partie pour ma marche.

Une bonne partie du chemin se fait sur la route (il n’y a aucun sentier ou chemin de randonnée officiel). Ça commence par une jolie petite rue résidentielle au bord du loch. Sur un banc, je trouve même un guide ornitho tout mouillé, abandonné et ouvert à une page de canards.

Le banc des ornithos

Par la suite, la route emprunte un joli pont de pierre avant de grimper sur la colline, avec quelques rares cottages par-ci par-là.

Il y a de l’eau de tous les côtés, avec toujours un loch dans le champ de vision. 🙂
La lumière est fantastique, très changeante. Au fond, je vois des montagnes bleu sombre auxquelles s’accrochent des nuages bien gris, puis tout d’un coup un rayon de soleil illumine un lochan et change complètement l’atmosphère.

Pendant que je marche sur la route, je guette un possible chemin montant jusqu’au sommet de la colline. Gloria m’avait dit qu’elle avait trouvé le loch caché en suivant un sentier d’herbe aplatie. J’ai vite compris qu’il s’agissait d’un chemin tracé par des moutons ou des cerfs, vu que j’ai déjà pas mal d’expérience dans l’art de se paumer en empruntant des sentiers de moutons.

A un moment, j’aperçois effectivement un coin propice pour quitter la route et monter sur la colline. Ça me rappelait beaucoup mes randos avec Lairig, de marcher au pif dans le paysage, vu qu’il n’y a pas toujours de chemins balisés en Ecosse, et qu’il existe un “accès universel aux terres” qui donne le droit de se balader quasi partout du moment qu’on suit les règles (qui relèvent du bon sens) du Scottish Outdoor Access Code.

Bref, je me retrouve gentiment au sommet de la colline. La vue est magnifique: j’observe les allées et venues des ferries, j’aperçois Duart Castle ainsi que le phare de Lismore, une petite île toute proche. De l’autre côté, je ne vois toujours pas le loch secret, par contre une immense étendue de bracken se dresse contre moi. Je veux voir le petit loch, donc je continue quand même, les fougères m’arrivant jusqu’à la poitrine. Je marche les bras levés, et bien contente de porter des vêtements longs… Eh oui, car les fougères représentent un paradis pour les tiques, et j’en ai vu la dose! Mull subit vraiment une infestation de tiques. Liz faisait déjà super gaffe dans le jardin, car elle se faisait régulièrement piquer. Pour ma part, je n’en ai jamais vu dans le jardin, par contre j’ai dû en éjecter/souffler/”pichenetter” plein durant mon escapade dans les fougères et les bois. Hop, une tique sur le pantalon, une autre sur l’appareil photo,…

Duart Castle sur la gauche

Le sol était tapissé de coussins de sphaigne allant du vert au rouge, c’était superbe. Et tellement agréable pour marcher, je me sentais comme sur un petit nuage rebondissant!

Soudain, alors que j’étais occupée à vérifier qu’aucune tique n’essayait de se frayer un chemin jusqu’à ma peau, j’entends un bruissement dans les fougères, à seulement quelques mètres: une biche! On s’est fixées pendant quelques secondes, autant suprises l’une que l’autre par cette rencontre. Puis elle a détalé en de gracieux sauts par-dessus les hautes fougères, s’arrêtant de temps en temps pour vérifier où j’étais.

Le selfie “J’ai vu une biche!”

Une fois la biche disparue, je reprends ma route et voilà, je découvre le “Secret loch” de Gloria! Un petit loch noir, lové dans un creux du paysage. J’ai cherché sur Google au retour pour voir s’il avait un petit nom, mais je n’ai rien trouvé (il n’apparaît même pas dans la version “Plan” de Google Maps).

Entre ma rencontre avec la biche, le vent qui souffle, la course des nuages dans le ciel et un merveilleux sentiment de solitude et de liberté, j’ai l’impression d’être Corrag, dans le livre de Susan Fletcher du même nom. Après la Lost Valley de Glen Coe, me voilà au Secret Loch de Mull!

Depuis la petite crête sur laquelle je me trouve, j’ai une magnifique vue sur les environs. Je vois Mo Dhachaidh, le château, Lismore, des lochs et des montagnes, l’estuaire du Loch Don baigné de lumière…

Le vent souffle de plus en plus fort, et je me sens alors transportée dans Wuthering Heights. Je marche sur une sorte de mini plateau herbeux et croise une sauterelle et une abeille. Je me dis que c’est le moment de gentiment essayer de rejoindre la route. Je sais dans quelle direction elle se trouve, mais pas l’état du terrain pour la rejoindre, j’y suis donc allée au pifomètre.

Je marche un moment dans l’herbe (ça repose, après tout le bracken) avant de retrouver un océan de fougères. Pour me faciliter la tâche, je suis de probables sentiers de cerfs déjà tracés.

Je traverse un coin bien tourbeux et humide avant de rencontrer mes premiers arbres de la balade. Je me retrouve gentiment dans un petit bois clairsemé aux vieux chênes tortueux recouverts de mousse. C’était féérique! La pente devenait de plus en plus raide et je me concentrais pour ne pas glisser quand tout à coup… Tadaa, un cerf! Un magnifique red deer stag. Tout proche, il a fait un bond, a stoppé net et m’a regardée intensément, puis en deux pas il avait disparu. Quelle journée!

Un sol étoilé 🙂

Je n’ai pas de photos de la forêt puisque c’était carrément trop casse-gueule pour crapahuter avec l’appareil à la main. Je m’accrochais aux branches moussues pour ne pas dégringoler, j’ai dû me faufiler sous des troncs à moitié couchés, j’ai emprunté un petit couloir qui devait être un torrent lors des étés moins secs,… Et voilà, tout d’un coup j’aperçois la route à seulement une dizaine de mètres!

J’étais bien contente de mon épopée, mais je crevais de chaud. ^^ Je me suis rendu compte que j’avais passé deux heures à vagabonder dans les collines, et qu’il était déjà 11 h. Je n’ai donc pas traîné et j’ai suivi la route pour rallier Grasspoint, ma destination de la matinée.

En route, je passe devant un superbe troupeau de Highland cattle avec plein de veaux.

Puis j’atteins Grasspoint en suivant un dernier petit sentier herbeux. Je me retrouve au sommet de petites falaises avec une jolie vue sur la côte et le mainland. A mon arrivée, plusieurs oiseaux s’envolent. Décidément, j’en ai surpris des animaux durant cette balade!

Puis j’entreprends de rentrer à Mo Dhachaidh, en restant cette fois-ci sur la route. En 50 minutes, je suis de retour, prête à manger une délicieuse soupe patates-oignons-épinards. Il faut dire que ça va plus vite quand je laisse l’appareil photo dans le sac… 😉 Mais je l’ai tout de même sorti en repassant vers les vaches, car quand même, elles avaient des cornes trop belles!

Et voilà, c’était ma petite marche jusqu’à Grasspoint!
L’après-midi, malgré la pluie, j’ai fait une seconde balade qui partait de Craignure et traversait une petite forêt, longeait une ancienne voie ferrée et passait par un petit château. Je n’ai pas franchement pris de photos vu qu’il pleuvait, mais j’ai encore quelques trucs à vous montrer et raconter sur mon séjour sur Mull, donc attendez-vous encore à un article tout prochainement!

D’ici là, bye bye! 🙂

Scot18#9 Mo Dhachaidh

Bonjour à tous!
C’est parti pour le début du récit de mon deuxième WWOOFing de l’été 2018. Je suis restée une semaine à Lochdon, sur Mull, et j’y ai vécu une expérience très différente de mes précédents séjours dans des fermes. C’est ce que j’adore aussi avec le WWOOFing, il n’y a pas deux aventures pareilles, c’est toujours unique.

Les maisons colorées de Tobermory

Je suis arrivée un matin par bus. Comme d’habitude, je devais descendre à un arrêt bizarre et, comme d’habitude, j’ai failli le rater. Heureusement, je connaissais déjà un peu Mull et je savais plus ou moins où j’allais, donc j’ai pu lancer au chauffeur un “Wait, isn’t that Lochdon?!”, il a planté les freins et m’a laissée descendre au milieu de la route, haha. Au bord de la route, je trouve un petit stand avec des patates, des oeufs et quelques légumes en vente en self-service. A côté, un panneau indiquant “Mo Dhachaidh”, soit le nom de la micro-ferme où j’allais. J’ai appris plus tard que c’est un nom très commun, qui signifie “My home”. J’ai remonté une jolie petite allée de gravier jusqu’à une maison bleue bordée de rangées de légumes.

La ferme bourdonnait d’activité, entre les poules et les canes qui se baladaient et les WWOOFeurs au travail. Eh oui, car je n’étais pas seule à Mo Dhachaidh. Tout d’abord, j’ai rencontré Ohava, une Israélienne qui wwoofe pour la première fois… et en famille! Avec son mari, Dov, et leurs trois filles (dont la plus grande, Noam, avait alors 11 ans).

Puis j’ai fait la connaissance de Liz, la proprio, qui gère le terrain avec son mari, Martyn. Ils ont vécu pendant des années à Oban et rêvaient de trouver une maison avec un grand jardin où cultiver quelques légumes et prendre le temps de faire de l’artisanat (Liz est une pro du tricot). Finalement, il y a cinq ans, ils sont tombés sur Mo Dhachaidh, qui est plutôt une petite ferme, donc le travail de la terre leur prend beaucoup plus de temps que prévu à la base. Lors de ma visite, c’était le premier été où ils essayaient de vraiment vendre leurs produits, donc c’était pas mal stressant pour Liz, surtout qu’elle découvre un peu tout au fur et à mesure, en apprenant sur le tas (et en regardant des émissions de jardinage le soir, grâce auxquelles j’ai d’ailleurs appris plein de trucs). Ça demande un sacré courage, mais je trouve qu’ils se débrouillent super bien!

Liz m’a montré ma chambre puis j’ai aidé à préparer le repas de midi en concoctant mon premier houmous fait maison. Dans la salle à manger, il y avait aussi Gloria, nouvelle wwoofeuse venue d’Argentine, qui pilait du thé vert (Liz vend du matcha sur internet). Après le repas, c’était l’heure de jardiner! J’ai d’abord cueilli de la roquette avec Gloria avant de rejoindre les Israéliens pour préparer de nouveaux “beds” (parterres) et y planter du chou kale, des betteraves et du quinoa. Une fois le travail de la journée terminé, Liz m’a fait visiter le reste de la propriété, derrière la maison. Leur terrain monte jusqu’au sommet d’une petite colline, où se trouve une éolienne. Il y a des arbres fruitiers, des arbres à thé, des framboises et aussi un petit bois. On trouve aussi un petit ruisseau, dont l’eau est utilisée pour l’arrosage. Et bien sûr, le coin des poules et canes.

Ma première soirée à Lochdon a été plutôt spéciale, mais super, super chouette. Liz et Martyn allaient à Tobermory pour manger avec leur fils aîné, qui bosse comme guide touristique et amenait justement des clients sur Mull. Afin de laisser les Israéliens en famille, Gloria a proposé qu’on aille également toutes les deux à Tobermory pour visiter et manger un morceau. J’ai accepté avec plaisir, car j’avais vraiment envie de revoir Tobermory et, aussi, de passer une petite soirée au pub. Eh bien c’était génial, on a passé un super moment et mangé une bonne pizza, ha! Lors du trajet du retour, on a aussi pu admirer un magnifique coucher de soleil.

Le lendemain matin, j’ai été réveillée plus tôt que prévu par un boucan pas possible causé par la famille israélienne. Ils étaient très sympas et je m’entendais bien avec eux mais, il n’y a pas à dire, c’était parfois fatigant, surtout les repas du soir et les crises matinales de la benjamine, Alona (une véritable drama queen).

Puisque j’étais debout tôt, j’en ai profité pour aller me balader sur la colline, au milieu de la mousse et des fougères recouvertes de rosée.

La vue depuis la colline

Après une sympathique journée de jardinage passée en grande partie à planter des haricots (et à trouver des bâtons pour servir de tuteurs) avec Gloria, je suis allée me promener dans les environs en fin d’après-midi, vers le loch Don. Une sculpture de loutre en bois, une petite église perdue dans la forêt, une route déserte longeant le loch,… C’était très sympa, mais vu qu’il était tard je n’ai pas eu le temps d’aller très loin (ce n’était que partie remise), et je suis rentrée pour manger puis continuer un dessin commencé à Ferry Wood.

Les journées à Mo Dhachaidh étaient vraiment chouettes. Je passais bien sûr beaucoup de temps dans le jardin, notamment à ramasser des patates, mais j’avais quand même pas mal de temps libre pour écrire, me balader et dessiner. J’ai d’ailleurs déniché dans la bibliothèque de Liz et Martyn un super livre pour apprendre à dessiner plein de noeuds celtiques différents, alors j’en ai bien profité. J’ai partagé tout mon attirail de papeterie avec les filles aînées de la famille israélienne, donc on passait des heures à bosser ensemble sur nos carnets respectifs. J’ai ainsi appris que Tipp-Ex en hébreu se dit… Tipp-Ex! 😉

J’ai aussi eu l’occasion de beaucoup cuisiner et d’apprendre plein de nouvelles recettes. J’ai fait notamment du pain, du beurre vegan, une soupe de lentilles version argentine,… Et j’ai vraiment bien mangé. Martyn adorait cuisiner le repas du soir et il concoctait des trucs délicieux. Le top du top: du haggis végétarien, avec cranachan en dessert (minus le whisky, pour les enfants ^^). Certains soirs, après le repas, on regardait des documentaires de la BBC. Il y avait bien sûr les émissions de jardinage, mais également une autre, ouvertement indépendantiste, avec une présentatrice écossaise qui allait rendre visite à des nations nordiques ayant davantage d’indépendance que l’Ecosse pour aller glaner des conseils sur comment gagner en autonomie. J’ai vu les épisodes sur l’Islande et les Îles Féroé, c’était pas trop mal.

Le dimanche, on avait congé, et il y avait une démonstration de cornemuse et de danse écossaise à Duart Castle, un château pas loin où bosse Martyn à temps partiel comme guide. On a décidé d’y aller avec Ohava et Gloria. Comme les transports publics, sur Mull, ce n’est pas trop ça, on y est allées à pied. Heureusement, les routes ne sont pas trop fréquentées, donc c’était assez tranquille.

Jusqu’ici, je n’avais vu le château que depuis le ferry, donc ça m’a fait vraiment plaisir d’aller y jeter un coup d’oeil de plus près. Duart Castle appartient au clan MacLean, et le laird (le chef de clan, en gros) et sa famille habitent encore dedans. Du coup c’est assez drôle de le visiter, il y a plein de photos de famille au mur, des portraits, et les petites filles qui jouent dans la cour. Bien sûr, la partie réellement habitée ne se visite pas, mais ça doit quand même être bizarre d’avoir des touristes chez soi. Il doit aussi faire pas mal froid, car ça n’a pas l’air évident à chauffer. Et à entretenir, un cauchemar. Le clan est d’ailleurs toujours à la recherche de dons pour les nécessaires travaux.

Un autre château en chemin, d’un autre style, plutôt manoir: Torosay castle

Un château entouré de brume et des moutons… Il ne manquait qu’un joueur de cornemuse en kilt pour faire plus écossais! 😉

J’adore ce côté mystique qu’apporte le brouillard. Je voyais les nuages envelopper la colline et se déplacer à toute vitesse (pour des nuages, on s’entend), comme un dragon tranquille ondulant dans le paysage.

On s’est chopé un peu de bruine durant la marche, mais rien de bien grave. On est arrivées un peu tôt pour la musique et la danse, donc on a mangé au petit tea-room/boutique du château. Je me suis offert un délicieux coffee cake au glaçage de OUF en dessert. Oh yum. Vive les cakes British!

Puis on a visité le château. A 13h30, il y avait la démonstration dans la cour. Le Mull and Iona Pipe Band nous a offert un concert bien sympa. C’était très intergénérationnel, très cool. Les joueurs de tambour font tourner des petits pompons en laine colorée entre chaque coup, c’est marrant. Et un jeune garçon a fait un solo de cornemuse incroyable, il était vraiment doué!
Puis on a eu une démonstration de Scottish Country Dance. Je me réjouissais, puisque j’en ai fait durant mon semestre à Aberdeen et que j’adorais. J’ai été surprise de voir que les danseuses étaient des filles super jeunes, mais qu’est-ce que c’était chou!

Une fois les démos finies, on a fini la visite du château. Depuis le dernier étage, on a une belle vue sur la baie, pour regarder les allées et venues des ferries. A marée basse, on aperçoit aussi le “Lady’s rock”, un rocher auquel un des précédents chefs de clan (il y a fort longtemps) avait attaché sa femme pour qu’elle se noie, car elle ne lui avait pas donné d’héritier. Sauf qu’elle a réussi à s’échapper, alors que le mec allait annoncer sa mort partout en se trimballant un cercueil vide. Bref, une histoire très romantique.

Puis on est rentrées à Lochdon, après un jour de congé bien rempli! J’ai bien sûr encore plein de trucs à raconter, mais c’est l’heure d’aller dormir. 😉

Je vous laisse avec cette photo de Martyn qui part au boulot, avec son kilt. 😉
A bientôt pour le prochain épisode